Salem Ben Ammar écrit – On doit rendre hommage à l’armée tunisienne et redonner l’espoir aux Tunisiens. Ce sera salutaire pour tout le monde de renouer avec l’esprit de la révolution.
Sans aucun doute, la Révolution du Jasmin n’aurait jamais abouti sans le sens de l’engagement patriotique et l’attachement indéfectible de l’armée nationale tunisienne aux valeurs républicaines et démocratiques, celles du respect total et absolu de la vox populi.
Liberté, dignité, fierté
Sans l’armée, qui a contrevenu et désobéi aux ordres du chef suprême des armées aux termes de la constitution tunisienne que fut le despote déchu Ben Ali, cette révolution n’aurait jamais vu le jour. Quels que ce soient les symboles que certains lui accolent, elle ne peut pas être un symbole. Ce serait réducteur et indigne de son rang. Elle est l artisan majeur de cette révolution des indignés. Mais pas seulement que cela: le 14 janvier, elle a rendu sa fierté nationale à un peuple, donné du sens au sentiment d’appartenance nationale, qui semble avoir souvent fait défaut aux Tunisiens.
Ce jour là, plus que quiconque, c’est cette armée républicaine qui a fécondé la nation tunisienne en devenir. C’est grâce à elle et à personne d’autre que le vent de la liberté – inédit dans l’histoire du pays – a enfin soufflé sur la Tunisie.
Si la Tunisie n’est plus regardée avec condescendance à la limite du mépris, elle le doit à son armée et cette relation symbiotique et fusionnelle entre un peuple éternel colonisé et frustré depuis toujours et une armée que l’on croyait moribonde et qui elle-même était meurtrie et opprimée par le despote déchu. Aujourd’hui, sans risque de se tromper, l’armée tunisienne a permis à la Tunisie de faire son entrée dans le concert des nations majeures dont les noms sont gravés dans le marbre des pays phares des plus grandes révolutions universelles, celles qui ne sont ni dédiées à une idéologie politique ni une croyance religieuse. La révolution des indignés est, à juste titre, la première révolution de caractère non ouvertement politique au service des intérêts particuliers instrumentalisant leurs peuples.
Une armée au service d’un peuple
Les mérites de cette armée citoyenne, cette armée au service d’un peuple dont elle est l’émanation et le phare, sont incommensurables et qu’à défaut du Prix Nobel de la Paix qu’elle mériterait amplement, pour avoir épargné au pays un bain de sang à la Syrienne, elle devrait se voir décerner le prix de l’Humanisme du siècle des lumières ou celui du Mahatma Gandhi pour le respect de la vie humaine et du dévouement sans faille pour la cause du peuple.