Il est vrai que la mouvance islamiste, longtemps en immersion, devient de plus en plus visible. Infiltrant tous domaines de la vie publique, elle tire les ficelles. En quelques mois, associée à l’extrême gauche et à quelques syndicalistes un peu trop excités, elle se livre à de la surenchère «révolutionnaire», dans le but de déstabiliser le gouvernement, affaiblir l’autorité de l’Etat au nom de la sacro-sainte «révolution»… En témoigne l’attitude du secrétaire général du syndicat de l’enseignement supérieur à Sfax, qui se trouve être le représentant d’Ennahdha dans cette ville, et les lettres de «soutien» qu’il a envoyées aux grévistes de Tunisie Télécom.
Pour s’arroger une certaine respectabilité et redorer leur blason, les islamistes ont recours à un plan marketing politique imparable, en substituant à l’image lugubre, incarnée par leur chef historique [Rached Ghannouchi, ndlr], par celle plus «citadine» que Mourou s’évertue à promouvoir travers ses one man shows (voir le meeting à Ras Djebel à l’occasion de la célébration du souvenir d’Al- Nakba).
Le fanatisme religieux est incompatible avec démocratie
Les réseaux sociaux sont désormais leur terrain favori. Dissimulés derrière des pages anonymes, ils manipulent sournoisement les jeunes désemparés, peu politisés et crédules, en diffusant les rumeurs, accréditant les mensonges, contribuant ainsi à troubler l’ordre public. En témoignent les manœuvres de l’auteur qui a été à l’origine de l’affaire Rajhi. Mais, est-ce une raison suffisante pour céder à la panique? Faut-il réellement avoir peur de la menace islamiste?
Certes, il n’y a pas d’islamisme «soft». Il ya des musulmans tolérants. La majorité écrasante des Tunisiens se reconnaissent en eux. Tous ces saints illuminés envoyés par le ciel pour nous prêcher la «bonne parole» ne sont que des machiavéliques dogmatiques qui se servent plus de la religion qu’ils ne la servent.
Certes, ces gens peuvent racoler du monde, exploiter l’indigence de certains, la sincérité d’autres… Mais, ils n’iront pas loin. Ils sont condamnés d’avance. Le fanatisme religieux ne peut survivre en démocratie. Là où les institutions démocratiques sont sûres, ces gens perdent de leur capacité de nuisance. C’est ainsi qu’ils n’ont que cette alternative: soit ils évoluent effectivement – non seulement en se limant les dents, mais en se débarrassant du poids de leur héritage idéologique poussiéreux –, soit, devenus minoritaires, ils se radicalisent et par conséquent, se marginalisent…
L’Histoire, peut trébucher, mais, elle ne peut avancer à reculons. Ces mouvances passéistes qui se nourrissent de la détresse des gens ont contre elles deux redoutables ennemis: la prospérité et un enseignement de qualité. En effet, développer la campagne, la désenclaver, garantir une vie digne à ses habitants, d’un côté, et assurer à nos enfants une éducation progressiste, libérale, de l’autre, c’est priver les extrémistes, de gauche comme de droite, de leur terreau favori.
L’islamisme comme force politique n’est pas une fatalité. Il n’est pas permis d’abandonner la partie. Surtout pas maintenant! Le combat est de tout instant, sur tous les fronts. La peur nourrit la peur. Plus on surestime l’adversaire, plus, on lui rend service. Plus on le diabolise, plus il gagne en sainteté…
L’individu au centre
Ainsi, la campagne électorale ne devrait porter sur la dénonciation de l’adversaire, mais plutôt sur le projet de société alternatif que les forces démocratiques et progressistes sont amenées à incarner. Au centre de ce projet, il devrait y avoir l’individu. C’est sur ce terrain que les islamistes sont les plus vulnérables. Car cette entité nouvelle, cette valeur suprême qui a été à la base du soulèvement du 14-Janvier, est incompatible avec les fondements mêmes de l’idéologie à laquelle ils se référent.
Le combat de demain est celui de l’individu, comme voix, comme sujet, comme citoyen affranchi de toutes sortes de tutelles. Et ce combat, il est impératif de le gagner! Le 14-Janvier est une date ô combien historique. Pourtant, tant de forces occultes appartenant à de diverses chapelles nous privent depuis des mois de la fêter dignement… Faisons que cet été soit l’été de la fête de la liberté ! C’est la joie qui les morfond, qui les terrifie. Réjouissons-nous, éclatons- nous !