Ali Ben Mabrouk écrit – S’ils se mettaient un jour dans la peau de leurs concitoyens, les dirigeants arabes sauraient mieux ce qui leur restait à faire.


Si j’étais président de la république, je n’attendrais pas que le peuple se révolte et me lance la fameuse injonction devenue culte dans les pays arabes, «dégage!», pour que je laisse la place aux jeunes qui réclament la liberté et la démocratie dont je me voilais la face. Il est temps de regarder la vérité en face. On a beau voulu croire que le peuple nous soutenait pour assurer la paix et la sécurité dans le pays. Que l’on puisse être le garant de la démocratie et en même temps empêcher les islamistes de participer à la vie politique de la nation. C’était en fait notre unique atout pour rester l’ami éternel des Occidentaux qui prêchent la démocratie chez eux et la réduisent à une chimérique utopie dans nos contrées.
Si j’étais président de la république dans un pays arabe, je n’utiliserais pas l’armée de mon pays ou tout autre force destructive comme les mercenaires pour mater la foule qui crie au scandale et qui en a marre des discours pompeux sur une démocratie qui n’a jamais existé et des propos qui ne trompent plus personne, comme «je vous ai compris» ou la «la parole est au peuple».
Si j’étais président de la république dans un pays arabe, je n’aurais pas fermé l’accès à Internet, entravé la bonne circulation des messages sur Facebook, Youtube ou Twitter et banni les journaux étrangers qui soulèvent des questions pertinentes et se soucient des conditions de vie de la population.
Si j’étais président de la république dans un pays arabe, je n’aurais pas emprisonné les journalistes qui osent critiquer l’action du gouvernement et maltraité les correspondants étrangers qui viennent pour couvrir les événements importants, tels ceux qui donnent naissance à de vrais héros comme Mohamed Bouazizi, qui n’a pas hésité à se donner la mort pour que d’autres puissent vivre dans la dignité.
Si j’étais président de la république dans un pays arabe, je n’attendrais pas jusqu'à la dernière minute pour céder le pouvoir que j’ai tant usurpé et qui me tient à cœur. Je n’irais pas jusqu’au moment où la population s’entredéchirerait et aurait à choisir entre opposants et partisans du régime oppresseur, qui aura déjà causé suffisamment de malheurs et de heurts.
Si j’étais président de la république, je choisirais mon successeur, pas nécessairement mon fils ou mon gendre. Je partirais avant que le peuple ne le réclame, les poches vides, et je vivrais paisiblement avec la retraite  que le gouvernement m’aurait accordée et que j’aurais amplement méritée…
Cette dernière hypothèse, aucun dirigeant arabe, à ce jour, ne s’en est senti concerné. C’est pourquoi tous seront poussé à la porte, peut-être es pieds devant.