Le peuple tunisien à fait sa révolution et ce n’est que le premier pas vers le modèle de société convoité. Ses aspirations sont légitimes. Il veut vivre dans une société libre et démocratique, débarrassée de toute forme l’autoritarisme fasciste. Il faut alors qu’il se montre capable de savoir choisir le type de démocratie qui lui serait convenable.
L’élite usurpe la volonté du peuple
Actuellement, un malentendu s’installe entre la volonté du peuple de jouir de son droit de participer à la conduite des affaires du pays et la volonté de la classe politique qui ne souhaite qu’arriver au pouvoir usurpant au passage et sans vergogne la voix du peuple. C’est que pour cette classe politique, la démocratie n’est qu’un moyen de transport vers le pouvoir. Ce malentendu est conforté par l’absence de débat public sérieux révélant la façon de mettre en place une démocratie utile pérenne et efficace. Il laisse planer le doute sur la nature de la relation des partis politiques avec les citoyens, une fois ces partis arrivés au pouvoir.
Les prochaines élections déboucheraient sur la rédaction d’une nouvelle constitution. Il parait alors impératif que dans celle-ci, le citoyen soit replacé au centre de toute l’organisation politique du pays. La citoyenneté, le seul dénominateur commun qui réunit ce peuple, doit être élevée au rang qui lui sied.
La révolution qui vient d’avoir lieu était pour des valeurs citoyennes. Le peuple qui a chassé le dictateur a exprimé son désir d’équité et de développement porteur d’espoir et de prospérité. Il a exigé d’accéder à des conditions de vie dignes, au travail, aux soins, à l’éducation et surtout de ne plus être marginalisé et d’avoir un mot à dire dans la conduite de son pays.
A notre avis, en plus de l’instauration d’une démocratie permettant à chaque région du pays de pratiquer une démocratie locale qui s’articule autour de structures élues, il faut mettre en place une démocratie participative qui permettrait aux citoyens de participer activement dans la gestion de l’espace publique.
Cette démocratie participative est définie comme une forme de partage et d’exercice du pouvoir fondée sur le renforcement de la participation des citoyens à la prise de la décision politique. Ainsi le citoyen devient acteur de la décision politique de façon directe et pousse les élus à plus de transparence dans l’action publique. Le citoyen devient aussi juge de l’efficacité et de l’implication de ceux pour qui il a donné sa voix.
Les mécanismes de cette démocratie participative se présentent sous plusieurs aspects.
- Les citoyens sont consultés directement soit pour l’identification de projets locaux, soit pour le choix de projets à réaliser parmi ceux identifiés par les élus locaux.
- Les citoyens sont amenés à choisir ou à se concerter sur le choix d’une solution pour une problématique régionale à laquelle des experts ont proposé diverses solutions.
- Un échantillon représentatif de la population d’une région est consulté à propos d’une action à entreprendre. Par la suite, il sera procédé à l’élaboration de pistes de solutions. La population est invitée à donner son avis sur les diverses solutions proposées. Les élus politiques opèrent la décision finale.
Garantir l’implication du citoyen dans la vie publique
Ces mécanismes, qui ne sont pas exhaustifs, recentrent l’action politique autour de l’implication du citoyen dans les affaires publiques qui le concernent directement. L’action politique redevient alors pour le citoyen et se concrétise par le citoyen. L’élu politique devient ainsi un déclencheur d’action.
Il est toutefois important de signaler que cette forme de démocratie qui consacre le plus les valeurs citoyennes n’est pas exempte d’inconvénients. Dans certains pays qui l’ont adoptée, il a été constaté une dérive dans sa pratique. C’est qu’au lieu d’une participation citoyenne de fait, elle glisse vers une participation de principe. C’est-à-dire qu’elle se transforme en une contrainte administrative et perd son intérêt premier qui est d’impliquer le citoyen. De même elle est à l’origine de lourdeur dans la réalisation de certains projets par l’allongement des délais de passage à l’action. Pour cette raison, à notre avis, elle doit être réservée aux choix stratégiques et aux projets les plus importants qui impactent le plus la vie des citoyens et les budgets régionaux.
La mise en place d’une démocratie locale et surtout sa composante participative doit être un important chapitre de la future constitution. Elle garantie l’implication du citoyen dans la vie politique publique. Elle l’érige en un acteur principal de la conduite et du développement du pays et en juge de l’implication et de l’efficacité des élus qui seront mis face à face avec leurs promesses électorales
Source : ‘‘Alliance démocratique’’.