La dynamique révolutionnaire enclenchée un certain 14 janvier 2011 se doit d’instituer une rupture franche et irrévocable avec un bilan historique nettement en-deçà des attentes des générations révolues, actuelles et en devenir.
Sans aller jusqu’à renier les acquis majeurs de l’œuvre nationale de développement entreprise depuis son Indépendance politique en 1956, la Tunisie accède, désormais, à une étape chargée de défis, politiques, civils, culturels, sociaux et économiques.
Les ambitions et attentes, également, sont et doivent être à la mesure des défis. La mise en œuvre d’un processus civil de restitution au citoyen tunisien de son statut d’acteur de son destin politique et social, notamment dans les territoires marginalisés de la république, en est une.
Pour cela, une mission s’impose: renforcer la capacité de la société civile tunisienne à soutenir les attentes du peuple lors de sa révolution «Dignité et Liberté»: justice sociale et développement territorial équitable.
La diaspora tunisienne à Bruxelles au service de la patrie
Des Tunisiens issus de milieux divers (syndicalistes, universitaires, médecins, avocats, professionnels, enseignants…) ont bien saisi le besoin émergent de contribution civile active au processus de rupture visant à instaurer les jalons d’une société équitable et prospère dans leur pays.
Ils viennent de répondre à une initiative d’engagement civil lancée par des compatriotes de la diaspora en Belgique: constitution d’une Ong de droit belge, Association de sauvegarde des acquis de la révolution du peuple tunisien «Dignité, Développement & Démocratie en Tunisie».
Ses initiateurs, Dr M. Ben Chibani et Dr A. Ben Soltana, sont connus pour leur engagement en faveur d’un développement local participatif en Tunisie.
Dans sa « charte » débattue et déclarée lors du congrès constitutif tenu à Bruxelles (19 mars 2011) en présence de plus d’une trentaine de membres fondateurs venus de Tunisie, Hollande, Canada et France et autres invités, «DDD» sa vocation socio-économique et solidaire envers les régions tunisiennes souffrant d’un chômage chronique est hautement proclamée.
Vers une rupture civile démocratique en région
Aussi, l’engagement de «DDD» en Tunisie se trouve pleinement motivé par un constat largement partagé inspiré par une lecture critique du bilan historique de l’œuvre de développement socio-économique: un pouvoir décisionnel politique et économique – trop – centralisé ayant engendré un déficit chronique de «bonne gouvernance» des affaires publiques nationales et locales!
C’est bien la lacune fondamentale ayant caractérisé le dispositif et le management des politiques publiques tunisiennes.
Le déficit incriminé est encore plus visible et perceptible au palier régional et local où l’autorité publique, nommée par l’Etat, agit sans être redevable de ses décisions, actes et résultats.
En régions tunisiennes, les pratiques despotiques de management des ressources (économiques, humaines, civiles…) l’ont tout le temps emporté sur le comportement démocratique reposant sur la concertation et participation effective de l’ensemble des acteurs institutionnels locaux aussi bien étatiques que civils, représentatifs de la mosaïque socioprofessionnelle locale.
Aussi, l’exclusion, tant subtile qu’explicite, des forces vives civiles et politiques de la sphère consultative, délibérative et décisionnelle a toujours été une autre pratique «institutionnalisée» de «maîtrise» de la situation politique et sociale locale!
Il en découle un développement économique exclusif ayant peu bénéficié à l’ensemble des citoyens, des communautés rurales et, donc, aux régions tunisiennes.
Le processus de rupture engendrée par la révolution «Dignité et Liberté» exige d’engager une œuvre civile qui soit favorable à un développement inclusif, économiquement et socialement.
D’où la mission dont se propose d’accomplir «Dignité, Développement
& Démocratie» en Tunisie: soutien aux forces vives civiles locales dans leurs démarches de promotion d’un entrepreneuriat social et économique générateur d’emplois aux jeunes chômeurs, notamment les diplômés de l’université souffrant d’un chômage chronique.
Soutien à l’éclosion de l’entrepreneuriat local
L’initiative productive et son corollaire l’emploi demeurent la condition d’une véritable participation citoyenne à toute œuvre de développement local. Elles correspondent de ce fait à la condition de dignité du jeune chômeur tunisien.
La démarche «DDD» de soutien à l’éclosion de l’entrepreneuriat social et économique local reposerait sur des principes inspirés de bonnes pratiques d’action régionale mises en œuvre en Tunisie et ailleurs dans le monde, à la lumière d’expériences menées dans le cadre d’initiatives de Coopération internationale décentralisée, Tunisie-Union européenne (UE) notamment:
- participation effective et démocratique des acteurs locaux, sociaux, économiques et civils ainsi que les catégories sociales ciblées par l’action «DDD» (jeunes chômeurs, femmes…), au cycle de projet (identification, appréciation, financement et Suivi-Evaluation…) et à l’insertion sociale à entreprendre en régions-cibles;
- durabilité des impacts escomptés (emplois, projets…) de la mise en œuvre des projets productifs et autres actions de développement socioculturel à retenir pour financement «DDD»;
- appui au travail autonome (métiers, services de proximité…);
- valoriser le potentiel productif local (naturel, culturel, économique, humain…) en misant sur les niches prometteuses pour l’entrepreneuriat (tourisme vert et culturel, services de proximité, télé-services…);
- capitaliser les savoirs, savoir-faire et qualifications professionnelles locales dans des projets valorisant du statut des jeunes tunisiens, notamment en régions prioritaires;
- financer conjointement des projets à retentir en associant les sources de la coopération internationale décentralisée (régions et villes de l’UE, Ong nationales et internationales…);
- pilotage civil concerté et accompagnement partenarial des interventions «DDD» en régions tunisiennes;
- capitaliser les bonnes pratiques d’insertion de porteurs de projets dans le circuit productif local ainsi que d’autonomisation des femmes (artisanes…) et de soutien aux professionnels de métiers de proximité communautaire (santé, services à l’enfance…) initiées et mises en œuvre par des institutions publiques de développement communautaire en milieux rural et périurbain et d’insertion;
- capitaliser les travaux d’études territoriales et thématiques réalisées en vue d’identifier des opportunités et créneaux d’affaires en région à entreprendre par les jeunes diplômés,
Les projets éligibles au soutien «DDD» s’inscrivent, donc, dans le champ à la fois économique et social. Outre un bureau à ouvrir à Tunis, un site web dont le contenu est en cours d’élaboration est prévu afin de conférer une visibilité conséquente à la mission d’une pareille initiative civile.
* Economiste de développement, membre - co-fondateur DDD Tunis, Tunisie.