Faycel Bchir écrit – Le Premier ministre de transition porte les espoirs et les aspirations des Tunisiens. Pourvu qu’il ne les déçoit pas.
Monsieur Béji, vous avez eu notre préjugé favorable. Nous vous avons signé un chèque presque en blanc… Vous êtes un revenant de l’ancien régime. Vous êtes l’homme qui a su dire non à Bourguiba quand il était au faîte de sa gloire. Vos mains n’ont pas été salies par le régime de Ben Ali.
Le peuple tunisien a, aujourd’hui, entre les mains, un beau bébé qui s’appelle révolution. Il est fragile et nous ne voulons pas le perdre. C’est un beau rêve. Après cinquante ans de torture morale, le peuple tunisien mérite de réaliser son rêve et de voir grandir enfin ce beau bébé qui a été avorté plusieurs fois.
Le limogeage de Farhat Rajhi, ministre préféré des Tunisiens, du ministère de l’Intérieur, sans aucune explication de votre part, ou une explication ambiguë, a été perçu comme une très mauvaise nouvelle.
Magouille? Mystère? Silence? Langue de bois?
Quel programme sournois prépare-t-on en coulisses? Quel plan diabolique a été mis en marche par des forces occultes et souterraines?
On s’interroge. On a peur. Et on s’inquiète. Les Benalistes sont de retour? Les Rcdistes se vengent? Les extrémistes de tous bords se réveillent ? Jerad est toujours sur son siège. Et les Trabelsi courent toujours…
Où va la Tunisie? Qui gouverne réellement? C’est vous, sans doute. Vous avez affirmé dans votre dernière conférence de presse être le seul maître à bord. On aimerait tant vous croire. Mais il y a tellement d’ambiguïtés et de mystères autour de certaines décisions que nous en doutons parfois.
Notre président intérimaire a annoncé un programme politique, populaire et démocratique. Mais est-ce que les échéances vont être respectées? Est-ce que les élections vont être transparentes et démocratiques? Mais où va-t-on? La Kasbah 3 est déjà là et, au menu, des bombes lacrymogènes.Du sang coulera-t-il encore?
Les Tunisiens veulent une justice indépendante et une presse libre et ils aspirent à une vie politique saine et digne? Est-ce que c’est trop demander? Est-ce que nous ne méritons pas cela?
Y aura-t-il un suivi des affaires en suspens? Verra-t-on des procès publics de ceux qui ont volé, menti, terrorisé, torturé et tué? L’argent des Tunisiens leur sera-t-il restitué?
Nous disons à notre Premier ministre: vous portez nos espoirs et nos aspirations. Ne nous décevez pas. Ne gaspillez pas ce capital-confiance que nous avons investi en vous. Il y va de notre avenir et de celui de notre cher pays. Il y va aussi de votre image et de votre histoire.
Merci beaucoup, monsieur le Premier ministre. Bonne chance et bon travail.
Veuillez agréer l’expression de notre attente sincère et de nos espoirs légitimes.