Sachez chers amis, si vous n’en êtes pas très conscients, que la Tunisie est un pays exceptionnel, de par sa nature et sa situation géographique, niché tout au bout du promontoire de l’Afrique en plein bassin occidental de la Méditerranée contrôlant le détroit de Sicile, un carrefour de communication unique, stratégique, qui a tout le temps attisé tant de convoitises; la Tunisie est aussi exceptionnelle par son histoire singulière à nulle autre pareille, qui a brassé durant des siècles des civilisations et des cultures de différents horizons produisant un melting-pot humain tout aussi exceptionnel.
Les racines profondes
Aussi, comment pourrions-nous ignorer nos origines et faire table rase de nos racines berbères et numides, qui sont le socle de la Tunisie, ou effacer d’un seul coup 8 siècles de présence punique, ou 7 siècles de présence romaine, 2 siècles de présence vandale et byzantine, plus d’une dizaine de siècles de présence arabe entrecoupés d’afflux de migrants de tous les horizons: Morisques, Italiens, Maltais, Grecs, Espagnols et Levantins de tout bords pendant 4 siècles.
Les conflits incessants, les soubresauts de l’histoire, le mélange des populations les flux et reflux continuels des colonisateurs de notre pays ont façonné en quelque sorte notre «tunisianité». Que de dictateurs, de despotes, de bons gouvernants et de libérateurs la Tunisie a-t-elle connus? Que de sacrifices son peuple a-t- il fait? Que de richesses et de progrès a t il créé?
Parfois, des faits anecdotiques font l’histoire d’un pays: que serait devenue Carthage si les mercenaires de Matho avaient battu Hamilcar Barca dans la bataille de la plaine de l’Ariana en 237 avant J.-C.? Que serait devenue la Numidie si Massinisa n’avait pas trahi Hannibal pendant la bataille de Zama qui a sonné le glas de Carthage et imposé l’impérialisme romain? Les Romains seraient-ils restés 7 siècles durant dans notre pays s’ils avaient perdu? Que serait devenu notre pays si Hassene Ibn Noomane avait rebroussé chemins au centre du pays dès les premières défaites contre les Byzantins, ou si le coriace Sinan Pacha, dans un sursaut d’amour propre, n’avait pas arraché La Goulette aux Espagnols en 1574? Aurions-nous eu une dynastie turque 4 siècles durant qui a profondément imprégné les mœurs et coutumes de la Tunisie?
L’étincelle des révoltes
L’histoire est vraiment un éternel recommencement et, n’en déplaise à ceux qui feignent de l’ignorer, les révoltes en Tunisie ont, depuis la nuit des temps, été allumées au cœur du pays berbère par les insurrections d’un peule noble et courageux, orgueilleux et frondeur qui n’a jamais cessé de guerroyer contre les envahisseurs puniques (Massinissa ), romains (Jugurtha ), arabes (Kahena), contre les occupants turcs et français ( Ben Ghedhahem).
Ce n’est pas une coïncidence si la mèche de la fronde anti-Zaba a été allumée, comme aux temps anciens, à Sidi Bouzid, Thala et Kasserine, fief des Frachiche, Majer et Ouled Ayar.
La révolution que nous vivons actuellement est certainement aussi un détail de l’histoire de notre pays, mais qui pourrait dire qu’elle ne pourrait être cruciale pour son avenir? Nos arrière petits-fils jugeront, dans quelques dizaines d’années, si nous avons pris la bonne décision pour engager notre pays sur la bonne voie.
La «tunisianité» c’est la modération, le bon sens, la tolérance, le travail, l’orgueil et la fierté d’appartenir à ce petit pays très singulier et que nous aimons tant. Ne nous laissons pas leurrer par les extrémistes de tous bords, ni par les discours révolutionnaires qui ne sont ni dans nos traditions ni dans nos racines. Ne nous laissons pas berner par les diatribes infécondes et stupides des obscurantistes. Notre «tunisianité», c’est notre islam modéré, ouvert et progressiste, c’est notre tolérance légendaire qui permet à tout un chacun de pratiquer la religion de son choix sans aucun conflit avec les autres et dont la présence hébraïque à Djerba depuis plus de 3 millénaires en est la parfaite illustration.
La «tunisianité» c’est notre parler, unique en son genre, reconnaissable dans le monde entier, savant mélange de berbère, d’arabe et de latin. C’est notre façon de nous habiller, que certains tentent malheureusement, de nos jours, sous couvert de la religion, de nous faire changer. C’est aussi notre façon de vivre ensemble dans la douceur et la quiétude sans soubresauts ni violences sur notre terre au passé millénaire dont le socle historique est exceptionnel. C’est notre vie quotidienne dans nos villes dont les racines sont multiples, souvent berbères et latines, parfois arabisées. On le mesure en passant de Tabarka (Thabraca ) à Bizerte (Hypodiarytus), de Tebourba (Thuburbo Majus) à Tunis (Thunes), de Kelibia (Clupea ) à Nabeul (Neapolis), de Sbeitla (Sufetula) à Kairouan (Quayraouane), de Makthar (Maktaris ) à Gafsa (Kapsa) ou à Gabès (Takapes). Nous sommes multiples.
Gare aux idées rétrogrades et passéistes!
Notre «tunisianité» est notre art culinaire qui nous fait apprécier un bon couscous ou une bonne «âssida» à la semoule (plats berbères), un bon bol de «lablabi» (pois-chiche, turc), un bon «tajine» ou une «ojja» (espagnols) ou un plat de «meloukhia» (égyptien). On ne se lassera jamais d’une pizza napolitaine ou d’un bon plat de spaghetti à l’italienne. On appréciera, en guise de dessert, une «baklawa» (turque), ou un «kaak ouarka» (andalous) ou une Boga Cidre bien acidulée (vraiment tunisienne) agrémentant un «sehan tounsi».
Notre «tunisianité» c’est notre loisir à danser sur un air de «mezoued» (cornemuse arabo berbère), à fredonner les refrains de malouf (andalous) ou les chansons de Oum Kalthoum (l’Egyptienne).
Où pourrait-t-on retrouver une telle diversité? Quel pays arabe, à l’exception peut-être du Liban, pourrait supporter la comparaison au nôtre dans ce domaine? Notre «tunisianité» c’est notre ouverture sur l’Occident, qui est inéluctable, de par notre position géographique et qui se traduit par notre parfait bilinguisme ou trilinguisme qu’on trouve rarement ailleurs et que malheureusement certains courants politiques rétrogrades tentent actuellement de mettre en question.
Notre «tunisianité» c’est est notre ouverture traditionnelle sur l’Occident qui nous permet de nous intégrer partout dans le monde, de prospérer et de réussir quel que soit le pays d’accueil où notre diaspora se trouve.
Notre «tunisianité» c’est notre patrimoine. C’est en faisant référence à notre glorieux passé qu’on peut bâtir notre avenir. C’est en tenant compte de nos spécificités qui nous ont amené là où nous sommes que l’on pourra progresser. Enrichissons-nous encore en puisant dans notre riche patrimoine pour prendre les bonnes décisions. Et gare aux idées rétrogrades et passéistes, aux projets hasardeux et extrémistes. Notre «tunisianité» n’en a cure!
La «tunisianité», un patrimoine en péril?
Tarak Arfaoui écrit - La «tunisianité», voilà un attribut qu’il faudrait créer s’il n’existait pas; il qualifie parfaitement, à mon sens, un pays, un patrimoine, une culture, un état d’esprit , un vécu qui font notre fierté d’être Tunisiens.
Sachez chers amis, si vous n’en êtes pas très conscients, que la Tunisie est un pays exceptionnel, de par sa nature et sa situation géographique, niché tout au bout du promontoire de l’Afrique en plein bassin occidental de la Méditerranée contrôlant le détroit de Sicile, un carrefour de communication unique, stratégique, qui a tout le temps attisé tant de convoitises; la Tunisie est aussi exceptionnelle par son histoire singulière à nulle autre pareille, qui a brassé durant des siècles des civilisations et des cultures de différents horizons produisant un melting-pot humain tout aussi exceptionnel.
Les racines profondes
Aussi, comment pourrions-nous ignorer nos origines et faire table rase de nos racines berbères et numides, qui sont le socle de la Tunisie, ou effacer d’un seul coup 8 siècles de présence punique, ou 7 siècles de présence romaine, 2 siècles de présence vandale et byzantine, plus d’une dizaine de siècles de présence arabe entrecoupés d’afflux de migrants de tous les horizons: Morisques, Italiens, Maltais, Grecs, Espagnols et Levantins de tout bords pendant 4 siècles.
Les conflits incessants, les soubresauts de l’histoire, le mélange des populations les flux et reflux continuels des colonisateurs de notre pays ont façonné en quelque sorte notre «tunisianité». Que de dictateurs, de despotes, de bons gouvernants et de libérateurs la Tunisie a-t-elle connus? Que de sacrifices son peuple a-t- il fait? Que de richesses et de progrès a t il créé?
Parfois, des faits anecdotiques font l’histoire d’un pays: que serait devenue Carthage si les mercenaires de Matho avaient battu Hamilcar Barca dans la bataille de la plaine de l’Ariana en 237 avant J.-C.? Que serait devenue la Numidie si Massinisa n’avait pas trahi Hannibal pendant la bataille de Zama qui a sonné le glas de Carthage et imposé l’impérialisme romain? Les Romains seraient-ils restés 7 siècles durant dans notre pays s’ils avaient perdu? Que serait devenu notre pays si Hassene Ibn Noomane avait rebroussé chemins au centre du pays dès les premières défaites contre les Byzantins, ou si le coriace Sinan Pacha, dans un sursaut d’amour propre, n’avait pas arraché La Goulette aux Espagnols en 1574? Aurions-nous eu une dynastie turque 4 siècles durant qui a profondément imprégné les mœurs et coutumes de la Tunisie?
L’étincelle des révoltes
L’histoire est vraiment un éternel recommencement et, n’en déplaise à ceux qui feignent de l’ignorer, les révoltes en Tunisie ont, depuis la nuit des temps, été allumées au cœur du pays berbère par les insurrections d’un peule noble et courageux, orgueilleux et frondeur qui n’a jamais cessé de guerroyer contre les envahisseurs puniques (Massinissa ), romains (Jugurtha ), arabes (Kahena), contre les occupants turcs et français ( Ben Ghedhahem).
Ce n’est pas une coïncidence si la mèche de la fronde anti-Zaba a été allumée, comme aux temps anciens, à Sidi Bouzid, Thala et Kasserine, fief des Frachiche, Majer et Ouled Ayar.
La révolution que nous vivons actuellement est certainement aussi un détail de l’histoire de notre pays, mais qui pourrait dire qu’elle ne pourrait être cruciale pour son avenir? Nos arrière petits-fils jugeront, dans quelques dizaines d’années, si nous avons pris la bonne décision pour engager notre pays sur la bonne voie.
La «tunisianité» c’est la modération, le bon sens, la tolérance, le travail, l’orgueil et la fierté d’appartenir à ce petit pays très singulier et que nous aimons tant. Ne nous laissons pas leurrer par les extrémistes de tous bords, ni par les discours révolutionnaires qui ne sont ni dans nos traditions ni dans nos racines. Ne nous laissons pas berner par les diatribes infécondes et stupides des obscurantistes. Notre «tunisianité», c’est notre islam modéré, ouvert et progressiste, c’est notre tolérance légendaire qui permet à tout un chacun de pratiquer la religion de son choix sans aucun conflit avec les autres et dont la présence hébraïque à Djerba depuis plus de 3 millénaires en est la parfaite illustration.
La «tunisianité» c’est notre parler, unique en son genre, reconnaissable dans le monde entier, savant mélange de berbère, d’arabe et de latin. C’est notre façon de nous habiller, que certains tentent malheureusement, de nos jours, sous couvert de la religion, de nous faire changer. C’est aussi notre façon de vivre ensemble dans la douceur et la quiétude sans soubresauts ni violences sur notre terre au passé millénaire dont le socle historique est exceptionnel. C’est notre vie quotidienne dans nos villes dont les racines sont multiples, souvent berbères et latines, parfois arabisées. On le mesure en passant de Tabarka (Thabraca ) à Bizerte (Hypodiarytus), de Tebourba (Thuburbo Majus) à Tunis (Thunes), de Kelibia (Clupea ) à Nabeul (Neapolis), de Sbeitla (Sufetula) à Kairouan (Quayraouane), de Makthar (Maktaris ) à Gafsa (Kapsa) ou à Gabès (Takapes). Nous sommes multiples.
Gare aux idées rétrogrades et passéistes!
Notre «tunisianité» est notre art culinaire qui nous fait apprécier un bon couscous ou une bonne «âssida» à la semoule (plats berbères), un bon bol de «lablabi» (pois-chiche, turc), un bon «tajine» ou une «ojja» (espagnols) ou un plat de «meloukhia» (égyptien). On ne se lassera jamais d’une pizza napolitaine ou d’un bon plat de spaghetti à l’italienne. On appréciera, en guise de dessert, une «baklawa» (turque), ou un «kaak ouarka» (andalous) ou une Boga Cidre bien acidulée (vraiment tunisienne) agrémentant un «sehan tounsi».
Notre «tunisianité» c’est notre loisir à danser sur un air de «mezoued» (cornemuse arabo berbère), à fredonner les refrains de malouf (andalous) ou les chansons de Oum Kalthoum (l’Egyptienne).
Où pourrait-t-on retrouver une telle diversité? Quel pays arabe, à l’exception peut-être du Liban, pourrait supporter la comparaison au nôtre dans ce domaine? Notre «tunisianité» c’est notre ouverture sur l’Occident, qui est inéluctable, de par notre position géographique et qui se traduit par notre parfait bilinguisme ou trilinguisme qu’on trouve rarement ailleurs et que malheureusement certains courants politiques rétrogrades tentent actuellement de mettre en question.
Notre «tunisianité» c’est est notre ouverture traditionnelle sur l’Occident qui nous permet de nous intégrer partout dans le monde, de prospérer et de réussir quel que soit le pays d’accueil où notre diaspora se trouve.
Notre «tunisianité» c’est notre patrimoine. C’est en faisant référence à notre glorieux passé qu’on peut bâtir notre avenir. C’est en tenant compte de nos spécificités qui nous ont amené là où nous sommes que l’on pourra progresser. Enrichissons-nous encore en puisant dans notre riche patrimoine pour prendre les bonnes décisions. Et gare aux idées rétrogrades et passéistes, aux projets hasardeux et extrémistes. Notre «tunisianité» n’en a cure !