Mongi Karrit écrit – Le 24 juillet ou le 16 octobre 2011? Un choix difficile et lourd de conséquences pour les partis, le gouvernement et le peuple.


La date du 24 juillet pour l’élection de l’Assemblée constituante a été décidée par le Président de la République. On se rappelle le grand soulagement qu’a senti le peuple à son annonce et au discours du Premier ministre. La feuille de route élaborée par le gouvernement était claire et rassurante. Les élections de la Constituante seraient confiées à une instance indépendante. Mais, juste après, le parti communiste, qui ne semblait pas être suffisamment préparé auxdites élections, commença à manifester son souhait de reporter ladite date.

Querelles autour d’une échéance
D’après le discours du Premier ministre, certains partis ont même cherché à forcer leur report en étant à l’origine de violences et d’actes de vandalismes dont ont souffert des régions comme Siliana. Les allusions dudit discours ont obligé des partis à réagir immédiatement pour exprimer leur volonté de respecter la date du 24 juillet. Actuellement, près de 40 partis insistent sur le respect de la date du 24 juillet, évoquant la précarité de la situation économique et sociale du pays, l’absence de structures légales élues par le peuple et les risques d’instabilité et d’insécurité. Aucune importance n’est accordée à la transparence du processus et la fiabilité des résultats des élections. La proposition de report de cette date par la Haute instance indépendante pour les élections n’a pas été acceptée et celle-ci en a été sévèrement critiquée en conséquence.
D’autres partis, anciens et nouveaux, soutiennent le report desdites élections, leur unique souci semblant être le gain du plus grand nombre de sièges de la future constituante. Certains sont même disposés à s’allier avec le diable pour arriver à leurs fins: des tractations, des opérations de séduction, des alliances électorales aux dépens de leurs idéologies et des façons de faire qui nous déplaisent, nous Tunisiens qui n’avons jamais vu de telles pratiques.

La soif du pouvoir émerge sur le lot
Je crois fermement qu’ils cherchent leur intérêt aux dépens de l’intérêt national. Ils n’ont pas soutenu le gouvernement dans ses efforts pour rétablir l’ordre et la stabilité. Au contraire, ils ont cherché à l’affaiblir par le biais de la Haute instance pour la réalisation des objectifs de la révolution, de la réforme politique et de la transition démocratique. On n’entend que les critiques qui fusent de toutes parts. Il n’y a eu, ces derniers jours, que quelques déclarations de soutien, pour la plupart faites en retard et probablement sous l’effet de chaîne. Le problème de sécurité à leurs yeux est la responsabilité totale du gouvernement. L’encadrement populaire leur semble inconnu. Pourtant, à ma connaissance, le rôle des partis est de contribuer à l’organisation de la vie des citoyens d’un pays.
Plus de 80 partis déjà, pourtant un maximum de 10 partis aurait suffi : la droite, l’extrême droite, les libéraux, les socialistes, les communistes, les nationalistes, les verts, les  centristes. Des appellations similaires et des slogans partagés par la majorité (justice, démocratie, etc.). Le déclaré dans les médias est le contraire du pratiqué sur le terrain. Des fronts se font et se défont.
Les futurs candidats de ces partis aux élections vont-ils me représenter? J’en doute fort. Des desseins obscurs se cachent derrière leurs déclarations. La soif du pouvoir émerge sur le lot. C’est la ruée vers le pouvoir. L’intérêt national ne leur est pas primordial. Les campagnes électorales ont commencé avant la date officielle. Des partis qui persistent à refuser de signer la charte républicaine en prétextant des arguments juridiques alors que cette charte est le garant de la préservation des acquis d’une société de démocratie, de liberté et de modernité. Les orientations de la constituante sont incertaines car des alliances pourraient favoriser le retour en arrière. Il y a des partis qui nous annoncent des programmes économiques pour la période à venir alors qu’ils savent pertinemment que l’Assemblée constituante a pour mission principale l’élaboration d’une nouvelle constitution dans un délai ne dépassant pas les douze mois. Les partis au pouvoir ne pourront pas réaliser des programmes économiques et sociaux comme ils prétendent le faire. Malgré le soutien financier international au processus de transition démocratique, le mécontentement populaire des régions défavorisées ne sera pas apaisé du jour au lendemain. Le chômage ne baissera point, au contraire, il faudrait compter avec les nouveaux chômeurs : les nouveaux diplômés et les déportés de Libye. Les investisseurs tarderont à s’implanter à l’intérieur et les projets visant le développement régional ne seront réalisés du jour au lendemain. La tâche ne sera pas facile aux nouveaux gouvernants.

Il y a de l’espoir
Donc, il convient de rappeler à ces partis les devoirs historiques qui les attendent. On ne veut pas de politiques différents au sein de l’assemblée. Ce que l’on veut c’est des personnes qui représentent le peuple Tunisien, veulent son bien et œuvrent pour la démocratie, la liberté et la modernité. Les assoiffés de politique auront l’occasion de nous exposer leurs programmes ultérieurement lors des élections succédant la mise en œuvre du nouveau «destour».
Il y a, quand même, une lueur d’espoir. J’espère qu’il y aura une prise de conscience au niveau des partis et que le peuple saura pour qui voter et élira aussi des personnalités indépendantes qui influeraient positivement sur les choix politiques et démocratiques au sein de cette assemblée. La contribution de ces derniers et celle des associations et des organisations seront cruciales.

* Citoyen de la masse silencieuse.