Je vous écris faute de vous rencontrer dans un violent désir de vous parler, juste de parler.
Je ne sais si je dois vous haïr ou vous aimer mais ce dont je suis sûre c’est que le jour de votre nomination, j’ai applaudi ce choix.
Je vous savais de la vieille école, avancé dans l’âge, ce qui aurait pu me rebuter mais, dans l’actualité de notre pays, la sagesse des aînés peut nous profiter.
J’ai regardé vos interventions télévisées; j’ai adoré vos plaisanteries, vos tirs franc-parler.
J’ai été spectatrice du départ des gens de la Kasbah 2 qui s’est fait non sous la matraque et la lâcheté mais sous votre gouverne dans la fête, le savoir-faire et la diplomatie.
J’ai accroché comme beaucoup de Tunisiens pacifiques et sans heurt mes espérances au rythme de vos commandes.
Je n’ai pas l’habitude de la politique ni des grandes décisions et pourtant je me sens dans le besoin d’intervenir comme la plus ordinaire des citoyennes et vous écrire.
Monsieur le Premier ministre, je voudrai juste vous parler de nos attentes et de nos revendications.
Je voudrai vous de mander à vous, qui êtes prêté aux gouvernes de ce pays pour le ramener à bon port, de ne pas laisser les manipulateurs usurper la sainte révolution.
Je comprends que votre mission soit un cadeau empoisonné mais ne faisons pas de nos paupières des portes hostiles qui ne racontent pas.
Je réalise combien vos pas sont spastiques sur des stratégies minées d’obstacles, de rébus, de compromis mais la responsabilité est votre choix.
Je me surprends aussi à penser qu’il est raisonnable des fois de sacrifier la brebis pour sauver le troupeau.
Je me surprends aussi à ne plus supporter ce silence qui stérilise la scène politique et qui donne l’affreuse impression que le gouvernement fait alliance encore avec les démons.
Je me surprends aussi à trembler lorsque les gens de la Kasbah 3 ont pris la route pour le sit-in car je ne veux point douter de votre foi et de votre bonne volonté.
Je sais aussi combien le sit-in peut être manipulé, mal interprété et surtout disgracié, mais là, il ne s’agit plus de jérémiades ni de plaintes hystériques mais de familles, de mères de martyrs morts pour vous et pour moi.
Plus de deux mois et le crime qui a ôté la vie à leurs enfants est encore dans l’impunité.
Je comprends que la voix du chantage vous révulse et amène au bras de fer, moi aussi d’ailleurs, mais ce sit-in est le seul moyen pacifique de pleurer leurs enfants.
Je ne défends ni la violence ni les débordements mais je ne puis accepter de dédouaner tous les actes.
Je ne puis non plus cautionner ce silence car il nous dresse les uns contre les autres.
Je ne puis non plus supporter la politique des étapes à la bourguibienne, car elle travestit la vérité.
Vos mains semblent propres, votre passé également, alors pourquoi buter comme un puceau sur sa vierge.
Le peuple ne veut plus ramper sous sa peau; il ne souffre plus les tensions. Il ne veut plus ignorer ce que des hommes sans visage ont fait, font et feront. Il réclame justice et vérité. L’urgence est la vérité, aux procès.
S’il vous plait, sortez parlez-leur, vous qui le faites si bien.
S’il vous plait, ramassez-nous et faîtes de notre patrie un peuple exemplaire.
S’il vous plait, expliquez-nous, dites-nous la vérité sur les tueries, les snipers, et croyez-moi, nous comprendrons et nous vous suivrons.
Nos morts ont besoin de linceuls, de belles sépultures et d’un sanctuaire.
Nous vous implorons de venir au premier rang, de nous tenir la main, de rester
avec nous pour les pleurer et prier.
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Je ne sais si je dois vous haïr ou vous aimer mais ce dont je suis sûre c’est
que le jour de votre nomination, j’ai applaudi ce choix.
Je vous savais de la vieille école, avancé dans l’âge, ce qui aurait pu me
rebuter mais, dans l’actualité de notre pays, la sagesse des aînés peut nous
profiter.
J’ai regardé vos interventions télévisées; j’ai adoré vos plaisanteries, vos
tirs franc-parler.
J’ai été spectatrice du départ des gens de la Kasbah 2 qui s’est fait non sous
la matraque et la lâcheté mais sous votre gouverne dans la fête, le savoir-faire
et la diplomatie.
J’ai accroché comme beaucoup de Tunisiens pacifiques et sans heurt mes
espérances au rythme de vos commandes.
Je n’ai pas l’habitude de la politique ni des grandes décisions et pourtant je
me sens dans le besoin d’intervenir comme la plus ordinaire des citoyennes et
vous écrire.
Monsieur le Premier ministre, je voudrai juste vous parler de nos attentes et de nos revendications.
Je voudrai vous de mander à vous, qui êtes prêté aux gouvernes de ce pays pour le ramener à bon port, de ne pas laisser les manipulateurs usurper la sainte révolution.
Je comprends que votre mission soit un cadeau empoisonné mais ne faisons pas de nos paupières des portes hostiles qui ne racontent pas.
Je réalise combien vos pas sont spastiques sur des stratégies minées d’obstacles, de rebus, de compromis mais la responsabilité est votre choix.
Je me surprends aussi à penser qu’il est raisonnable des fois de sacrifier la
brebis pour sauver le troupeau.
Je me surprends aussi à ne plus supporter ce silence qui stérilise la scène
politique et qui donne l’affreuse impression que le gouvernement fait alliance
encore avec les démons.
Je me surprends aussi à trembler lorsque les gens de la Kasbah 3 ont pris la
route pour le sit-in car je ne veux point douter de votre foi et de votre bonne volonté.
Je sais aussi combien le sit-in peut être manipulé, mal interprété et surtout
disgracié, mais là, il ne s’agit plus de jérémiades ni de plaintes hystériques
mais de familles, de mères de martyrs morts pour vous et pour moi.
Plus de deux mois et le crime qui a ôté la vie à leurs enfants est encore dans l’impunité.
Je comprends que la voix du chantage vous révulse et amène au bras de fer, moi
aussi d’ailleurs, mais ce sit-in est le seul moyen pacifique de pleurer leurs
enfants.
Je ne défends ni la violence ni les débordements mais je ne puis accepter de
dédouaner tous les actes.
Je ne puis non plus cautionner ce silence car il nous dresse les uns contre les
autres.
Je ne puis non plus supporter la politique des étapes à la bourguibienne, car elle travestit la vérité.
Vos mains semblent propres, votre passé également, alors pourquoi buter comme un puceau sur sa vierge.
Le peuple ne veut plus ramper sous sa peau; il ne souffre plus les tensions.
Il ne veut plus ignorer ce que des hommes sans visage ont fait, font et feront.
Il réclame justice et vérité.
L’urgence est la vérité, aux procès.
S’il vous plait, sortez parlez-leur, vous qui le faites si bien.
S’il vous plait, ramassez-nous et faîtes de notre patrie un peuple exemplaire.
S’il vous plait, expliquez-nous, dites-nous la vérité sur les tueries, les
snipers, et croyez-moi, nous comprendrons et nous vous suivrons.
Nos morts ont besoin de linceuls, de belles sépultures et d’un sanctuaire.
Nous vous implorons de venir au premier rang, de nous tenir la main, de rester
avec nous pour les pleurer et prier.
Lettre ouverte au Premier ministre Béji Caïd Essebsi
Lilia Bouguira écrit – Dans cette lettre ouverte au Premier ministre, l’auteure implore Béji Caïd Essebsi à rompre le silence, à dire les mots qui calment et à prendre les décisions que tous les Tunisiens attendent.
Je vous écris faute de vous rencontrer dans un violent désir de vous parler, juste de parler.Je ne sais si je dois vous haïr ou vous aimer mais ce dont je suis sûre c’est
que le jour de votre nomination, j’ai applaudi ce choix.
Je vous savais de la vieille école, avancé dans l’âge, ce qui aurait pu me
rebuter mais, dans l’actualité de notre pays, la sagesse des aînés peut nous
profiter.
J’ai regardé vos interventions télévisées; j’ai adoré vos plaisanteries, vos
tirs franc-parler.
J’ai été spectatrice du départ des gens de la Kasbah 2 qui s’est fait non sous
la matraque et la lâcheté mais sous votre gouverne dans la fête, le savoir-faire
et la diplomatie.
J’ai accroché comme beaucoup de Tunisiens pacifiques et sans heurt mes
espérances au rythme de vos commandes.
Je n’ai pas l’habitude de la politique ni des grandes décisions et pourtant je
me sens dans le besoin d’intervenir comme la plus ordinaire des citoyennes et
vous écrire.
Monsieur le Premier ministre, je voudrai juste vous parler de nos attentes et de nos revendications.
Je voudrai vous de mander à vous, qui êtes prêté aux gouvernes de ce pays pour le ramener à bon port, de ne pas laisser les manipulateurs usurper la sainte révolution.
Je comprends que votre mission soit un cadeau empoisonné mais ne faisons pas de nos paupières des portes hostiles qui ne racontent pas.
Je réalise combien vos pas sont spastiques sur des stratégies minées d’obstacles, de rebus, de compromis mais la responsabilité est votre choix.
Je me surprends aussi à penser qu’il est raisonnable des fois de sacrifier la
brebis pour sauver le troupeau.
Je me surprends aussi à ne plus supporter ce silence qui stérilise la scène
politique et qui donne l’affreuse impression que le gouvernement fait alliance
encore avec les démons.
Je me surprends aussi à trembler lorsque les gens de la Kasbah 3 ont pris la
route pour le sit-in car je ne veux point douter de votre foi et de votre bonne volonté.
Je sais aussi combien le sit-in peut être manipulé, mal interprété et surtout
disgracié, mais là, il ne s’agit plus de jérémiades ni de plaintes hystériques
mais de familles, de mères de martyrs morts pour vous et pour moi.
Plus de deux mois et le crime qui a ôté la vie à leurs enfants est encore dans l’impunité.
Je comprends que la voix du chantage vous révulse et amène au bras de fer, moi
aussi d’ailleurs, mais ce sit-in est le seul moyen pacifique de pleurer leurs
enfants.
Je ne défends ni la violence ni les débordements mais je ne puis accepter de
dédouaner tous les actes.
Je ne puis non plus cautionner ce silence car il nous dresse les uns contre les
autres.
Je ne puis non plus supporter la politique des étapes à la bourguibienne, car elle travestit la vérité.
Vos mains semblent propres, votre passé également, alors pourquoi buter comme un puceau sur sa vierge.
Le peuple ne veut plus ramper sous sa peau; il ne souffre plus les tensions.
Il ne veut plus ignorer ce que des hommes sans visage ont fait, font et feront.
Il réclame justice et vérité.
L’urgence est la vérité, aux procès.
S’il vous plait, sortez parlez-leur, vous qui le faites si bien.
S’il vous plait, ramassez-nous et faîtes de notre patrie un peuple exemplaire.
S’il vous plait, expliquez-nous, dites-nous la vérité sur les tueries, les
snipers, et croyez-moi, nous comprendrons et nous vous suivrons.
Nos morts ont besoin de linceuls, de belles sépultures et d’un sanctuaire.
Nous vous implorons de venir au premier rang, de nous tenir la main, de rester
avec nous pour les pleurer et prier.