Le scrutin de liste nominative pourrait intervenir dans une seconde phase du processus démocratique dans la Tunisie future. Nous sommes, en effet, à un stade où la scène politique tunisienne se construit. Très peu de personnalités nouvelles de la relève politique sont connues du peuple qui a fait la révolution.
Les partis ont pour vocation de drainer les citoyens qui souhaitent être actifs dans le cadre de l’action publique à côté naturellement de la société civile qui a la même vocation mais qui est censée rester «apolitique» ou autonome et indépendante.
Faire connaître les partis sérieux
Le scrutin de liste est indiqué à ce stade du processus démocratique dans la mesure où il permet de faire connaître, justement, les partis sérieux, dont les dirigeants ne visent pas uniquement la présidence. Les partis qui se sont déclarés à ce jour gagneraient à mieux se faire connaître et surtout à dévoiler d’ores et déjà leurs programmes.
Certains ne le font peut être pas par peur d’être copiés. Je dirais, à ce propos, que les programmes vont forcément, en général, dans le même sens (pour le bien de la Tunisie et de son peuple), seulement l’approche peut changer. Donc, dévoilez-vous partis politiques de la Tunisie future. La transparence commence aussi à ce niveau.
L’organe idoine qui pourrait représenter le peuple est le parlement à deux chambres. C’est la raison pour laquelle j’avais déjà suggéré, au lendemain de la révolution, qu’on élise d’abord un parlement.
J’ai, notamment, écrit à ce propos: «Dans une première étape, l’introduction du scrutin proportionnel qui a l’avantage, à ce stade de notre processus démocratique, de fournir la meilleure image possible du paysage politique et de permettre aux partis de se situer par rapport à leur audience auprès des électeurs. Dans une étape ultérieure, le scrutin majoritaire pourrait être envisagé afin de permettre de dégager des majorités claires. Nous serions alors à la vitesse de croisière dans notre processus démocratique».
Des mandats exceptionnellement courts
J’ai, en outre, souligné (avant que l’on retienne la date du 24 juillet) qu’«on peut imaginer l’organisation dans l’immédiat d’élections législatives et présidentielles pour des mandats exceptionnellement de courte durée (deux ans) dans les deux cas. Il s’agit donc de travailler avec les partis existants sur le terrain, en attendant que tous les partis soient prêts, après deux ans pour organiser alors des élections générales pour la durée des mandants fixées par la nouvelle constitution élaborée préalablement par le parlement, sachant que le parlement élu pour deux ans peut s’ériger en assemblée constituante. Les décisions de celle-ci peuvent être finalisées ou entérinées par le nouveau parlement, lequel, sera alors plus représentatif de la nation dans son ensemble, dans la mesure où toutes les sensibilités politiques auront pris part aux élections générales. Le délai de deux ans permet l’élaboration d’une nouvelle constitution bien réfléchie et l’élection du président selon les dispositions de la nouvelle constitution ».
Le délai de deux ans permet aussi de réfléchir sur le meilleur moyen de déterminer les règles relatives au financement des partis qui demeurent une question cruciale dans toute démocratie qui se veut la plus parfaite possible.