Walid K. écrit – Mehdi Houas, ministre du Commerce et du Tourisme confirme: la saison estivale est un échec. Mais à qui à la faute?


On aurait pu croire que l’après révolution tunisienne engendrerait la renaissance du pays, que les choses se débloqueraient enfin dans nombre de secteurs et que l’on aurait tous le cœur à la fête.
C’était sans compter les dommages collatéraux d’un tel soulèvement aussi populaire soit-il, notamment la chute abyssale du tourisme dont aucun ne peut se passer ici. Le tourisme fait vivre directement ou indirectement tous les Tunisiens de près ou de loin.

Une campagne de promotion à 60 millions d’euros
Heureusement, M. Houas avait la solution, elle était simple: il fallait faire des campagnes de promotion dans les pays que l’on désirait rassurer et tout redeviendrait progressivement comme avant ou presque! D’ailleurs le ministre l’avait dit en février dernier, s’il échouait, il rendrait son tablier! «Nous avons, montre en main, quatre semaines pour remettre notre tourisme sur pied, si nous n’y arrivons pas, eh bien vous ne me reverrez plus, et il faudra alors me remplacer!».
60 millions d’euros plus tard (120 millions de dinars), le constat est amer, la campagne de promotion n’a pas su séduire. Mais était-ce une campagne de promotion qui allait remettre le tourisme tunisien sur les rails? Ça paraissait si simple!
Seulement le tourisme aujourd’hui ce n’est plus uniquement «on va sur internet choisir un package all inclusive!», c’est aussi de plus en plus des voyages de dernière minutes concoctés soi même sur un week-end ou quelques jours; et cette clientèle-là, qui s’organise toute seule, du billet d’avion à la réservation de l’hôtel, est complètement exclue en Tunisie!
Qui aurait envie de venir passer un week-end tunisien – histoire de prendre la température, de tâter l’ambiance par exemple – quand le billet d’avion flirte ou dépasse les 400 euros et qu’au final pour emmener madame tout compris, ça avoisine ou dépasse les 1.000 euros? Personne!
Qui aurait eu envie de venir en Tunisie, au vu des événements qui s’y passe et de la desserte aérienne si pauvre, sachant qu’en cas de problème, il n’aurait la possibilité de compter que sur les avions affrétés par les tours opérateurs?
Quel Européen, à qui on a dit que la Tunisie a changé, aurait été rassuré de voir que cette Tunisie post révolution n’a toujours pas ouvert ses portes à tous ceux qui veulent investir, McDonald’s, Easyjet, etc., et qu’en fin de compte peu de choses y ont évolué?
Parce que les gens sont désormais très bien informés avec internet, ils préféreront dépenser leur 400 euros pour une semaine de vacances tout compris en Espagne, en Crête ou en France plutôt qu’en Tunisie, si la Tunisie justement ne s’ouvrirait pas fondamentalement!
La Tunisie a de nombreux aéroports, parfois de tout beaux, de tout neufs, comme le Terminal 2 à Tunis, qui ne retient même pas les chauffeurs de taxis à la recherche de petites courses; et pour cause, il n’y en a pas ou peu, et Enfidha qui s’ennuie faute d’avions !

En attendant la flexibilité et les bons prix
N’aurait-il pas été plus profitable pour relancer le tourisme de faire enfin entrer dans la danse Easyjet & Co. via l’Open Sky, maintes et maintes fois repoussée?
Ce qu’attend le vacancier ce n’est pas qu’on l’appâte avec de beaux spots publicitaires sur sa chaîne de télévision après qu’au journal du soir on lui ait raconté qu'il y avait encore des problèmes dans le pays et dans toute la région.
Ce qu’il attend c’est de la flexibilité et des bons prix, l’aventure, la liberté !
Alors pourquoi avoir préféré dépenser aux frais des Tunisiens autant de millions – sans résultats – plutôt que d’avoir autorisé l’Open Sky et laissé les compagnies se charger elles-mêmes de la communication, même pour commencer le temps d’un été? Pourquoi nous dit-on ici et là que l’Open Sky ne sera sans doute pas opérationnel avant fin 2012? Est-ce à cause de pressions? Est-ce pour ne pas mettre en difficulté Tunisair? Que nous cache-t-on? Qui décide, qui dirige en Tunisie? Il faut cesser cet attentisme et agir dans l’intérêt national, non pas pour l’intérêt de quelques uns.
Pendant que la majorité des pays touristiques, dont le Maroc, se font déverser somme de quidams chaque jour par les compagnies low-cost, la Tunisie ignore et laisse le chômage, la colère et le désespoir envahir tous ceux que le tourisme faisait vivre jadis et que les difficultés de cette activité rendent malheureux aujourd’hui.
La Tunisie n’a plus besoin de paroles. Elle a besoin d’actes forts, de vraies solutions, de changements profonds favorables aux investisseurs, de gens compétents qui ne font pas de la politique en dilettante.
En attendant Air France a annoncé qu’elle proposerait très prochainement des Marseille-Tunis à 81€ TTC et que suivront beaucoup d’autres destinations vers Tunis à prix low-cost via ses nouvelles bases provinces. Air France peut le faire parce que la compagnie a les autorisations de voler en Tunisie, mais quid des autres?