Pour certains responsables économiques en Tunisie, la cession totale ou partielle des entreprises publiques relevant de divers secteurs de production et de service a constitué une source financière relativement bénéfique pour l’allègement des charges publiques.
Pour eux, cette manne financière doit bien encourager l’Etat à utiliser les deniers et les finances publics d’une manière qui assure des transformations positives sur le développement macroéconomique. Mais en allant au fond des choses, on constate clairement que la privatisation a bien connu des moments difficiles qui ont créé des situations sociales critiques.
Selon les statistiques, le gouvernement tunisien a cédé 217 entreprises publiques ou semi-publiques depuis le lancement du programme de privatisation, il y a vingt-deux ans. Les chiffres d’affaires de la cession des entreprises publiques n’étaient pas importants et selon un bilan officiel arrêté au 31 décembre 2008, ces opérations ont rapporté aux caisses de l’Etat quelque 6,013 milliards de dinars, dont environ 90% d’investissements étrangers
Impact de la privatisation des entreprises
Cette nouvelle orientation économique a créé une importante contrainte sociale. Justement, aux yeux de la majorité des citoyens, la privatisation est une menace et un danger pour les postes de travail. Cette contrainte sociale s’est vue prendre une grande dimension par l’arrivée sur le marché des demandeurs d’emploi notamment diplômés.
Cette situation découle de certains facteurs. Premièrement, la hausse du taux de chômage qui a dépassé la barre des 20% (contre, officiellement, 14,2%). Pour certaines parties, le nombre de chômeurs, toutes catégories confondues, est de l’ordre de 700.000 personnes. Le manque d’emploi s’est aggravé d’une année à l'autre et l’Etat n’était pas en mesure de satisfaire les demandes d’emploi, même s’il a essayé, avec des programmes mal adaptés aux situations, de répondre au besoin du marché d’emploi.
Ce qui a compliqué cette situation c’est surtout le comportement des ministres et des responsables qui ont sillonné les régions et ont tenu des réunions et des tables-rondes en annonçant de nouvelles créations importantes aussi bien au niveau de l’emploi que des entreprises.
Ces chiffres n’étaient qu’une manipulation publicitaire pour rassurer les nouveaux demandeurs. Cette fausse manœuvre est la spécialité de certains ministres de l’ancien régime et qui étaient chargés du dossier de la privatisation, de la création des entreprises et de l’emploi.
Cette situation nécessite la réouverture de tous les dossiers et l’engagement de nouvelles approches qui soient au diapason de la situation économique et sociale réelle dans le pays.
Les arguments qui ont été avancés, surtout par ceux qui prêchent la modernisation, sont différents au point de vue consistance et réalité économique.
Le déficit de certaines entreprises publiques a eu une influence directe sur la politique de libéralisation de l’économie tunisienne. Mais ce qui est sûre c’est que les responsables de l’économie tunisienne n’ont pas voulu aller en profondeur pour connaitre les vraies causes de cette défaillance qui a frappé lesdites entreprises. Ils ont opté pour la solution facile, c’est-à-dire la privatisation quelle que soit la conséquence. Ces supers économistes n’ont pas voulu, ou pour une autre raison (contrainte oblige), faire un pré-diagnostic et un diagnostic approfondis qui font ressortir les point faibles et les points forts de ces boiteuses entreprises. Pire encore: ils se sont livrés à une course contre la montre et ce pour être à la date décidée pour la privatisation des entreprises publiques.
Une nouvelle orientation économique
La question qui se pose maintenant est la suivante: est-ce que la nouvelle économie que la Tunisie adoptera sera basée entre autres sur la création de nouvelles entreprises publiques pour pouvoir au moins soutenir le développement des régions?
Les leçons du passé doivent nous ouvrir les yeux d’une manière à nous permettre de bien choisir le type de stratégie et de politique économiques à adopter dans l’avenir.
Pour être pratique, les futures orientations économiques du pays doivent prendre en considération certaines expériences réussies en matière de développement économique et création d’emploi. Voir ce qui passe en suède et généralement dans les pays scandinaves qui connaissent, depuis un bon moment, la prospérité. La faute n’est plus permise et tolérée. On doit bien adopter à la Tunisie une certaine politique économique qui s’est confirmée ailleurs tout en prenant en considération les spécificités de la Tunisie.
Aussi, et pour être plus réaliste, faut-il ajuster toute politique économique à adopter tout au long de son développement. Cette nouvelle orientation ne pourrait donner des résultats qu’en choisissant des stratèges économiques qui doivent être portées avant tous par des personnes intègres, qui ne sont pas influencés par l’extérieur.