Ali Ben Mabrouk écrit - Le mouvement Ennahdha soutient les mouvements des jeunes mais condamne toutes formes de violences perpétrées par les agents de l’ordre.


Le parti islamiste tunisien dénonce aussi le retour de  l’ordre politique, la police de la torture et les répressions musclées des manifestations pacifiques avant qu’elles n’aient eu lieu.
D’après Rached Ghannouchi,  l’usage des bombes lacrymogènes est de nouveau mis sur la sellette. Gare à celui qui ose tenir tête aux agents de l’ordre, il sera matraqué, bâillonné et torturé à mort. L’un des manifestants arrêtés et malmenés par la police a été admis en urgence à l’hôpital suite aux coups reçus, son père l’a visité et il est venu parler de son état lamentable lors de la conférence de presse donnée par Ennahdha mardi.

La déception des jeunes
Les sit-in, aux yeux d’Ennahdha, ce sont des évènements qui se déroulent dans la rue, leurs effets sont secondaires et ils sont en général organisés par des jeunes qui n’appartiennent à aucun parti. Ennahdha les soutient mais ne les cautionne pas, car un mouvement aussi structuré, annonce ses revendications par le biais d’actions politiques, par l’encadrement, la formation et l’orientation vers les solutions pacifiques. Il est vrai que les jeunes d’Ennahdha sont présents dans chaque manifestation car leur parti ne peut pas rester à l’écart de la vie politique, à l’écart des revendications des opprimés et des démunis.
Les jeunes d’aujourd’hui sont déçus par les tournures que la révolution est en train de prendre. Ils se sentent mal récompensés pour les sacrifices qu’ils ont consentis. De plus en plus de mauvaises graines du temps perdu commencent à réapparaitre sous de nouveaux visages, comme si leurs méfaits ont été effacés.
Le gouvernement et le Premier ministre affirment, sans apporter la moindre preuve, que des partis extrémistes cherchent à perturber l’ordre établi, déstabiliser l’Etat et renverser le régime. Béji Caid Essebsi n’a pas jugé bon de demander des excuses aux journalistes qui ont été malmenés par les agents de l’ordre. La seule note positive dans ce discours est le maintien de la date du 23 octobre 2011 pour y tenir les élections, mais pour M. Ghannouchi l’inscription aux listes électorales est une démarche en plus, qui n’a aucune utilité et risque de perturber encore une fois le bon déroulement de la campagne pour les élections.
Ce que M. Ghannouchi a omis de mentionner, c’est surtout l’objet de tous ces sit-in, si l’Etat est en mesure de supporter à présent toutes ces manifestations, soi-disant pacifiques et qui tournent la plupart du temps en règlements de compte entre partis avides de succès populaires.
On reproche à la police l’usage de la force contre les assaillants, qui veulent brûler les postes de police, les sièges des gouvernorats ou des délégations. On s’indigne contre la police lorsqu’elle envahit des lieux du culte, mais on ferme les yeux sur ceux qui jettent des pierres à partir des mosquées comme ce fut le cas à la Kasbah quand plusieurs voitures garées devant la mosquée ont été endommagés par les jets de pierres.

Moussa El Hadj et non El Hadj Moussa
On s’insurge contre la police lorsqu’elle tabasse des journalistes comme si ces derniers peuvent être épargnés lors des manifestations. On oublie aussi les honnêtes citoyens qui subissent parfois des coups, alors que leur seul tort c’est de se trouver aux mauvais endroits lors des moments mal choisis.
M. Ghannouchi affirme que son parti n’est pas impliqué dans ces violences, mais il semble être bien informé de tout ce qui se passe dans les différentes villes qui ont été secouées par ces affrontements. Il suit en temps réel les détails des agressions subies par les agents de l’ordre ainsi que les dégâts occasionnés aux paisibles passants. S’il est si bien informé c’est qu’il dispose d’antennes bienveillantes dans toutes les régions qui le tiennent au courant de tout ce qui se passe dans ces contrées.
M. Ghannouchi l’a répété à deux reprises, Ennahdha soutient les sit-in mais ne les organise pas, des manifestations qui cherchent avant tout à causer la perte du gouvernement provisoire, comme ce fut le cas du temps de Mohamed Ghannouchi, on peut comprendre d’ore et déjà que M. Caid Essebsi est le prochain sur la liste du départ.