Nouredine Ben Mansour écrit – En cette ère de démocratie pluraliste qui commence, la Tunisie a besoin de mettre en place un système de mesure d’audience indépendant dirigé par des gens connus par leur honnêteté et leu impartialité.


L’audimétrie a été créée aux Etats-Unis depuis plus d’une quarantaine d’années tandis qu’en France elle a vu le jour au début des années 1980.
La mesure de l’audience des émissions télévisées est devenue un outil important pour le développement économique des chaines et un moyen efficace d’influence sur le comportement et l’opinion. C’est une gestion qui doit être suivie rigoureusement surtout qu’une partie des investissements des chaines est assurée par la publicité. Cette mesure permet aussi de bien analyser et de cibler les programmes d’une part et de connaitre les goûts, les orientations et les attentes du public d’autre part.

L’audimétrie dans le monde
Les méthodes et les outils utilisés sont l’enquête par téléphone, internet ou par courrier. Elles sont des méthodes anciennes et se font sur un échantillon représentatif bien déterminé ou un panel. Par l’analyse des propos et des courriers des auditeurs on connait leurs réactions. Ce moyen ne peut pas refléter la réalité car il y a beaucoup de subjectivité. Les instruments modernes donnent des indications quantitatives sans se référer aux déclarations des auditeurs.
Pour éviter les erreurs d’audimètre, qui est largement utilisé en France (audimat) et aux Etats-Unis (Nielsen), on a développé de nouveaux instruments ne faisant plus intervenir l’auditeur directement à savoir: Motivac en France ; Passive Mertert aux Etats-Unis. Ces instruments sont munis d’un système de reconnaissance optique qui est capable d’enregistrer le nombre exact des personnes assis devant l’appareil de télévision. La faute est nulle et la subjectivité est presque absente. L’utilisation de ce système est coûteuse.
Actuellement, on a recours aux analyses des résultats quantitatives fournis par l’audimètre et qui sont complétés et finalisés par des résultats qualificatifs et précis qui permettent de connaitre et définir les réactions des spectateurs au moment voulu.
L’audimètre est un appareil relié directement à l’appareil de télé et enregistre le temps de fonctionnement de la télé et les chaines regardées. Aussi l’audimètre est-il relié par ligne téléphonique à un ordinateur d’un bureau spécialisé en sondage qui procède aux analyses des données.

Réalité d’audimétrie en Tunisie
En Tunisie, cette  activité est encore embryonnaire. Les bureaux spécialisés en la matière sont encore à leur début. Le manque de moyens modernes est un grand handicap pour une juste mesure d’audience
La Tunisie se trouve dans une nouvelle ère colorée caractérisée par un environnement démocratique, où il devient nécessaire de revoir notre jugement sur les émissions des chaines nationales en premier lieu, puis celles des chaines internationales qui sont vues par les Tunisiens. Ce qui favorise cette nouvelle préoccupation audiovisuelle est que dans l’avenir nous verrons une multiplication des chaines télévisées. La concurrence entre les diverses chaines sera acharnée et forte, utilisant des nouveaux moyens d’attraction et d’influence et optant pour un marketing offensif qui touche directement le téléspectateur. La situation est devenue plus propice et la liberté d’expression incite les responsables des émissions télévisées à mieux programmer leurs actions, et ce pour qu’elles puissent avoir une influence positive. Atteindre la cible demande toute une stratégie bien enveloppée dans une culture et une politique qui touchent l’émotion du téléspectateur.
C’est un nouveau domaine pour les investisseurs média qui demandent une imagination, une vision, une stratégie et un sens du défi. C’est une affaire de rentabilité pour l’investisseur et ceci ne pourrait être atteint qu’en sachant comment déterminer une tarification publicitaire avec les moindres coûts.

Pour un système de mesure d’audience indépendant
Fini le temps des émissions parachutées et dictées. La télévision est devenue une affaire de commerce et un créneau porteur, si tant est que l’on s’arme d’une nouvelle intention stratégique basée sur le défi et l’innovation.
La télévision vit de ses publicités et pour qu’elle puisse continuer à exister, elle doit avoir de l’audience, et ainsi drainer de la publicité. En d’autres termes, elle doit être attrayante tout en répondant souhaits des téléspectateurs.
Dans l’intérêt du téléspectateur et des responsables de programmes télévisés, il serait nécessaire de mettre en place un système de mesure d’audience indépendant dirigé par des gens connus par leur honnêteté et leu impartialité. Ce système doit prévoir des sanctions et des bonus. Il suit de près les émissions et notifie leurs réalités et leurs impacts positifs ou négatifs.
Le problème qui se pose: qui finance ce système? L’Etat ou les privés ou les deux ensembles? La seconde formule nous semble la mieux indiquée pour la Tunisie.