Fathi B’Chir* écrit- Notre confrère et ami, journaliste tunisien basé à Bruxelles, en Belgique, nous a fait parvenir ce commentaire à propos de la publication par Kapitalis de la ‘‘Lettre des fils d’Abdelwaheb Abdallah’’.
Bonjour Ridha
Tu t’es posé la question: publier ou non la lettre des fils Abdallah et tu as bien fait de la mettre dans tes pages. Professionnellement et déontologiquement, l’acte est irréprochable et tout à ton honneur. Car, nul n’a le droit d’être privé de la liberté de défense de ses droits, de sa liberté d’expression même pour les personnes les plus contestables. Et l’honneur est d’exercer son métier quelles que puissent être les inclinations personnelles.
«Porteurs de valise» asservis à «celui qui est debout»
Si j’étais en fonction à Tunis, je chercherais à passer de longues heures avec lui – et même, pourquoi pas aussi, avec Ben Ali – pour l’interviewer, l’entendre dévoiler un dessous des cartes que certains voudraient bien occulter. L’écriture de l’histoire commence, modestement, par nos articles.
Nous avons un devoir de mémoire qui n’a rien à voir avec le positionnement politique de ceux qui briguent un fauteuil, une chaise ou même un strapontin dans l’édifice en reconstruction, les «porteurs de valise» toujours asservis à «celui qui est debout». En sera-t-il toujours ainsi? Hélas, tout porte à le croire au vu de la pièce en quelques actes qui se joue sur la scène tunisoise. La machine est lancée, saurons-nous la gripper avant qu’elle nous replonge dans une nouvelle décennie grise?
Abdelwaheb Abdallah (AA), pour l’essentiel de son «œuvre», mérite plus un jugement politique que judiciaire (pour ce que l’on sait, mais laissons la machine judiciaire faire son travail pour le reste, le non encore révélé et qu’ignorent ceux qui n’ont pas fait partie du sérail). Mais pour un AA arrêté, combien de gens, illustres et moins illustres, ne se pavanent-ils pas aujourd’hui dans les allées du pouvoir en reconstitution alors que leurs noms peuvent être facilement associés aux périodes sombres de l’histoire récente? Combien de ses profiteurs impénitents ne s’efforcent-ils pas aujourd’hui d’endosser les habits de la victime?
La «bendirologie», un art majeur des Tunisiens
Y compris depuis 1956. Souvenons-nous de ceux qui dans les années ’70 fustigeaient les démocrates, commandaient les «Bop» casseurs de tête, montaient en mayonnaise le culte de la personnalité qui a dévoré les aspirations démocratiques de notre peuple, détourné ses énergies au profit d’un nationalisme de bazar, d’une souveraineté de parade. Ils avaient reporté tout leur savoir-faire de zélateurs au lendemain du 7-Novembre pour encenser le nouveau maître, le servir avec autant de zèle, repeindre leurs biens au ton mauve de la servilité et de l’indignité. La «bendirologie» est un des arts majeurs tunisiens. Nous l’avions en commun avec l’Albanie d’Enver Xoja, la Roumanie de Ceaucescu et l’Irak de Saddam Husseïn, entres autres.
Aujourd’hui, les voici transformés en révolutionnaires. Plus révolutionnaires que les jeunes de l’avenue Bourguiba, de Sidi Bouzid, de Kasserine et de Redeyef. À tous ceux-là, les «récupérateurs» patentés, une simple citation : «Abda’a ma takunu el A’ahira endama tatakallam a’ala al-fadhila» (La pire des supercheries: la prostituée qui parle de la vertu). Ceux-là chercheront à nous plonger dans le souvenir d’une ère bourguibienne qui a ses parts d’ombre et de lumière ou dans la référence à une religion qu’ils osent asservir au profit de leur appétit du pouvoir au service de l’étranger, l’internationale wahabbite pour ne pas la citer.
Notre tâche aujourd’hui, en tant que journalistes, est de témoigner, de recueillir tous les témoignages, de contribuer à éclairer la scène, faire ressortir de l’ombre ceux, tapis dans les recoins et aux pratiques opaques, qui cherchent à manipuler l’opinion. Notre tâche est aussi d’éduquer l’opinion, de l’aider à former son jugement sur les gens et les politiques en mettant à sa disposition tous les éléments du puzzle. Soyons didactiques.
À travers ton journal, je souhaiterais lancer un appel à tous les confrères aguerris ou en voie d’écolage professionnel: amassez les témoignages, témoignez. N’ayez aucune retenue mais dans le respect de notre loi suprême: la déontologie, dans l’honnêteté pour dire les choses plus simplement.
Confraternellement
* Journaliste professionnel depuis 1973, spécialisé dans les affaires européennes, particulièrement les relations UE-Méditerranée, UE-Afrique, et animateur du journal en ligne ''MedAfrique''.
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Les fils d’Abdelwaheb Abdallah écrivent à Kapitalis
Pourquoi Kapitalis a donné la parole aux fils d’Abdelwaheb Abdallah?
Journalistes tunisiens, recueillez les témoignages, témoignez!
Fathi B’Chir* écrit- Notre confrère et ami, journaliste tunisien basé à Bruxelles, en Belgique, nous a fait parvenir ce commentaire à propos de la publication par Kapitalis de la ‘‘Lettre des fils d’Abdelwaheb Abdallah’’ http://kapitalis.com/fokus/62-national/3403-les-fils-dabdelwaheb-abdallah-ecrivent-a-kapitalis.html.
Bonjour Ridha
Tu t’es posé la question: publier ou non la lettre des fils Abdallah et tu as bien fait de la mettre dans tes pages. Professionnellement et déontologiquement, l’acte est irréprochable et tout à ton honneur. Car, nul n’a le droit d’être privé de la liberté de défense de ses droits, de sa liberté d’expression même pour les personnes plus contestables. Et l’honneur est d’exercer son métier quels que puissent être les inclinations personnelles.
«Porteurs de valise» asservis à «celui qui est debout»
Si j’étais en fonction à Tunis, je chercherais à passer de longues heures avec lui – et même, pourquoi pas aussi, avec Ben Ali – pour l’interviewer, l’entendre dévoiler un dessous des cartes que certains voudraient bien occulter. L’écriture de l’histoire commence, modestement, par nos articles.
Nous avons un devoir de mémoire qui n’a rien à voir avec le positionnement politique de ceux qui briguent un fauteuil, une chaise ou même un strapontin dans l’édifice en reconstruction, les «porteurs de valise» toujours asservis à «celui qui est debout». En sera-t-il toujours ainsi? Hélas, tout porte à le croire au vu de la pièce en quelques actes qui se joue sur la scène tunisoise. La machine est lancée, saurons-nous la gripper avant qu’elle nous replonge dans une nouvelle décennie grise?
Abdelwaheb Abdallah (AA), pour l’essentiel de son «œuvre», mérite plus un jugement politique que judiciaire (pour ce que l’on sait, mais laissons la machine judiciaire faire son travail pour le reste, le non encore révélé et qu’ignorent ceux qui n’ont pas fait partie du sérail). Mais pour un AA arrêté, combien de gens, illustres et moins illustres, ne se pavanent-ils pas aujourd’hui dans les allées du pouvoir en reconstitution alors que leurs noms peuvent être facilement associés aux périodes sombres de l’histoire récente? Combien de ses profiteurs impénitents ne s’efforcent-ils pas aujourd’hui d’endosser les habits de la victime?
La «bendirologie», un art majeur des Tunisiens
Y compris depuis 1956. Souvenons-nous de ceux qui dans les années ’70 fustigeaient les démocrates, commandaient les «Bop» casseurs de tête, montaient en mayonnaise le culte de la personnalité qui a dévoré les aspirations démocratiques de notre peuple, détourné ses énergies au profit d’un nationalisme de bazar, d’une souveraineté de parade. Ils avaient reporté tout leur savoir-faire de zélateurs au lendemain du 7-Novembre pour encenser le nouveau maître, le servir avec autant de zèle, repeindre leurs biens au ton mauve de la servilité et de l’indignité. La «bendirologie» est un des arts majeurs tunisiens. Nous l’avions en commun avec l’Albanie d’Enver Xoja, la Roumanie de Ceaucescu et l’Irak de Saddam Husseïn, entres autres.
Aujourd’hui, les voici transformés en révolutionnaires. Plus révolutionnaires que les jeunes de l’avenue Bourguiba, de Sidi Bouzid, de Kasserine et de Redeyef. À tous ceux-là, les «récupérateurs» patentés, une simple citation : «Abda’a ma takunu el A’ahira endama tatakallam a’ala al-fadhila» (La pire des supercheries: la prostituée qui parle de la vertu). Ceux-là chercheront à nous plonger dans le souvenir d’une ère bourguibienne qui a ses parts d’ombre et de lumière ou dans la référence à une religion qu’ils osent asservir au profit de leur appétit du pouvoir au service de l’étranger, l’internationale wahabbite pour ne pas la citer.
Notre tâche aujourd’hui, en tant que journalistes, est de témoigner, de recueillir tous les témoignages, de contribuer à éclairer la scène, faire ressortir de l’ombre ceux, tapis dans les recoins et aux pratiques opaques, qui cherchent à manipuler l’opinion. Notre tâche est aussi d’éduquer l’opinion, de l’aider à former son jugement sur les gens et les politiques en mettant à sa disposition tous les éléments du puzzle. Soyons didactiques.
À travers ton journal, je souhaiterais lancer un appel à tous les confrères aguerris ou en voie d’écolage professionnel: amassez les témoignages, témoignez. N’ayez aucune retenue mais dans le respect de notre loi suprême: la déontologie, dans l’honnêteté pour dire les choses plus simplement.
Confraternellement
* Journaliste professionnel depuis 1973, spécialisé dans les affaires européennes, particulièrement les relations UE-Méditerranée, UE-Afrique, et animateur du journal en ligne http://www.medafrique.info.
Lire aussi :
Les fils d’Abdelwaheb Abdallah écrivent à Kapitalis
http://kapitalis.com/fokus/62-national/3403-les-fils-dabdelwaheb-abdallah-ecrivent-a-kapitalis.html
Pourquoi Kapitalis a donné la parole aux fils d’Abdelwaheb Abdallah?
http://kapitalis.com/fokus/62-national/3402-pourquoi-kapitalis-a-donne-la-parole-aux-fils-dabdelwaheb-abdallah.html