Monsieur le Premier ministre,
A quelques semaines de l’arrivée massive des Tunisiens de l’étranger, sachant la considération personnelle que vous accordez à notre communauté et à ses compétences, en collaborant étroitement avec des ministres et des cadres, eux-mêmes nés et/ou formés à l’étranger, il est de mon devoir d’attirer votre attention sur le caractère exceptionnel de cette saison et sur le risque qu’une partie de notre communauté ne diffère son retour au pays.
Vous avez été un témoin direct des sacrifices consentis par nos parents, ces immigrés de la première heure partis dans les années 60 pour ensuite pouvoir aider leur pays et leur famille restée au pays. Je constate que depuis le 14 janvier, les générations nouvelles se mobilisent avec à la clé de nouvelles pratiques solidaires: lobbying, investissement, partage d’expertises…Belle aubaine pour le pays!
Sur le chemin de la reconnaissance, il faut saluer le fait historique du vote de notre communauté à l’assemblée constituante du 23 octobre. A ce jour, cette décision que les 1,4 millions de Tunisiens de l’étranger attendaient, n’a été communiquée exclusivement que par voie de presse. Pour pouvoir en apprécier toute la portée, il serait opportun d’en préciser par la voie officielle toutes les dispositions.
D’une façon générale, monsieur le Premier ministre, notre communauté est livrée à elle-même depuis le 14 janvier alors même que la majorité souhaiterait se mobiliser au service du pays.
L’absence de canaux officiels nous met à la merci des médias étrangers dont le traitement de l’information est davantage sensationnaliste qu’objectif. Ainsi, le tableau «afghan» de la situation sécuritaire en Tunisie dépeint par les médias étrangers ne manque pas de susciter craintes, peurs et inhibitions d’envies de retour chez bon nombre de nos concitoyens. Ajouté à cela, une série de signes négatifs (immigrés de Lampedusa, annulation du pèlerinage de la Ghriba…), c’est la peine dans l’âme que certains pourraient décider de différer leur retour au pays.
Pour cette année de transition, le pays doit veiller à mobiliser toutes ses forces vives et recomposer la famille élargie de tous les Tunisiens. En prenant des mesures pour faciliter le retour estival des Tunisiens de l’étranger, l’union nationale serait consolidée et la manne financière certaine.
C’est dans cet esprit que j’ai l’honneur d’attirer votre attention, monsieur le Premier ministre, sur l’opportunité de mettre en place le dispositif incitatif suivant:
- actions de communication destinées à rassurer nos concitoyens de l’étranger sur la situation sécuritaire du pays;
- billets Tunisair et Ctn: application d’une réduction de 20% sur les tarifs actuels et/ou vente à un prix réduit de toutes les places restées invendues au 30 juin 2011;
- hôtels: application d’un tarif pour les Tunisiens de l’étranger prévoyant une remise de 30% sur les tarifs publics;
- ministères et administrations: mise en place de canaux de communication destinés à satisfaire les besoins de notre communauté en matière d’investissements, d’actions de solidarité, participation aux élections…
Enfin, dans les jours prochains, sera lancée une grande campagne citoyenne «Cet été, je rentre » visant à inciter notre communauté à rentrer massivement au pays. Messieurs les ministres Mehdi Houas et Mohamed Ennaceur ont apporté à cette action un soutien sans failles. Il serait salutaire de délivrer à cette occasion un message de considération de la nation pour tous ces citoyens venus aider leur famille et leur pays.
Nous avons beaucoup d’espoir pour cette Tunisie nouvelle.
Respectueusement
* Journaliste-consultant, spécialiste de la communauté tunisienne à l’étranger, éditeur du magazine ‘‘00216’’ et du site ‘‘Tunisiens du monde’’ .