Rafik Souidi écrit – Lorsque, le 17 décembre 2010, Mohamed Bouazizi se lève le matin, il ne sait pas que ce jour n’est pas comme les autres.


Ce jour là, le souci du marchand de légumes c’est de vendre ses tomates et ramener si possible quelques dinars à la maison pour acheter du pain, du lait, du thé et de quoi survivre.
Lorsqu’il allume l’allumette quelques heures plus tard, il ne sait pas qu’il va balayer par son geste les tyrans et autres despotes arabes d’ouest en est. Il ne sait pas qu’il va être éligible à un prix Nobel de la paix à titre posthume ou au titre de l’homme de l’année de ‘‘Time Magazine’’.

L’hirondelle qui fera le printemps
Tout ce qu’il veut c’est vendre quelques tomates. Non, Mohamed Bouazizi ne savait pas que ce jour n’était pas comme les autres et que, contrairement à l’adage, il serait l’hirondelle qui ferait le printemps, le Printemps arabe et au delà.
En effet, ce jour du 17 décembre 2010 n’est pas un jour comme les autres car il correspond au vendredi 10 du mois de Mouharram de l’an 1432 dans le calendrier hégirien. C’est le premier mois de l’année et le jour commémoratif de l’Achoura. Cette date des plus symboliques est celle des révolutionnaires sincères et représente la lutte contre la tyrannie. C’est le jour où les eaux ont laissé le passage à Moise et ses compagnons pour se déverser ensuite sur le Pharaon et son armée. C’est le jour aussi où Hussein fut élevé en martyr à Kerbala car il avait dit non à l'injustice et aux faussaires pour que son sacrifice reste à jamais marqué dans les mémoires.

La mèche le dixième jour de Mouharram
Quand on connait la suite – et ça n’est vraisemblablement qu’un début – avec la fuite du dictateur-policier de Carthage, l’arrestation du dernier pharaon d’Egypte, la descente aux enfers du Roi des Rois d’Afrique à Tripoli, l’hospitalisation du barbouze de Sanaa et son exfiltration en Arabie saoudite, la chute inéluctable du docteur Folamour de Damas, la réconciliation tant attendue des Palestiniens, la panique des Al-Séoud et le remboursement de 100 milliard dollars au peuple, l’affolement du Roi et la promulgation d’une nouvelle constitution au Maroc, les aides sociales à coups de milliards de dollars également en Algérie, le mouvement des Indignés en Europe dans la lignée de la revendication de dignité clamée à Sidi Bouzid...
On peut dire sans nul doute que rien de cela n’aurait été possible en quelques mois si Mohamed Bouazizi n’avait pas allumé la mèche le dixième jour de Mouharram.

Source : Blog Editorial.