Nouredine Ben Mansour écrit - La situation née de la chute de l’ancien régime impose une nouvelle répartition régionale qui rompt avec le passé, crée une nouvelle mentalité et met fin au régionalisme.


La Tunisie est divisée depuis longtemps en régions qui  se sont transformées, à l’époque de Bourguiba en gouvernorats. Ces derniers se sont multipliés à l’époque de Ben Ali pour atteindre le nombre de 24. Cet élargissement a été décidé pour des raisons sécuritaires.

Rompre avec l’ancienne mentalité régionaliste
La nouvelle Tunisie ne peut plus supporter la division territoriale actuelle pour plusieurs raisons. La situation née de la chute de l’ancien régime impose une nouvelle répartition régionale qui rompt avec le passé, crée une nouvelle mentalité et met fin au régionalisme aveugle sévissant depuis l’indépendance.
Une nouvelle Tunisie ne pourrait se mettre en place sans l’avènement de régions à la fois solidaires et compétitives, où règne un esprit d’entente et de saine émulation. Des régions qui se complètent et se solidarisent sont les piliers d’un développement économique durable. On doit couper court avec l’ancienne mentalité régionaliste (Sahli, Beldi, 08, Kgb, Jendoubi…) et jeter les bases d’une Tunisie portée par ses régions.
Il semble plus profitable pour le développement économique de procéder à un nouveau découpage territorial, qui doit être en concordance avec les nouvelles orientations économiques que la Tunisie doit adopter. Le souci essentiel de cette nouvelle architecture régionale est de mettre fin, le plus rapidement possible, aux disparités régionales que le pays a connu et mettre sur pied des nouveaux piliers économiques nécessaire pour une compétitivité régionale réussie.
Le nouveau découpage régional doit être dicté par un souci économique et social. Son principal objectif: rapprocher les citoyens les uns des autres et évacuer toute rivalité d’appartenance à telle tribu ou telle famille.
Cette répartition doit inciter les populations vers une nouvelle relation sociale portée par une citoyenneté qui encourage chacun à faire mieux et à être en mesure de réagir pour le bien des autres avec un esprit volontaire et solidaire.
Le nouveau découpage régional permettra à toutes les régions de s’inscrire dans un processus de développement socio-économique, de manière à donner à tous les citoyens dans les régions le droit de contribuer efficacement à l’augmentation de ses revenus par une productivité accrue d’une part et l’amélioration de ses conditions de vie et celle des autres d’autre part.
Cette action dualiste doit être soutenue continuellement par des stratégies et des plans d’action bien ciblés dans le temps, tout en instaurant des indicateurs de mesure propres à chaque région tenant compte de ses spécificités.
Aussi doit-on bien comprendre qu’un nouveau découpage est une opportunité pour mieux combattre la pauvreté et le sous-développement en général. L’exemple des pays asiatiques, qui étaient il y a peu pauvres et affamés, nous incite à en faire un exemple vivant.

Mieux exploiter le potentiel des régions
La Tunisie est appelée à avoir une nouvelle politique de développèrent régional  pour pouvoir améliorer ses performances économiques. Une nouvelle orientation sur d’autres bases, qui tiennent compte de la réalité du pays, doit être adoptée tout en cherchant des chemins qui mènent à la création de la richesse pour la population.
Dans ce sens, il est stratégique d’exploiter le potentiel des régions rurales et de créer des petites entreprises en développant des activités innovantes et novatrices, tout en appuyant une nouvelle stratégie des connaissances et des technologies, à travers toutes les régions de la république et d’une façon efficace.
On oublie souvent que le développement régional, quel que soit le niveau du pays, est tributaire, en premier lieu, de l’établissement de contacts directs et de communications rapides entre les autorités locales, les chefs d’entreprise à différents niveaux, les scientifiques, les universitaires et les institutions de formation. L’accord, la coopération et l’entente entre toutes ces parties sont nécessaires pour un développement régional équitable et porteur.
Pour que les projets de développement régional soient couronnés de succès palpable et immédiat, il est nécessaire que  les richesses et les atouts des régions soient bien définis d’une manière scientifique en établissant des fiches projets bien précis. Toute démarche de la création de la richesse dans n’importe quelle région du pays doit s’inscrire  dans l’action globale de la macroéconomie et la création en continu d’emplois.
La nouvelle politique du développement régional à adopter ne doit pas se limiter à l’approvisionnement en eau et en électricité, comme il se faisait autrefois, ainsi  que les aides insignifiantes à l’occasion des fêtes religieuses. Tout au contraire de cette politique qui vise davantage la propagande que l’efficacité, la nouvelle politique doit être inscrite dans le cadre de la recherche d’une meilleure vie et d’une citoyenneté égalitaire. Elle visera, essentiellement, à donner la possibilité aux populations des régions de l’intérieur de prendre leur propre développement en main. Il faut leur trouver en urgence et en priorité les solutions, adéquates et rapides, aux causes profondes de leur vulnérabilité, notamment l’accès à l’emploi.
On doit aussi aller bien en avant dans le processus de la démocratie, et ce pour pouvoir donner un nouveau souffle qui permettra de renforcer le cadre institutionnel, de hisser la barre plus haut afin d’augmenter les capacités des secteurs privé et public, de rapprocher les programmes sociaux en harmonie avec les besoins et surtout de faire respecter la dignité et les droits de l’homme en son large sens.
La création d’un nouveau modèle économique s’avère urgente et primordiale. En plus, un fonds stratégique d’investissement est nécessaire pour le  développement régional. Ses ressources doivent être réparties sur les régions équitablement.

Trouver le lien entre croissance et le développement
On doit veiller à ce que la future stratégie économique ne soit pas élaborée par les ministres de l’ancien régime ou par les conseillers économiques actuels, car ils étaient de mauvais stratèges dont la tâche essentielle était de fausser les chiffres et de lisser l’image de marque de l’ancien régime.
La stratégie économique de la nouvelle Tunisie doit trouver le lien entre la croissance et le développement économiques. Elle doit-on couper court avec les anciennes pratiques qui cherchent à augmenter les revenus et oublient l’amélioration de la vie des citoyens. Cet ancien modèle de développement a été à l’origine de tous les maux de la Tunisie. Il a créé une classe très aisée (et très minoritaire) et une autre très déprimée (et majoritaire). Les conséquences, on n’a pas tardé à les voir.