Kilani Bennasr * écrit – Une réorganisation territoriale de sécurité du sud-est du pays sous la forme d’un commandement unifié aiderait à contenir les menaces potentielles d’un enlisement de la situation en Libye.
Dans le cadre des contributions individuelles des Tunisiens avec leurs idées et propositions, il est nécessaire qu’un plus grand nombre de spécialistes, connaisseurs et citoyens, interviennent avec leurs avis quand le moment le justifie. Leurs opinions n’auraient pas la prétention de dicter quoi que ce soit aux responsables actuels car ils sont suffisamment imbibés de leur mission et la connaissent mieux que quiconque.
«Somalisation» éventuelle de la Libye
L’attention est cette fois-ci attirée sur la situation du moment au sud-est tunisien qui suscite un intérêt accru au niveau national et international. Il n’y a pas photo, c’est clair et évident que la Tunisie soutient le peuple libyen et l’a toujours fait notamment en temps de crise, depuis l’époque coloniale et de nos jours.
Et si, dans un autre article, il a été constaté qu’en raison de la guerre civile un scénario, rare, de partition de la Libye n’est pas exclu, ce n’était pas le souhait ni des Tunisiens ni de l’auteur, en revanche, il est du droit de la Tunisie de se prémunir contre les retombées d’une «somalisation» éventuelle de la Libye.
Penser que le sud-est tunisien reste inchangé depuis le début du conflit libyen est un jugement erroné, car plusieurs spécialistes du dossier libyen estiment que l’instabilité persistera en Libye et affectera ses voisins et que sans l’action militaire hollywoodienne, très sophistiquée de l’Otan, Tripoli ne serait pas tombée.
Les risques d’enlisement du conflit
En outre, ces mêmes spécialistes prévoient une escalade de l’insécurité en Libye, que Kadhafi et ses proches ne baisseraient pas les bras et, par conséquent, il n’y aurait pas de paix proche dans ce pays frère.
Dans ce contexte, il est incontestable que la politique tunisienne concernant ce conflit a jusque là réussi, malgré les pressions éventuelles venant de l’extérieur.
L’attention de l’armée tunisienne et des responsables au gouvernement provisoire devrait porter sur les risques d’enlisement du conflit libyen et ses répercussions sur la politique et la sécurité de l’Etat tunisien.
Pour mieux contenir les menaces potentielles dans la région sud-est, il est suggéré de prendre des mesures rapprochant la décision d’intervention et les moyens nécessaires de renseignement et de réaction; des lieux possibles d’actions adverses, telles que les infiltrations, les incursions, les trafics de produits interdits, la contrebande, le crime organisé et tous actes hostiles.
A cet effet, une réorganisation territoriale de sécurité du sud-est sous la forme d’un commandement unifié, comme se fut le cas lors du protectorat, donnerait satisfaction et ferait gagner du temps…
* Colonel retraité.