Sami Dachraoui écrit de Paris – En faisant assassiner Oussama Ben Laden, Barack Obama a rouvert la boîte de Pandore du djihadisme, au moment où les révoltes arabes réclament la démocratie et la dignité.
Dans son désormais célèbre discours adressé aux musulmans lors d’une visite au Caire le 4 juin 2009, Barack Obama appelait à une réconciliation avec l’Islam, à renouer le dialogue des civilisations et surtout à l’ouverture d’une nouvelle page de l’histoire des relations entre les USA et le monde musulman.
L’annonce de la mort de Ben Laden va sûrement ouvrir une nouvelle page de cette histoire, mais il n’est pas sûr qu’elle soit dans le sens souhaité par M. Obama.
Une onde de choc
En effet, Ben Laden est mort, mais a-t-il seulement existé?
Ben Laden est mort, mais son esprit est, par contre, toujours bien vivant. Et les Salafistes d’Al-Qaïda du Maghreb islamique (Aqmi) et autres groupuscules djihadistes vont se charger de le rappeler à M. Obama et au reste du monde d'ailleurs.
Cette exécution en valait-elle donc vraiment la peine? Je pense que M. «Yes We Can» a créé une onde de choc dont il n'a pas tout à fait mesuré la portée.
De même, il est extrêmement choquant que M. Obama utilise l’expression «Justice est faite» qui rappelle l’époque du Far West sauvage et le recours à la loi du talion. Cet effet d’annonce digne des plus belles heures du «Bushisme» a des relents électoraux nauséabonds, et va certes booster la popularité en berne de M. Obama, mais redonner en même temps un nouveau souffle à la machine terroriste salafiste en nette perte de vitesse ces derniers temps.
En effet, les révoltes arabes avaient adressé un message clair et sans équivoque aux extrémistes «musulmans» en réclamant la démocratie et la dignité et non pas un retour vers un califat islamique.
En commanditant l’assassinat de Ben Laden à travers une mise en scène digne d’un blockbuster hollywoodien à la ‘‘Rambo’’, M. Obama vient d’asséner un rude coup à ces démocraties arabes naissantes et d’effacer en même temps les belles promesses d’un certain discours du Caire.