Samih Cherif écrit – Depuis le 14 janvier, l’Internet tunisien est marqué par de grandes réformes aussi audacieuses que rapides touchant notamment le domaine national .TN, désormais accessible à tous.


En effet, les conditions d’enregistrement de domaines en .TN sont moins contraignantes et privilégient «un mode de vérification des demandes à postériori plutôt que la méthode de vérification des demandes à priori (avant l’enregistrement) – jusque là adoptée», selon le c communiqué de l’Agence tunisienne d’Internet (Ati).
Ainsi, toute personne morale ou physique établie en Tunisie peut bénéficier d’un nom de domaine en .TN selon les modalités fixées par la charte de nommage.
Par ailleurs, et en vue du renforcement de la concurrence entre  les bureaux d’enregistrement qui ne sont qu’au nombre de 5 aujourd’hui (les Fsi), il est désormais possible à toute personne morale acceptant les clauses de cette convention, d’obtenir le statut de bureau d’enregistrement.

Des conditions extrêmement restrictives
Malheureusement, les conditions d’octroi de ce statut sont extrêmement restrictives. En effet, parmi les conditions présentes on trouve d’abord l’obligation pour les entreprises postulantes d’avoir un capital minimum de 75.000 dinars. Ensuite, elles doivent être couvertes par une assurance responsabilité civile commerciale d’un moins 100.000 dinars et disposer «d’une infrastructure technique, hautement disponible, permettant l’hébergement DNS des noms de domaines Internet, installée géographiquement en Tunisie, et connectée au réseau Internet tunisien», à savoir que la mise en place d'une telle plateforme, N+1 minimum, n’est pas chose aisée du fait des restrictions imposées sur la colocation de matériel et du fait que les intervenants n’ont ni la possibilité d’accéder à leur matériel en datacenter ni de garantir eux mêmes la haute disponibilité escomptée.
Et pour finir, les futurs bureaux d’enregistrement devront embaucher en «nombre suffisant», commander des audits de sécurité à l’une des entreprises reconnues par l’Agence nationale de sécurité informatique (Ansi) une fois par an et accepter de subir des contrôles inopinés.

Quels opérateurs vise-t-on exactement?
La question qui se pose donc est de savoir si ces nouvelles mesures sont vraiment destinées aux entreprises tunisiennes, sachant que la plupart d’entre-elles sont des Pme ayant des capitaux proportionnels à leur taille et à leur activité ou bien si ces réformes visent à attirer des opérateurs spécifiques ou même étrangers?
En jetant un rapide coup d’œil sur les composantes du secteur des Tic tunisien, on se rend vite compte que les candidats dont la commercialisation des noms de domaines est le métier et qui remplissent ces conditions ne se comptent que sur les doigts d’une seule main, voire ne se comptent même pas du tout.

Source: ‘‘Mental Madness’’.