Ferid Belhaj écrit de Sydney – Cher Ridha Kefi, je viens de lire votre article ‘‘Béji Caïd Essebsi remettra-t-il les Tunisiens au travail?’’. Le titre ne fait pas justice a votre analyse, encore moins à l’ambition de l’action du Premier ministre.


A travers l’action politique, le Premier ministre a donné, comme vous le soulignez, une légitimité, fonctionnelle dites-vous, au gouvernement. C’est vrai. Ce gouvernement, à travers son action et sa présence, a assis une légitimité supérieure à celle des ces entités et autres excroissances bizarres de la révolution qui sont venues, de génération spontanée, chercher quelque lumière. Et qui l’ont bien malheureusement trouvée, puisqu’elles se sont, un moment, mis en tête de gouverner le pays.
Le gouvernement démontre combien il est important, à ce stade de la maturation de l’espace politique, que l’action soit le levier de l’avancée du pays vers un terrain moins meublé et plus sûr.
Bourguiba, le maître à penser de BCE, et très franchement celui de nombreux d’entre les Tunisiens, était dans l’action. En continu. C’est ce qui lui a permis d’approcher, de persuader et de conquérir son peuple. Bourguiba était aussi, je dirais surtout, dans la communication et le contact. C’est une dimension qui laisse à désirer aujourd’hui. Ce contact direct avec le peuple, avec les citoyens.
Bourguiba avait fait de cette interaction permanente et vivante avec les Tunisiens l’un des axes de sa politique, et l’un des piliers de son pouvoir. BCE et ce gouvernement n’y parviennent pas. Et c’est dommage. Ce ne sont pas des briefings hebdomadaires qui feront passer le message. Ce ne sont pas des apprentis communicants polissant leur CV sur le tas qui donneront relief et amplitude au message politique du gouvernement. Ils ne le peuvent pas, ils l’ont prouvé.
Ce sont les politiciens eux mêmes ou à défaut, à ce stade, les ministres, qui doivent porter le message. Ils doivent sortir de leurs cabinets et de leurs bureaux, et aller au contact. Et pas seulement à travers la télévision. Il leur faut parler, et parler encore à ceux qu’ils sont en train de servir, même de manière provisoire et transitoire. Il faut expliquer et convaincre ceux qui les ont mis en position aujourd’hui de changer le cours du destin de la Tunisie. Il faut à nos ministres serrer les mains tendues, et conquérir celles qui ne le sont pas encore.