Hedi Sraieb, le porte parole du Front de soutien aux sans papiers (Collectif des associations et bénévoles de Paris-Porte de la Villette) appelle à soutenir les sans-papiers Tunisiens en France.
Quelques centaines de Tunisiens sans papiers sont arrivés de Lampedusa dans la région parisienne. Leurs droits les plus élémentaires sont bafoués: ersatz d’hébergement, non accès aux soins, ni à une assistance juridique sérieuse.
Le plus grand nombre vit dans des jardins et des squats sans accès à des conditions sanitaires minimales, souvent traqués et arrêtés par la police. Les autorités françaises font la sourde oreille, et semblent avoir opté pour un pourrissement.
Outre la non-reconnaissance du titre Schengen délivré en Italie, les autorités françaises ont décidé d’ignorer les conventions et protocoles d’accord qui la lient à la Tunisie: les quotas d’immigration fixés à 9.000 emplois dans 74 métiers autoriseraient la régularisation de 6.500 personnes puisque seuls 2.500 emplois ont été pourvus au cours des deux dernières années 2009 et 2010.
«Le droit au retour volontaire», qui donne droit à un montant de 2.000 euros est actuellement gelé.
La seule issue offerte jusqu’ici a été une formule inique indigne et honteuse de retour de 300 euros.
Notre collectif d’associations du Front de soutien aux migrants agit depuis plus de deux mois pour tenter de soulager leurs besoins immédiats:
- intermédiation auprès des rares hébergeurs suite au déblocage d’une subvention de la Mairie de Paris, des pourvoyeurs de nourriture, des permanences ponctuelles de conseils juridiques ou d’assistance médicale, nos propres avocats;
- mise en place de notre propre dispositif d’interventions: mobilisation de bénévoles, d’avocats, de médecins, de pharmaciens, d’infirmières, de bénévoles chargés de fourniture de repas et de vêtements.
Nous les accompagnons tous les jours sur le terrain: pharmacie ambulante, bilan individuel de situation, vœux et projet, construction de CV, et toutes autres démarches individuelles (récupération de leurs papiers: disponibilité de télécopieurs de réception), soutien au remplissage de formulaires administratifs relatifs à l’Aide Médicale d’Etat (nombre d’entre eux contractent des pathologies liées à ces conditions de vie précaire et d’insécurité).
Notre présence permanente ainsi que celles d’autres associations intervenant sur d’autres sites nous conduisent au constat suivant : près de 40 mineurs ne sont pas pris véritablement en charge au-delà du simple hébergement. Nombre d’entre eux sont en mesure de suivre une formation complémentaire qualifiante. Ils disposent le plus souvent d’une première qualification dans le Btp (maçon, couvreur, peintre), dans le tourisme (serveur, cuisinier), dans l’agriculture (participations aux récoltes anticipées).
Plus généralement aussi, nous appelons la communauté tunisienne de Paris et de sa banlieue immédiate, mais aussi en Tunisie, à faire preuve d’une plus grande présence (même indirecte) dans cette crise humanitaire. Elle doit, à l’instar d’autres communautés, manifester plus activement, plus efficacement son soutien et sa solidarité sans faille avec les sans papiers… sous les formes les plus diverses: accueil médical, juridique, dons en nature, assistance au logement, promesses d’embauche.