Mohamed Hédi Soltani écrit de Pékin – La diplomatie de la Tunisie nouvelle a besoin revaloriser sa tradition diplomatique nationale et de son recentrage pour épouser les contours de la géostratégie actuelle.
Avant de se livrer à une méditation sur cette question, il me semble utile de faire la distinction entre diplomatie et politique étrangère même si elles sont étroitement liées, complémentaires et indispensables l’une à l’autre. La politique étrangère correspond aux choix stratégiques et politiques des plus hautes autorités de l’État. La diplomatie est la mise en œuvre de la politique étrangère par l’intermédiaire des diplomates.
En consultant le compte rendu de la journée d’information consacrée à la diplomatie de la Tunisie nouvelle du 14 mars et l’article de notre aimable ambassadeur à Canberra, M’hammed Ezzine Chelaifa sur Kapitalis ‘‘Les axes du renouveau de la diplomatie tunisienne’’, j’ai voulu intervenir ici non pour gloser ni pour commenter un tel article rédigé par l’un des meilleurs diplomates tunisiens, dont j’avais eu la chance de travailler sous sa direction, mais plutôt d’apporter ma modeste contribution au débat de plus en plus animé sur la diplomatie tunisienne: sa revalorisation et son recentrage.
Revalorisation - Marginalisés et réduits à un rôle de subalternes, les diplomates tunisiens ont montré un courage et une patience d’ange dans la défense des intérêts de la Tunisie et des Tunisiens frelatés par une bande de soiffards. Revaloriser la diplomatie tunisienne c’est réhabiliter les diplomates tunisiens et leur donner les moyens pour jouer un rôle digne des ambitions de la Tunisie.
Pour délivrer la diplomatie tunisienne des maux qui l’ont «gangrené depuis les années 90», les décideurs de notre politique étrangère doivent œuvrer à réconcilier les diplomates tunisiens, réduits à de simples bureaucrates «scribouillards», avec la diplomatie de défense des intérêts suprêmes de la Tunisie, de défense des principes humanitaires de l’égalité, de la justice et des droits de l’homme. Et pour réussir cette mission, il faut fournir aux diplomates et à la diplomatie tunisienne l’outil diplomatique dont je laisse aux décideurs le soin de déterminer son contour.
Recentrage – Le rayonnement d’un pays repose aujourd’hui sur une batterie de bons indicateurs économiques. L’économie est devenue l’un des champs majeurs de l’activité diplomatique. De ce fait, il n’y a plus guère de diplomatie qui ne soit, de près ou de loin, économique avec, toutefois, une finalité politique.
Les contours de notre politique étrangère tels que tracés depuis l’indépendance est une réalité à admettre et à respecter. Reste que le monde de demain se forge en Asie qui continue à être le moteur de la croissance économique mondiale.
Il est vrai que nos échanges sont à 80 % avec l’Union européenne (UE). Il est vrai aussi que ce partenaire privilégié de la Tunisie, empêtré dans une crise de la dette sans précédent l’année dernière, a cherché à trouver son salut en Asie. Il faut donc en tirer les leçons en termes de recentrage et de redéploiement de la diplomatie nationale.