Le développement rapide de la téléphonie mobile et de l’internet haut débit, deux choix fondamentaux de l’ancien régime, ont beaucoup contribué à sa chute. Par Ali Ben Mabrouk
Anatole France disait: «La jeunesse a cela de beau qu’elle peut admirer sans comprendre». Chez nous la jeunesse, obnubilée par l’effet de l’internet, est tombée sous le charme de cette découverte, elle a très vite compris sa puissance, elle l’a tout de suite adopté et elle en a tiré le meilleur profit.
L’internet en Tunisie a connu son apogée vers la fin des années 90, en même temps que la téléphonie mobile. L’ancien gouvernement tunisien l’a vite adopté car ce joyau de l’informatique assurait des rentrées d’argent considérables. Le premier bénéficiaire fut Tunisie Télécom qui a réalisé les meilleures recettes grâce au tout début du lancement du portable et, par la suite, par l’introduction de l’Adsl. Celui-ci a permis à l’opérateur historique de voir les factures trimestrielles minimales de ses abonnés au téléphone fixe passer de 8,600 à 53,350 dinars.
Une quête de liberté
L’Adsl a permis aussi aux fournisseurs d’internet comme Planet, Globalnet, Topnet, Hexabyte et Tunet de tirer le meilleur gain possible et ce n’est pas un hasard si les proches de l’ancien président déchu se sont emparés de ce secteur juteux. Il est vrai que le prix d’accès à l’internet a été revu à la baisse. En revanche, le nombre des internautes abonnés à l’Adsl a vertigineusement grimpé, ce qui a causé la fermeture de plusieurs publinets et la perte de nombreux postes d’emploi.
L’on peut s’interroger sur les aspects qui attirent tant les jeunes vers l’internet, et leur engouement pour le chat et la navigation. Cette sensation de pouvoir voyager d’un pays à l’autre sans avoir eu à demander un visa d’entrée, le premier obstacle majeur qui empêche les jeunes de découvrir les horizons lointains.
C’est aussi la quête de liberté et d’affermissement de soi qui motive cette fuite dans la Toile. Désormais le monde est devenu accessible grâce la magie d’un clic sur le clavier et les images peuvent passer d’un portable à un autre rien qu’en appuyant sur une touche.
L’internet a aussi l’avantage d’être accessible à tous les niveaux, on n’a pas besoin d’être bardé de diplômes pour pouvoir naviguer. Au contraire, l’internet a largement contribué à la formation et l’initiation des internautes aux différentes technologies de la communication. Une fois attrapé le virus de l’internet tous les internautes deviennent des accros à cet outil et ne cessent d’apprendre et de se cultiver de jour en jour.
Percer la chape de plomb
Des termes comme Facebook, Twitter, Youtube… ne sont connus que par les internautes communiquant entre eux. C’est un nouveau langage que les jeunes férus de nouvelles expressions maîtrisent. Grâce à ces différents réseaux, les internautes peuvent véhiculer des messages appuyés par des bandes vidéo. C’est ainsi que les tristes évènements de Sidi Bouzid sont parvenus à tous les Tunisiens et à toutes les chaines de télévision à travers le monde. Des preuves à l’appui que le gouvernement tunisien de l’époque ne pouvait pas démentir.
C’est grâce à ce moyen révolutionnaire de communication que les jeunes tunisiens sont arrivés à percer la chape de plomb que l’ancien régime avait posé sur le pays. Ils ont largement aidé à mettre fin au règne de Ben Ali, qui a misé sur la jeunesse et l’internet. On peut affirmer qu’il n’a, en fin de compte, pas perdu son pari mais il est sorti vaincu car il n’a pas estimé à sa juste valeur la portée explosive de cette combinaison : jeunesse et internet.