Rafik Souidi écrit – Un audit des comptes de la nation est nécessaire pour aider la prochaine assemblée constituante à se mettre immédiatement au travail sur des bases solides.


Lors de la Journée internationale pour l’élimination de la pauvreté, célébrée le 17 octobre dernier, les chiffres officiels prétendaient que la Tunisie avait réussi à ramener le taux de pauvreté à 3,8%...
Six mois plus tard, le 15 avril, le ministre des Affaires sociales du gouvernement de transition révélait qu’il y avait un million de Tunisiens vivant sous le seuil de pauvreté, soit environ 10% de la population.

Manque de fiabilité des statistiques du régime déchu
Il est à craindre que la situation réelle soit encore plus dramatique dans la mesure ou un grand nombre de cas de fragilisation sociale en milieu rural n’ont probablement pas été comptabilisés faute d’information ou de moyens de locomotion et plus encore en milieu urbain à Tunis où la cherté de la vie et les désordres familiaux sont susceptibles d’intégrer dans cette catégorie des milliers de citoyens non pris en compte.
Toujours est-il que le manque de fiabilité des statistiques officielles du régime déchu, comme on le voit dans le cas de la pauvreté, n’est plus à démontrer. Il est donc de l’intérêt national de lancer un audit exhaustif des comptes de la nation afin d’être en mesure de fournir à la prochaine assemblée constituante des données réelles et non faussées pour se mettre immédiatement au travail sur des bases solides.

Quid des comptes de la Cnss et du 26-26?
Cet audit au 30 juin pourrait être entrepris soit en interne si la crédibilité de la Cour des Comptes pouvait être restaurée ou en faisant appel à des prestataires extérieurs. Cette mission devrait être prioritaire pour le gouvernement de transition actuel et sa bonne fin serait saluée comme un grand service rendu à la nation.
Il serait aussi judicieux de livrer de plus amples informations sur la Caisse nationale de sécurité sociale (Cnss) qui devrait, à elle seule, faire l’objet d’un audit approfondi car cette institution sera stratégique pour confronter l’urgence sociale.
Enfin, il ne faudrait pas oublier le fameux compte 26-26. Les citoyens qui y ont participé ont le droit de savoir ce qui a réellement été fait avec leurs contributions de solidarité, car une société qui se respecte ne peut continuellement vivre de rumeurs mais de faits vérifiés et de données incontestables.
Quant à la pauvreté dans notre pays, il y va de la cohésion nationale et des valeurs de solidarité du peuple tunisien pour mettre de côté les égoïsmes et les opportunismes malsains afin de se mobiliser en tant que société civile à travers la multiplication d’associations caritatives intègres et irréprochables pour accompagner les efforts de l’Etat en faveur des plus démunis.