Jamel Dridi* écrit de Paris – Le gouvernement Sarkozy se salit et rabaisse la France par le traitement indigne qu’il réserve aux immigrants tunisiens clandestins, traités quasiment comme des animaux.


J’accuse ceux qui encouragent, de cette façon, la chasse aux immigrants tunisiens en France.
J’accuse ceux qui d’un côté tombent à bras raccourci sur les dictateurs qui briment leur peuple et qui de l’autre ne respectent pas les droits de l’homme minimum pour un immigré en France. Car oui les Tunisiens, fussent-ils clandestins, on des droits.

 

Les Tunisiens ne sont pas des sous-hommes?
J’accuse ceux qui traitent ces Tunisiens comme des animaux. Oui comme des animaux car on les laisse dormir par centaine, dans des parcs sur l’herbe, en plein cœur de l’une des capitales les plus riches du monde, Paris, sans même leur venir en aide.
Parce que ce sont des Tunisiens, sont-ils des sous hommes? Ou est-ce leur punition parce qu’ils ont chassé l’ami-dictateur que l’on félicitait il y a peu en lui tapotant sur le dos?
J’accuse ceux qui ont donné l’ordre, ô ignominie, d’attendre que quelques associations apportent des sandwichs à ces jeunes immigrés clandestins pour les arrêter. N’est-ce pas de cette façon que l’on piège les animaux sauvages? Par des pièges dans lequel il y a de la nourriture. Les Tunisiens clandestins sont-ils des animaux sauvages? Qu’ont-ils faits pour mériter ce sort? N’ont-ils pas traversé une mer Méditerranée, en tempête parfois, dans des felouques de pêcheur, en espérant un avenir meilleur.
J’accuse ceux qui, à cause d’une échéance électorale, oui une simple échéance électorale, émettent des circulaires, oui des circulaires, pour cibler les contrôles policiers sur les Tunisiens. D’ailleurs, comment peut-on cibler des Tunisiens  sauf à, encore une fois, faire un contrôle au faciès ?

Ami des dictateurs, ennemi des migrants  
J’accuse ceux qui sont amis de la Tunisie quand il s’agit de profiter des joies des côtes tunisiennes (et bien plus encore) sur le dos du (déjà pauvre peuple tunisien) mais qui, dès qu’ils sont à Paris, sont devenus muets. Ou êtes-vous, puissants, et invités de marque de Sidi-Bou Said ou d’Hammamet? Les Tunisiens, soit on les aime, soit on ne les aime pas. On ne les aime pas par intermittence au gré des faveurs octroyées par un dictateur.
Oui, en tant que Français qui aime mon pays la France, j’accuse. Ce grand pays qui a vu naître de grands hommes et grandes valeurs. Pays, encore aujourd’hui, modèle dans le monde en matière des droits de l’homme.
Oui, en tant que Français, j’accuse ceux qui salissent et rabaissent la France par ce traitement indigne réservé aux immigrants tunisiens clandestins. Et qu’on ne se méprenne pas sur mon propos. Je n’accuse personne parce que des clandestins ne sont pas régularisés administrativement ou qu’ils soient arrêtés car en contravention avec la législation sur le séjour. Non, ce n’est pas pour cela! Je peux admettre que l’Europe et la France soient en crise et qu’elles ne puissent accueillir tous les pauvres du monde. Encore une fois, un clandestin est un clandestin s’il n’a pas de titre séjour valable.
Mais là où j’accuse, c’est quand on traite les Tunisiens comme des bêtes. Oui comme des animaux qu’on chasse. Quelqu’un peut-il imaginer ici le choc violent d’un jeune qui après avoir traversé une mer où il avait une chance sur deux de mourir, oui peut-il imaginer son choc, quand arrivé en plein cœur d’un pays qui est connu pour être une terre d’asile, il se voit traquer comme un sous-homme ?
Non! Je m’insurge et brise ce silence des médias et des «amis» à temps variable de la Tunisie pour dire non. Les Tunisiens sont des sujets de droits fussent-ils clandestins. Ils ont le droit d’être traités comme des hommes eu égard aux textes internationaux desquels la France est signataire. Il en va de l’image de la France dans le monde et de sa cohérence vis-à-vis d’elle même.

* Consultant sur les questions d'emploi/RH/Recrutement

Source: ‘‘Le Cercle Les Echos’’.