Dr Lilia Bouguira écrit – Texte inspiré par l’intox du vitriolage d’une jeune fille au quartier de La Soukra par de soi-disant islamistes, diffusé pour semer le trouble et la terreur.


J’ai encore erré douloureusement dans ma tête.
Mes idées me font mal, mes peaux et mon corps aussi.
Tout est remis sur le tapis: la révolution, le monde, l’actualité de mon pays, le cours des choses et même Bouazizi que j’arrive à détester.
Un flou  amalgame les vérités, les rumeurs tonifient les truands, les méchants. Ils font subitement irruption de nulle part et prêchent la haine, la violence et la folie. Le dément n’est plus celui qu’on interne mais ces hommes qui courent les rues libres et bons-disant.
Il est celui qui braie dans un vrombissement lâche à la zizanie, à la pagaille et à la terreur. Des corpuscules sortis du noir ré-embrigadent nos journées.
Telle une femme gravide, mon pays accouche admirablement dans un terrain miné.
Héroïquement se relève, ramasse ses enfants et se retourne vers le combat.
Suite des couches hémorragiques pour une grossesse à haut risque ou encore parricide et Oedipe?
Pire encore: l’enfant n’est pas Persée?
Il se livre à des jeux macabres, des snipers d’il n’y a pas longtemps aux rapts d’enfants aux appels à la grève aux revendications intempestives aux défigurations violentes des manifestations pacifiques aux viols des légitimités aux rachats de virginités aux enfourchements lâches de la sainte révolution et maintenant à la guerre des gangs.
Une suite plus qu’hémorragique qu’aucun facteur n’arrive à juguler.
Juste un tombeau, un immense caniveau qu’on ouvre à ciel ouvert devant mon pays où ses enfants sont changés en bêtes.
De l’intox ou de l’info, je ne sais plus.
Je suis une mère dont la faute est de trop aimer ses mômes et ce vice fait de moi leurs belles proies. Ils parlent de religion, de retour aux sources, de guerre à l’impie, la dévergondée et la décourtée. Ils me bourrent de rappels à l’ordre, me farcissent de prêches qui d’habitude m’attirent, me dissolvent dans des transes idylliques. La piété, la chasteté, l’amendement, les conseils, les invitations, l’appel à la religion ne font point d’écho hirsute en ma personne mais savent toujours m’amadouer mais ce que je ne puis tolérer ces insurrections contre notre religion. Ces foutues dogmes de violence, ces ordres nouveaux de religiosité me font peur. Un mal être, une sensation d’avoir raté un épisode, une fausse manipulation ou une donne malencontreuse m’habite.
Je bégaie sur les pré-requis, révise mes positions, me cogne, trébuche, saigne mais ne tomberais jamais dans la poigne de cette folie meurtrière.
Jamais je ne marcherai.
Jamais je n'abdiquerai.
Je ne crierai pas non plus «ni pute ni soumise» car ma virginité reste de mes affaires, mon repenti une affaire de Dieu strictement de Dieu.
Mais je répéterai en boucles à la Copernic ou à la simple et pieuse vieille femme du prophète Al Khidr: «Mimouna Taaref Rabbi Ou Rabbi Yaaref Mimouna!» (Mimouna connait Dieu et Dieu connaît Mimouna!)

PS:
Je reviens en post-scriptum non pas pour me rétracter mais pour préciser que l’islamisme, terme assez controversé, est pour moi cette fièvre qui gangrène, foudroie et n’apprend rien hormis la haine de l’autre, de l’étranger, du différent, de l’inconnu et donc enfonce dans les souterrains de l’ignorance, de la dénaturation , de l’exclusion, de la rigidité et de la cruauté. Il se fait de la vérité un détenteur absolu, de la foi un souverain, un intermédiaire, un justicier, se substitue à Dieu et précipite «l’autre» dans le blasphème et l’impiété.
Il y a des amours pire que dans la consanguinité. Ils s’inscrivent dans les registres  de la paranoïa, du délire, du passionnel maladif et du mensonge. Ils se nourrissent d’infects, copulent dans l’inceste et avortent de fanatisme dans un obscurantisme affligeant.
L'islam est sciences et tolérance.
Il est musique et poésie.
Il est création et art qui relève du génie.
L’islam naît dans la lumière, se nourrit de logique, de bien-être et de liberté.
L’islam, le mien et il n’y aura jamais d’autres élève, raccommode, rapproche les berges et nous soude les uns aux autres pour le bien et pour le mal, dans la discorde et dans l’accord, dans la différence.
Oui tellement différents nous sommes car c’est dans notre différence que réside notre richesse!
Oui tellement ambigus, complexes, droits et maladroits, loyaux et déloyaux, imbus et tellement fauteurs car c’est justement pour le péché que le pardon existe!