Stéphane Ghozzi écrit de France – Lettre ouverte aux révolutionnaires tunisiens qui, avec leurs manifestations incessantes et stériles, leurs revendications sans limites et exigences jusqu’au-boutistes, ne sauvent pas la révolution, mais la tuent.
L’usage de la force policière contre des civils est toujours détestable, que cette force soit «disproportionnée» ou pas (et elle l’est presque toujours) surtout lorsqu’il s’agit de contrôler, de canaliser ou de disperser une manifestation...
La gestion des foules, plus ou moins pacifiques, est toujours très difficile et ce, dans tous les pays pas seulement en Tunisie. De plus, malheureusement les policiers tunisiens (enfants gâtés et bras armé de Ben Ali) se sont entrainés pendant 23 ans et ont visiblement gardé toutes leurs mauvaises habitudes: on gaze, on charge et on matraque dans le tas... Toutes les vidéos sur YouTube en témoignent et cette violence est aussi désolante que révoltante, sans oublier l’image désastreuse qu’elle donne de la Tunisie dans les médias du monde entier...
Maintenant, questions: que voulaient exactement les manifestants, qui semble-t-il, était si urgent et ne pouvait pas attendre?
Encore une fois faire tomber le gouvernement?
Encore une fois faire valser les ministres?
Encore une fois changer de Premier ministre, voire de président?
Encore une fois crier «dégage» sans réfléchir et sans voir plus loin que le bout de son nez?
Encore une fois faire passer les intérêts personnels avant l’intérêt général de la nation?
Encore une fois réclamer une Xe commission, réunion ou concertation pseudo-populaire?
Encore une fois justifier les pillages et les destructions sous couvert de démagogie politicienne?
Encore une fois plonger le pays dans la confusion, le désordre, les troubles et l’anarchie ?
Encore une fois fragiliser la Tunisie et sa toute jeune démocratie naissante?
Encore une fois donner raison à tous les idiots qui pensent que les pays arabes ne sont pas «mûrs» pour la liberté et que la dictature y est inévitable, voire souhaitable?
Encore une fois dénoncer un soi-disant complot, aussi improbable que farfelu, d’ex-benalistes de l’ex-Rcd, financés par une branche pro-israélienne d’Al- Qaïda et entrainés par des martiens ?
Résultat: couvre-feu sur Tunis (quel triste symbole!) et sabotage parfait de tous les efforts pour relancer l’économie tunisienne, en particulier le tourisme...
Au lieu de manifester comme un troupeau de moutons suicidaires vous ne pouvez pas attendre les élections dans 2/3 mois pour revendiquer et faire entendre votre voix?
Vous ne pouvez pas patienter un tout petit peu et vous exprimer avec votre bulletin de vote?
En démocratie, on s’exprime par les urnes, pas en manifestant!
A cause de vous, la Tunisie est en train directement de la dictature à l’anarchie sans passer par la case «démocratie»!
Qu’on se le dise: le désordre n’a jamais permis de lutter contre l’injustice. Bien au contraire...
Et je vous rappelle que le gouvernement actuel, qu’on l’aime ou qu’on le déteste, est transitoire: donc inutile de s’exciter et de s’acharner contre lui! C’est débile et surtout contre-productif! Réfléchissez...
Avec vos manifestations incessantes et stériles, vos revendications sans limites, vos exigences jusqu’au-boutistes, vos «leaders» démagogues, populistes et manipulateurs (n’est ce pas, monsieur Farhat Rajhi?): loin de sauver la révolution, vous la tuez.
C’est vous les pyromanes, avec votre attitude d’enfants gâtés inconscients et déconnectés de la réalité, qui ouvrez un boulevard à une éventuelle contre-révolution ou à un éventuel coup d’Etat!
Et pendant ce temps, Ennahdha compte les points...
Bravo.