Ghazi Meziou
* écrit – Dans cette Tunisie postrévolutionnaire, celui qui attend que tout soit parfait pour agir se condamne à l’inaction.


Je n’ai pas de doute sur le fait que nous (Tunisiens souhaitant un Etat démocratique libre et moderne) irons voter le 24 juillet. Ceux qui ne le feront pas auront, au mieux, le sentiment d’une victoire imméritée.
Certains d’entre nous (Tunisiens souhaitant un Etat démocratique libre et moderne) ont décidé de limiter leur engagement politique à ce vote. Pourquoi pas, chacun évolue et se détermine par rapport à son contexte personnel. Ils sont libres et leur vote sera précieux.

L’erreur est de ne pas vouloir s’engager
A l’inverse, beaucoup d’entre nous (Tunisiens souhaitant un Etat démocratique libre et moderne) ont la volonté de faire plus, le sentiment qu’ils peuvent apporter plus que leur vote et hésitent quant à la conduite à tenir, le parti à choisir…
A ceux là, je dis: vous êtes dans l’erreur. Votre erreur n’est pas de vouloir vous engager. Bien au contraire: ma conviction est que chacun d’entre nous à un rôle à jouer dans les circonstances exceptionnelles, dramatiques et euphorisantes qui sont les nôtres. Non, votre erreur est d’hésiter.
Certains attendent que tel ou tel parti énonce clairement son programme pour décider de leur éventuelle adhésion. Ils perdent leur temps et privent le pays de leur contribution.
Aucun parti n’aura le temps de finaliser, dans ses moindres détails, un programme de gouvernement. Tous ont des valeurs, des compétences mais manquent de temps, d’hommes et de femmes de bonne volonté. Tous ont besoin de nous (Tunisiens souhaitant un Etat démocratique libre et moderne).
Certains pestent contre l’incapacité de ces partis à se rapprocher. On peut discuter de la pertinence du rapprochement et de son étendue, mais tous les partis se parlent entre eux et vous comprendrez que ces discussions ne soient pas publiques. En attendant que ces rapprochements se fassent (parce qu’ils se feront) et que vous hésitiez, les partis sont cruellement privés de votre contribution (vous Tunisiens souhaitant un Etat démocratique libre et moderne).
D’autres encore se disent: tous ces partis se ressemblent, je ne sais qui choisir. En attendant, qu’ils se décident, leur précieuse contribution est gaspillée.

Il nous reste 84 jours
Peu importe les raisons de nos hésitations, elles sont toutes contreproductives. Je demande à ceux qui hésitent de choisir et de s’engager. Si ils n’y arrivent pas sur des critères objectifs (valeurs, ébauche de programme…), qu’ils le fassent sur des critères subjectifs (le plus beau, le plus jeune, le plus expérimenté… peu importe) et ceux qui n’arrivent pas à se déterminer sur des critères subjectifs pourront tirer au sort, ou choisir par ordre alphabétique. Peu importe, choisissez vite, aujourd’hui et engagez-vous. Il nous reste 84 jours, demain il n’en restera que 83 et ainsi de suite.
Les partis – tous les partis – manquent de tout, ils manquent d’argent, de moyens logistiques, de chômeurs, de médecins, de cadres, de secrétaires, de profs, d’étudiants, d’entrepreneurs, de politiciens, de juristes, d’économistes, de retraités, d’agriculteurs, d’ouvriers, de colleurs d’affiches, de communicants, de jeunes, de fonctionnaires, de policiers, de riches, de pauvres, d’infirmiers, de standardistes... le tout conjugué au féminin et au masculin. Ils ont besoin de nous tous (nous Tunisiens souhaitant un Etat démocratique libre et moderne).
Et ceux qui attendent que tout soit parfait pour agir se condamnent à l’inaction.

* Cabinet Meziou Knani & associés.