Nasreddine Montasser écrit – Les partis politiques doivent replacer les citoyens au centre de leur intérêt. Comme acteurs et décideurs, et non comme simples électeurs.


Aujourd’hui, je suis d’humeur à être optimiste. J’ai réellement envie de croire que la révolution du jasmin porterait ses fruits et qu’après une période de flottement compréhensible on va tous se consacrer à l’édification d’un pays moderne et démocratique. J’ai aussi envie de croire que le bon sens triomphera à la fin et que nous allons tous nous unir et transcender nos divergences  artificielles.

 

Faire l’économie de la réinvention de la roue
Alors souhaitons que les Rcdistes se mettraient définitivement dans la tête que leur temps est révolu. Que les anarchistes d’extrême-gauche abandonneraient leur illusion d’une révolution continue et éternelle. Que les nationalistes arabes se rendraient compte que Nasser est bel et bien mort depuis bientôt un demi-siècle et qu’il a été enterré avec son rêve chimérique d’une nation arabe unie de l’océan au golfe. Que les communistes feraient le deuil du bolchevisme léniniste trotskiste passé par la trappe de l’Histoire en un peu moins d’un siècle. Que les capitalistes libéraux comprendraient enfin que la voracité immorale de leur idéologie finirait par être fatale pour eux aussi.
Souhaitons enfin que les islamistes abandonneraient leur projet, à peine caché, de détruire définitivement et irrémédiablement ce pays, de déraciner l’arbre qui nous abrite depuis plus de trois millénaires, de nous réduire à un troupeau aveugle de barbus et de voilées bon pour le sacrifice sur l’autel de l’ignorance et la bêtise, d’élaguer une culture riche et plurielle au risque de l’anéantir à jamais.
Oui, je suis optimiste et je croie en la démocratie. Mais quelle démocratie devrions- nous mettre en place? Quelle démocratie choisir?
D’abord, il me parait bon de rappeler que pour adopter réellement la démocratie comme mode de gouvernement, la société doit accepter, à mon sens, trois règles fondamentales: la séparabilité de ses composantes, le respect de sa topologie et le choix de régularité minimale pour les solutions à ses problèmes.
Ensuite, venons à la démocratie. En elle-même, cette notion, ses fondements et ses mécanismes ont beaucoup évolué au fil du temps. Si un pays comme le nôtre s’essaie de la découvrir. D’autres ont vécu toutes ses étapes. Alors nous pouvons faire l’économie de la réinvention de la roue et passer directement aux choses utiles.
Nos partis politiques, jeunes et sans expérience, pensent qu’il leur reviendra nécessairement le droit (et non le devoir?!) de gouverner ce pays. Obnubilé par le pouvoir, ils nous miroitent leur attachement à la démocratie sans prendre la peine de nous préciser laquelle. C’est qu’à leurs yeux, nos voix ne sont qu’un moyen de transport pour le pouvoir et eux savent bien le monter. Ce qu’ils veulent c’est que nous leur déléguions ce pouvoir et une fois élus, ils représenteront la volonté générale, voteront les lois et nous gouverneront. C’est ce qui est communément appelé, la démocratie représentative et aussi la démocratie délégative.

Pour une démocratie participative
Cette forme de concevoir et de pratiquer la démocratie a démonté ses limites et ses dérives. Ses conséquences se sont avérées désastreuses et ont produit une véritable répulsion envers la vie politique. Cette forme de démocratie crée une déconnexion totale entre l’électeur et l’élu, une incapacité à mettre en place des programmes cohérents et n’apporte pas de réponses aux attentes de la population.
Aujourd’hui, nous avons la possibilité de choisir. Nous devons donc demander, réclamer, se mobiliser pour une démocratie participative qui est une forme de partage et d’exercice du pouvoir. Elle est fondée sur le renforcement de la participation du citoyen à l’exercice de la prise de décision politique. Le citoyen doit recouvrir sa place au centre de l’action politique. C’est lui le donneur d’ordre, le consommateur final et le juge des faits de l’intérêt général. Les choix politiques doivent être faits pour lui et surtout avec lui.
La démocratie participative s’appuie sur la participation active du citoyen, sur la moralisation de la vie commune, sur la responsabilisation du citoyen pour ces choix. Le citoyen s’engage dans la recherche de solutions adaptées à ses problèmes et sa participation n’est pas réduite au simple don d’opinion.
Les mécanismes de cette forme de démocratie sont multiples. Il nous incombe donc à tous, dans cette phase cruciale de notre histoire de nous monter optimiste en l’avenir et en l’intelligence de nos concitoyens. Nous devons aussi, nous engager dans la vie publique car la nature a horreur du vide. Nous devons ensuite, forcer les partis politiques à nous replacer, nous les citoyens indépendamment de toute autre considération, au centre de leur intérêt. La démocratie participative me parait la revendication essentielle par excellence, pour la construction d’un avenir pour ce pays.

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