Kilani Bennasr* écrit - Depuis des mois le sud-est tunisien est de plus en plus agité et instable, une situation imposée par le conflit libyen et par les puissances occidentales, soutenues par les riches pays du Golfe.
Au passé, quand la Tunisie avait prêté main forte à l’Algérie, c’était pour soutenir sa résistance contre le colonialisme. Dans le cas de la Libye, c’est différent puisqu’il s'agit d’un conflit interne.
Au début de ce conflit, après quelques semaines de révolte «à la tunisienne», les Libyens ne réussissent pas à écarter Kadhafi, au pouvoir depuis plus de quarante ans.
Dans la foulée, des groupes armés de diverses fractions, formés de jeunes recrues sans formation militaire complète, entament à la hâte une offensive visant le contrôle de toutes les villes libyennes, y compris les installations pétrolières. Les forces aériennes françaises, suivies des forces anglaises et américaines se sont attribuées la mission de couverture aérienne et d’attaque d’objectifs terrestres.
Une guerre larvée
Cependant, il semble que le but recherché de l’action de l’Otan n’est pas de renverser le régime de Kadhafi mais de mettre la main sur les puits et les vannes de pétrole et gaz libyens, comme se fût le cas en Irak.
Quelques mois de conflit suffisent pour mettre à l’évidence la suprématie aéronavale de l’Otan: plus de la moitié du potentiel militaire de Kadhafi est détruit ou neutralisé.
La bataille terrestre est différente, les insurgés libyens bénéficiant de l’appui aérien réussissent difficilement à progresser vers Tripoli. Ils essuient de lourdes pertes en hommes et en matériels militaires face à une armée de métier libyenne entraînée. Les forces de Kadhafi repoussent les attaques terrestres, harcèlent les insurgés et, sans l’appui militaire occidental, ces derniers ne seraient pas en mesure d’arriver aux confins de Tripoli.
Par ailleurs, Kadhafi et ses troupes loyales attirent la sympathie nationale libyenne et internationale par leurs capacités d’agir partout en Libye avec de faibles moyens et par leur résistance à l’armada de l’Otan et aux «collaborateurs» libyens.
Le monde entier est aussi témoin de la discorde au sein des insurgés et du gouvernement provisoire qui s’avère non représentatif de tous les Libyens et dénué d’autorité sur certaines fractions extrémistes qui lui échappent.
A l’heure actuelle la situation est confuse et même si Kadhafi choisirait l’exil, ou partirait pour une raison ou une autre, il restera du chemin à faire pour réunifier les Libyens et pacifier le pays. Sachant que le long de son histoire, la Libye actuelle a toujours été divisée en deux provinces distinctes, la Cyrénaïque et la Tripolitaine, elle ne s’est unifiée que sous l’occupation italienne.
En attendant le retour de la paix, les pays limitrophes de la Libye et particulièrement la Tunisie, devraient prendre leur mal en patience car leur économie et leur sécurité continueraient à souffrir tant que le spectre de la guerre règne sur la région.
Des scénarios possibles
La guerre «internationalisée», en Libye, menace l’indépendance de la Tunisie et sa sécurité intérieure parce qu’elle a démarré sans étude stratégique préalable globale, voire sur un «coup de tête» du président Sarkozy. La priorité était devancer Kadhafi pour défendre la ville «rebelle» de Benghazi.
En effet, l’Occident se soucie peu de la partition de la Libye et de tout changement éventuel dans la géographie des Etats du Maghreb, mis à part le Maroc, pour le moment.
Tout faux pas de la part des Tunisiens durant ce conflit coûterait cher et ses conséquences persisteront des générations.
Depuis le 14 janvier, tous les pays riches sont plus rigoureux avec la Tunisie et la plupart des promesses sont au stand-by.
Pour cela, le gouvernement tunisien, fragilisée depuis le 14 janvier, devrait repenser sa stratégie, la guerre civile en Libye pourrait engendrer une situation de paix et un eldorado pour toute la région du sud-est comme elle pourrait générer d’autres conflits de faibles et moyennes intensités.
Dans tous les cas la Tunisie bénéficierait mieux d’un scénario, exceptionnel, avec la partition de la Libye en deux Etats, la Cyrénaïque et la Tripolitaine, Seif El Islam ouvant être le chef d’Etat de cette dernière.
Ainsi, Tunis et Tripoli qui partagent plus de huit siècles d’histoire commune, sous différents royaumes, se remettraient tout de suite à réparer les dégâts et reconstruiraient deux Etats voisins modernes.
* Colonel retraité.
La partition de la Libye serait-elle avantageuse pour la Tunisie ?
Kilani Bennasr* écrit - Depuis des mois le sud-est tunisien est de plus en plus agité et instable, une situation imposée par le conflit libyen et par les puissances occidentales, soutenues par les riches pays du Golfe.
Au passé, quand la Tunisie avait prêté main forte à l’Algérie, c’était pour soutenir sa résistance contre le colonialisme. Dans le cas de la Libye, c’est différent puisqu’il s'agit d’un conflit interne.
Au début de ce conflit, après quelques semaines de révolte «à la tunisienne», les Libyens ne réussissent pas à écarter Kadhafi, au pouvoir depuis plus de quarante ans.
Dans la foulée, des groupes armés de diverses fractions, formés de jeunes recrues sans formation militaire complète, entament à la hâte une offensive visant le contrôle de toutes les villes libyennes, y compris les installations pétrolières. Les forces aériennes françaises, suivies des forces anglaises et américaines se sont attribuées la mission de couverture aérienne et d’attaque d’objectifs terrestres.
Une guerre larvée
Cependant, il semble que le but recherché de l’action de l’Otan n’est pas de renverser le régime de Kadhafi mais de mettre la main sur les puits et les vannes de pétrole et gaz libyens, comme se fût le cas en Irak.
Quelques mois de conflit suffisent pour mettre à l’évidence la suprématie aéronavale de l’Otan: plus de la moitié du potentiel militaire de Kadhafi est détruit ou neutralisé.
La bataille terrestre est différente, les insurgés libyens bénéficiant de l’appui aérien réussissent difficilement à progresser vers Tripoli. Ils essuient de lourdes pertes en hommes et en matériels militaires face à une armée de métier libyenne entraînée. Les forces de Kadhafi repoussent les attaques terrestres, harcèlent les insurgés et, sans l’appui militaire occidental, ces derniers ne seraient pas en mesure d’arriver aux confins de Tripoli.
Par ailleurs, Kadhafi et ses troupes loyales attirent la sympathie nationale libyenne et internationale par leurs capacités d’agir partout en Libye avec de faibles moyens et par leur résistance à l’armada de l’Otan et aux «collaborateurs» libyens.
Le monde entier est aussi témoin de la discorde au sein des insurgés et du gouvernement provisoire qui s’avère non représentatif de tous les Libyens et dénué d’autorité sur certaines fractions extrémistes qui lui échappent.
A l’heure actuelle la situation est confuse et même si Kadhafi choisirait l’exil, ou partirait pour une raison ou une autre, il restera du chemin à faire pour réunifier les Libyens et pacifier le pays. Sachant que le long de son histoire, la Libye actuelle a toujours été divisée en deux provinces distinctes, la Cyrénaïque et la Tripolitaine, elle ne s’est unifiée que sous l’occupation italienne.
En attendant le retour de la paix, les pays limitrophes de la Libye et particulièrement la Tunisie, devraient prendre leur mal en patience car leur économie et leur sécurité continueraient à souffrir tant que le spectre de la guerre règne sur la région.
Des scénarios en cours
La guerre «internationalisée», en Libye, menace l’indépendance de la Tunisie et sa sécurité intérieure parce qu’elle a démarré sans étude stratégique préalable globale, voire sur un «coup de tête» du président Sarkozy. La priorité était devancer Kadhafi pour défendre la ville «rebelle» de Benghazi.
En effet, l’Occident se soucie peu de la partition de la Libye et de tout changement éventuel dans la géographie des Etats du Maghreb, mis à part le Maroc, pour le moment.
Tout faux pas de la part des Tunisiens durant ce conflit coûterait cher et ses conséquences persisteront des générations.
Depuis le 14 janvier, tous les pays riches sont plus rigoureux avec la Tunisie et la plupart des promesses sont au stand-by.
Pour cela, le gouvernement tunisien, fragilisée depuis le 14 janvier, devrait repenser sa stratégie, la guerre civile en Libye pourrait engendrer une situation de paix et un eldorado pour toute la région du sud-est comme elle pourrait générer d’autres conflits de faibles et moyennes intensités.
Dans tous les cas la Tunisie bénéficierait mieux d’un scénario, exceptionnel, avec la partition de la Libye en deux Etats, la Cyrénaïque et la Tripolitaine, Seif El Islam ouvant être le chef d’Etat de cette dernière.
Ainsi, Tunis et Tripoli qui partagent plus de huit siècles d’histoire commune, sous différents royaumes, se remettraient tout de suite à réparer les dégâts et reconstruiraient deux Etats voisins modernes.
* Colonel retraité.