«Le peuple veut détruire le peuple», une caricature, pleine de bon sens, lue il y a quelques jours dans le journal ‘‘La Presse’’ m’a interpelé et renvoyé aux années 1960, lorsqu’on disait que le Tunisien est un «khobziste» qui ne cherche que son pain quotidien et ne pense qu’à sa petite personne. C’est le cas de Farhat Rajhi qui veut se venger de Béji Caid Essebsi qui l’a délogé du ministère de l’Intérieur. C’est le cas de la police qui veut régler le compte de la presse qui la juge responsable de tous les maux qui rongent la société tunisienne. C’est le cas aussi des chômeurs sans le sou qui deviennent malgré eux des pilleurs de magasins profitant des émeutes qui sont en train de secouer toutes les grandes villes de notre chère Tunisie.
Un mauvais acteur
L’ancien ministre de l’Intérieur, juge de surcroit, a montré son étroitesse d’esprit quand il a voulu exprimer sa colère pour avoir été limogé de son poste de ministre. Il a procédé par la manière la plus retorse, en jouant la comédie, incarnant le rôle de l’homme intègre, faisant des révélations à des journalistes. Comme il était mauvais acteur lorsqu’il prononçait des noms et demandait aux journalistes de couper les séquences sachant pertinemment que ces derniers, férus de noms et de sensations, vont faire exactement le contraire de qu’il leur demandait pour donner plus d’attrait à leurs reportages. L’ancien ministre aurait pu – s’il l’avait voulu – ne pas citer de noms, mais son désir de vengeance le poussait au délire et aux divagations et il s’est comporté comme un vulgaire ouvrier licencié par son employeur pour mauvaise conduite ou pour une flagrante incompétence.
Les vraies fausses «révélations» de M. Rajhi ont eu pour effets de ranimer la flamme chez les jeunes tunisiens qui, depuis le 14 janvier, attendaient la métamorphose générale qui allait assouvir leur soif de liberté, de prospérité et de bien-être.
Chacun a sa conception de la révolution. Il y a ceux qui pensent à un régime parlementaire où la décision revient au peuple par la voix de leurs élus. Ils ne veulent plus d’un régime autoritaire où le président ou le Premier ministre accapare tous les pouvoirs. D’autres ne songent qu’au travail et aux opportunités d’embauches qui vont inonder le marché de l’emploi. Un rêve tout à fait légitime mais qui demande beaucoup de sérénité, ce qui semble manquer le plus à ce gouvernement provisoire. Il reste une partie de la population qui n’arrive pas à cerner précisément ses désirs et ses objectifs. Il y a ceux qui veulent s’enrichir au plus vite et qui optent pour l’émigration clandestine: le tout, tout de suite, ou rien! D’autres, plus futés et rompus à l’illégalité, attendent la moindre occasion, profitant des émeutes et des manifestations dans la rue, pour s’attaquer aux biens d’autrui. Ce sont toujours les magasins de prêt-à-porter ou de l’électroménager, les banques et les pharmacies qui sont les plus touchés.
Comment distinguer le vrai du faux?
Lors de ces mouvements de la foule, la police est sommée d’intervenir. Ses méthodes, jugées musclées par les journalistes, donnent naissance à des conflits avec les professionnels de l’info. Il faut rappeler que depuis l’avènement de Facebook le nombre de journalistes en herbe a considérablement évolué. Le désir de prendre des photos et de les diffuser sur le net est devenu le souci de tout facebooker qui se respecte.
Avec le montage et le recours au Photoshop, on peut créer des scènes hallucinantes comme celles qui ont circulé dernièrement et qui ont donné l’impression que les locaux du journal ‘‘La Presse’’ ont été dévastés par la police et que les dégâts sont estimés à quelque 120.000 dinars.
De nos jours les informations prolifèrent et il faut être devin pour pouvoir distinguer le vrai du faux. Les partis, tendances et mouvements sont si nombreux qu’on a du mal à reconnaitre les vraies voies qui vont mener ce pays vers la démocratie.
Ce qui est vrai et facile à démontrer c’est qu’il existe une frange de la société qui a intérêt à semer le désordre. Des gens comme Rajhi qui sont partout et dans tous les gouvernorats. Un seul but les réunit, c’est la discorde mais ils n’iront pas loin car tôt ou tard ils vont être démasqués car ils ne peuvent pas agir longtemps dans l’anonymat.