Une fois cette phase de la révolution réussie, certains ont vu, ou bien ont voulu voir et essayé de faire croire que cette coïncidence «jour-réussite» a une signification surhumaine puisque le vendredi est le jour saint des musulmans. De là à croire et à faire croire que c’est un signe qui vient du ciel il n’y a qu’une marche à gravir. Les «pseudo-révolutionnaires, ingénieurs des travaux finis» l’ont gravi.
Coup de sabots contre bombes lacrymogènes
Egyptiens, Yéménites, Libyens et Syriens ont profité de l’occasion «Vendredi» pour faire un vendredi du million, un autre de la colère, puis celui du départ ainsi que d’autres très chers à la chaîne satellitaire Al Jazira et consœurs… Alors pourquoi ne pas organiser chez nous le «Vendredi Kasbah 3»? Vu que des groupes extrémistes ont vu leurs tentatives «Vendredi prière sur l’avenue Bourguiba» vouées à l’échec.
Certains esprits de chez nous, bien inspirés des slogans des pays «frères et amis», mais aussi mal intentionnés envers leur pays, ont suggéré le jour du vendredi pour le sit-in Kasbah-3. Accusé d’avoir préparé ce coup et poussé au sit-in, le parti des cheikhs vénérables proteste, crie son innocence sur les voix de certaines radios mais approuve quand-même l’organisation de la manifestation et affirme son soutien aux revendications des jeunes et reconnait leur légitimité.
C’est comme quelqu’un qui dit ne pousser personne à commettre un délit, mais qu’il approuve l’acte, le soutient et donne raison au délinquant. Une bonne logique qui aide à déstabiliser les gouvernants.
Une bonne partie des «sit-inners» est tombé dans le piège, ignorant peut-être que des «fidèles» vont se joindre à eux après la prière sacrée du vendredi, non seulement pour gonfler les rangs, mais aussi pour semer les troubles et foutre la pagaille. La preuve, les fidèles ont attaqué les policiers à coup de sabots provoquant la réaction aux bombes lacrymogènes.
Casser du journaliste
D’après les journalistes, la réaction des policiers a été démesurée et sauvage, puisque eux-mêmes ont subi des «agressions policières graves». Peut-on dire que les journalistes ont provoqué les forces de l’ordre? La police est-elle tombée dans le piège de la provocation pour réagir aussi violemment qu’on le décrit? Existe-t-il au sein des forces de l’ordre des éléments aussi mal intentionnés qui cherchent à nuire à leur ministère de tutelle en «cassant» du journaliste? Ces forces ont-elles reçu la formation adéquate «humaine» pour gérer des situations aussi sensibles? On n’en sait rien, mais il est certain que l’agression des journalistes reste inadmissible.
Tout le monde est obligé de croire les journalistes, parce que c’est la seule source d’information qui existe actuellement. Ils ont actuellement tous les moyens de s’exprimer librement et à leur guise, journaux, radio, télé. Ils font ce qu’ils veulent de l’information, la gonfler, l’amoindrir, l’élargir, la raccourcir…
D’un autre côté, on parle peu ou pas de ce que subissent les forces de l’ordre, parce que l’on a décidé que c’est la force contre la faiblesse, mais on oublie que c’est l’ordre contre le désordre.
Revenons maintenant aux revendications des protestataires. Sont-elles bien fondées et vraiment légitimes comme le prétendent les cheikhs et quelques chefs de partis soi-disant démocrates? Sont-elles réellement constructives à trois mois des élections de la constituante ou bien sont-elles en train d’essayer de défoncer des portes ouvertes sinon que des prétextes pour faire installer le désordre et nuire à l’économie du pays et sa stabilité.
Le médecin et le religieux
A mon avis avec ce «Vendredi» 15 Juillet, on cherche à nous piéger par un dispositif mis au point par une intelligence sournoise, manipulatrice, mal intentionnée et destructrice. Le pays tout entier semble être victime d’une force qui se cache sous le manteau du Tartuffe. Il n’y a qu’à entendre les rumeurs qui circulent concernant les agressions verbales que subissent des femmes dans la rue, les interventions ponctuelles de barbus dans les fêtes privées et sur les plages et j’en passe! Le pays a besoin d’être vigilant et d’opposer à ce dispositif une intelligence constructive et bienveillante.
Imaginons un malade qui a à son chevet un médecin et un religieux. Le premier qui lui donne de l’espoir avec ses soins et le second lui procure la peur et le désarroi d’un au-delà proche qui l’attend impatiemment. Alors, à nous pays malade, de choisir entre l’espoir et la peur.