Le gouvernement Ghannouchi avait envisagé, en partenariat avec la chancelière allemande Angela Merkel, d’organiser à Tunis «une rencontre internationale sur la réforme politique et économique». Ce projet, tout comme son initiateur, a échoué grâce à la mobilisation de dizaines de milliers de citoyens lors de la deuxième occupation de la Place de La Kasbah.
Or, voici qu’on apprend incidemment qu’une rencontre sur le thème «une nouvelle politique pour une nouvelle croissance» s’est tenue, hier, mardi 27 avril… à Paris.
Organisée par le Medef (organe du grand patronat en France) et l’Utica, la conférence verra la participation de plusieurs ministres du gouvernement provisoire de Béji Caïd- Essebsi. Sont venus plancher, devant les grands patrons français, le ministre des Finances Jalloul Ayed, le ministre du Commerce et du Tourisme Mehdi Houas, le ministre du Transport et de l’Equipement Yassine Brahim, etc.
D’après le site du premier ministère, les ministres devaient présenter «la nouvelle politique économique en Tunisie, les réformes en cours, les priorités et les projets à mettre en œuvre à l’avenir». Une «nouvelle politique», des «réformes», des «priorités et des projets»… soumis au grand patronat français, en dehors de tout débat national!
Faut-il rappeler à notre Premier ministre et à nos ministres qu’ils font partie d’un gouvernement provisoire qui ne dispose d’aucun mandat populaire, et qui n’est pas habilité à engager l’avenir du pays?
Si le Medef veut vraiment aider la Tunisie, il pourrait prendre des mesures pour faciliter l’accès en France et l’embauche des jeunes Tunisiens parqués comme des pestiférés à la frontière franco-italienne.
Peut-être pourrait-on aussi demander au Medef d’agir pour que le trésor public tunisien récupère les fonds placés par Ben Ali et ses proches dans les banques françaises !
* Responsable des relations extérieures du Parti du travail patriotique et démocratique (Ptpd, extrême gauche).