En effet, depuis le 14 janvier, le peuple tunisien a découvert les frasques de l’ancien président et sa famille. Un train de vie totalement déconnecté de la vie sociale en Tunisie.
Beaucoup de témoignages ont surgi sur la toile et à la télé, du majordome au garde du corps personnel, tous ont raconté le train de vie bling-bling de l’ex-famille au pouvoir.
Aujourd’hui, la Tunisie cherche à sortir de l’impasse économique et on doit commencer par là où l’on perd de l’argent.
Un gâchis financier
Le palais de Carthage, selon les témoignages recueillis, ne servait au président qu’en tant qu’un médiocre bureau où il passait quelques heures par jours.
Un énorme bâtiment qui s’étend sur quelques hectares de terrain avec une vue imprenable sur la mer et qui compte pour sa seule protection quelques milliers de militaires, membres de la garde présidentielle, mais aussi des techniciens, des jardiniers et des cuisiniers, qui servent une seule personne, le président de la république.
Difficile en ce temps d’accepter des dépenses aussi importantes, surtout pour un pays fragilisé par la révolution et par la crise économique mais aussi par le recul de la croissance et les grèves à répétition.
Il faut tailler dans les coûts, couper véritablement avec l’ancien régime et mettre ce bataillon d’employés qualifiés et gardes surentraînés au service du peuple et non pas d’une seule personne, fut-elle le président de la république.
La situation sécuritaire dans le pays s’est dégradée depuis décembre 2010 et on n’arrive pas à trouver du personnel efficace et qualifié pour lutter contre les vols et les casseurs mais aussi les réseaux de trafic de stupéfiants qui se sont formés le lendemain du 14 janvier profitant du vide sécuritaire en Tunisie.
Il serait plus utile d’intégrer le bataillon de la garde présidentielle à l’armée et aux brigades spéciales de la police pour maintenir la sécurité qui échappe au contrôle.
Un lieu de patrimoine, d’art et de culture
Ce qui frappe le plus c’est qu’au sein de ce palais, totalement inaccessible au public, se trouve une grande partie du patrimoine culturel et historique de la Tunisie, des monuments datant de l’ère carthaginoise telle que la Fontaine aux mille amphores. Un site interdit d’accès vu qu’il se trouve dans la zone de sécurité du palais, sans parler aussi des centaines de tableaux historiques datant de l’époque des beys.
Pourquoi continuer à dérober ainsi aux regards une partie de l’histoire, de la culture et de l’art de ce pays?
Le palais lui même se trouve à proximité des ruines romaines de Carthage, qui constituent un gigantesque musée à ciel ouvert
Aujourd’hui, le pays cherche à diversifier son tourisme, longtemps confiné dans une formule «tout compris» dans une jungle de béton en bord de mer.
Développer un tourisme culturel fort et solide pourra faire booster l’économie du tourisme, améliorer son catalogue de produits touristiques et attirer de nouveaux flux de touristes vers le pays.
Faire en sorte de transformer le palais de Carthage en musée couvert juste à côté de l’autre musée à ciel ouvert serait pour certains une folie. Mais lors des révolutions dans les pays de l’Europe de l’Est, cette idée a trouvé réalisation.
En Roumanie, par exemple, le palais Casa Poporului, ancienne résidence du dictateur Ceausescu et fief du Pcr, l’ex-parti au pouvoir, est devenu aujourd’hui un musée, un jardin botanique, une salle de spectacle et de conférence et un parlement.
Pourquoi aller très loin? Le musée du Bardo, l’un des plus grands musées de l’Afrique, juste après celui du Caire, n’avait-il pas été la résidence des beys de Tunis? Pourquoi la Tunisie post-révolution ne ferait elle pas la même chose?
* Etudiant à la Faculté de pharmacie de Cluj en Roumanie.