Tarek Arfaoui écrit – Sans être un fervent partisan de l’ex-Rcd, l’exclusion de ses membres de l’élection pour la constituante m’interpelle profondément.


Je ne m’attarderai pas sur les raisons connues de tous, qui ont abouti à cette exclusion, et sur les méfaits que ce parti a commis pendant 23 ans de dictature absolue, mais cette décision me laisse perplexe, quand on sait :
- que le Rcd n’avait aucune idéologie politique et n’était pas un véritable parti;
- que c’était un conglomérat d’opportunistes de tous bords embrigadés à différents niveaux pour servir une caste bien particulière qui tenait le pouvoir;
- qu’il fonctionnait sur le mode maffieux avec des mécanismes d’intérêt, d’allégeance et de droit de cuissage, et de ce fait, il n’avait pas de véritables militants;
- que les grandes décisions politiques étaient prises par Zaba et accessoirement par sa clique du bureau politique et que même le comité central était une galerie fantoche qui était là pour l’applaudimètre; s’il était légitime d’exclure des responsables qui ont fait du tort au pays, la liste des exclus devrait s’arrêter à ce niveau-là;
- qu’une large frange de ses 2 millions d’adhérents ne savait même pas qu’elle appartenait au Rcd et s’en lavaient carrément les mains; les cartes étaient automatiquement distribuées à toute personne exerçant un minimum de responsabilité dans la fonction publique.

Ne pas mettre tous les citoyens dans le même sac
Sans s’étaler encore plus long sur ces faits, il est clair qu’on doit faire preuve d’équité et de probité et de ne pas mettre tous nos concitoyens dans le même sac par cette exclusion radicale qui va créer un profond vide politique dans lequel, croyez-moi, vont se jeter les opportunistes de tout bord
La deuxième interpellation qui me vient à l’esprit est celle des autres acteurs politiques dont certains occupaient clandestinement la scène du temps de Zaba et qui méritent largement d’être eux aussi exclus des élections de la constituante.

Les islamistes, l’Ugtt et les membres de la sécurité
Je parle en premier lieu  des islamistes qui, pour avoir raté le coche de la révolution, veulent la récupérer, sachant que pour les uns, ils rejettent publiquement toute institution républicaine en appelant à la désobéissance civile pour instaurer un Etat théocratique et pour les autres après avoir exercé le terrorisme civil sur toutes ses formes et l’avoir reconnu dans un mea culpa public (assassinats, vitriolage, attentas à la bombe… et j’en passe), veulent se refaire une virginité politique en ayant recours à un langage fait d’un savant mélange de duplicité et d’hypocrisie et en utilisant des moyens obscurs pour attirer l’électorat par tous les moyens. Ces gens là ne méritent-ils pas d’être exclus autant que les ex-Rcd?
Je parle aussi de certains dirigeants de l’Ugtt qui, à mon avis, étaient responsables de le décrépitude sociale et politique de la Tunisie du temps de Zaba, qui ont joué à fond son jeu, qui l’ont tout le temps soutenu, et même aidé dans le blocus social qu’il a imposé au pays. Ses premiers responsables n’ont-ils pas signé et applaudi des deux mains le fameux appel pour qu’il se représente en  2014? Après tous les torts qu’elles ont causés, de quel droit s’arrogent ces personnes, dont certaines font partie de la Haute instance pour la réalisation des objectifs de la révolution, pour exiger l’exclusion d’autres?
Je parle enfin des responsables de la fameuse Sécurité, de la police politique et de tous les tortionnaires et assassins du ministère de l’Intérieur qui se baladent actuellement impunément et qu’on va retrouver en bons-citoyens-pères de famille-modèles en train de voter dans quelques mois. Ces criminels ne doivent-ils pas être exclus?
Où est la probité?