Dr Lilia Bouguira écrit – Les procédures d’indemnisation des blessés de la révolution, notre emblème et nos héros.
Encore une belle jambe notre révolution si nous continuons à amnésier!
Lorsque mon peuple s’est soulevé en janvier, j’étais déjà sensible à sa douleur, sûrement pas active ni manifestante, mais je diagnostiquais sans grand mérite son aliénation, ses souffrances et ses tourments.
Je me suis retrouvée à aimer, à détester, à semer des rêves d’il y a longtemps impensables.
Une brise de printemps a balayé farouchement mes peurs et mes réticences et la nuit n’est plus venue plus me voler la lumière comme autrefois.
Le temps m’a rattrapée, m’a façonnée, m’a formatée et m’a propulsée à une nouvelle case, un nouveau départ dont je n’ai pas honte et que j’ose regarder et admirer.
Des moments fabuleux uniques ont fouetté et fouettent mon quotidien et je me sens emballée pour porter la révolution comme une nouvelle maman qui couve son enfant, comme un diadème sur mon cœur et mon corps, celui de la liberté.
Mon regard pour les choses a changé oui complètement changé.
Je commence à croire comme Amélie Nothomb que nous mourrons toujours en premier par le regard!
Je crois moi aussi que tout passe par le regard, en particulier la vie chez l’homme et lorsque celui-ci s’éteint, la vie n’a plus qu’à se retirer dignement.
Cette révolution a œuvré en moi comme un élixir que distille une alchimie nouvelle puissante presque divine et qui a rallumé mon regard.
Je l’ai bénite et bénis encore car c’est dans ses méandres que ma vie a repris un sens, non pas que l’ancienne était inacceptable mais comparée c’était comme une demi mort, une antichambre bien gardée, plate, sans vent, sans remous, sans grande complexité.
Je le répète comme j’aime à le faire: la politique n’est point mon fort, l’humain oui.
La politique ne m’a jamais séduite, l’humain plus que jamais surtout ces derniers temps.
Comment y résister lorsque la situation actuelle appelle à la réflexion et de beaucoup à l’indignation?
Je l’avoue sans grande pompe que je suis incapable de tenir un jargon politisé ni de tenir debout devant les férus d’idéologies et de programme politique stérile ou douteux.
D’ailleurs, au point où nous en sommes, je suis satisfaite de mon ignorance car elle me substitue à cette cécité double qui frappe de telles personnes. En aucun cas dans leur programme, il n’a été question de faire honneur à nos martyrs et surtout de s’arrêter sur nos blessés de la révolution et là, il y a urgence.
En juin 2011, je me suis indignée dans une missive qui m’a fait vomir sur les conditions de survie d’un de nos blessés Mohamed Hanchi. Par honnêteté et respect pour les personnes premières qui ont soulevé ce problème, j’ai aidé à écrire et dénoncer qui a été repris par certains médias électroniques et je ne sais mais ce dont je suis sûre, c’est que cette action couplée aux efforts de ces «gamins» que je suis depuis la bénite révolution sur FB a porté immédiatement ses fruits et nos autorités ont daigné sous la pression hospitalisé en urgence notre blessé et le reprendre en charge.
Un remaniement ministériel a coûté le départ sans préavis de notre ministre de la Santé qui n’a su pendant cette transition que colliger la colère des appartenant au corps de la santé publique par ses mesures intempestives et délurées.
Puis vient le black-out qui stérilise nos décomptes. «Mes gamins», s’indignent sans relâche, s’insurgent et piétinent par le refroidissement écrasant de la politique du pays, l’absence de changement surtout cette passivité mortuaire qui gélifie toute action. Hier encore, ils reviennent à la charge par cette visite de Khaoula Zoglami, Winston et Ghassen de Montréal qui, dans un souci unique et premier de bien faire, de rester fidèle à la révolution et ses priorités et nulle priorité ne prime sur l’urgence de faire la lumière sur nos martyrs et nos blessés.
Un de ces blessés monsieur Hsouna Ben Amor, 34 ans est décédé hier de ses blessures. Sept mois de cauchemar, de nuits lugubres au chant de mort sans arrêt, répétant comme dans un disque fou que les jeux sont faits, que les mémoires sont mnésiques, les peuples sont ingrats et les oubliettes de misérables mansardes. Sept mois d’enfer livré à sa finitude, à sa souffrance et au manque.
L’homme démuni est un homme amoindri, facilement atteint, gravement entamé.
Un autre, Rached El Arbi vient de fêter ses vingt et une bougies à l’hôpital, convivialement, avec les moyens de bord de l’hosto, de la famille et des amis.
Combien d’autres attendent-ils dans l’antichambre de la mort jusqu’à ce que leur contrat sur terre prenne fin sans grande décence ni dignité?
Combien attendrons-nous pour les pleurer pendant quelques secondes sur facebook puis tourner la page et passer vite à autre chose comme si la mort n’affectait plus que l’air d’un clic sur un clavier et encore?
Oui, rien de plus urgent que de leur prodiguer les soins les plus qualifiés pour leur rendre la santé perdue par des balles criminelles et dont les meurtriers continuent à circuler librement et sans vergogne.
Ce n’est point à un don qu’ils s'attendent ni de miettes à distribuer au plus offrant mais d’un droit aux soins les plus poussés par nos compétences les meilleurs dont je ne doute point d’un droit à la carte santé à vie d’un droit à une indemnisation conséquente et à vie également pour nos blessés d’un droit aux honneurs .
Oui, nous réclamons les honneurs un par un et à ciel découvert sur une tribune publique où nous savourerons pour une fois une volonté de mise au point de la part de ce gouvernement de transition, qui a excellé en démarche spastique non consolidante voire même compromettante, et qui laisse à désirer.
Nous imposerons ce droit mérité et qui ne pourra que pallier partiellement aux préjudices encourus pour que les messieurs des partis politiques et de ceux du gouvernement accèdent à là où ils sont maintenant.
Je n’aime pas la défaite, l’échec non plus et lorsque quelqu’un tente de me ramener en arrière ou à semer en moi quelconque doute, je m’y oppose, cabre et soubresaute comme une furie enragée.
Aussi je ne sais qu’avancer mais cette fois sans œillère ni harnais.
Non, je n’appelle point au chaos ni à la zizanie mais juste aux consciences enfouies, ensevelies pour porter sur une liste tous les blessés de la révolution , appeler à une expertise médicale indépendante, évaluer l’invalidation et ordonnancer toujours par des experts une indemnisation par l’Etat de chaque cas pour une rente viagère conséquente puis les décorer sur l’échelle nationale en tant que blessés de la révolution, notre emblème, nos héros.
Je veux que ma voix porte écho.
Je veux que mon pouls continue à battre au rythme de ces démunis qu’on estropie chaque jour un peu plus par notre silence.
Je ne veux plus que mon quotidien ni le votre d’ailleurs soit rythmé par une série de deuil infini.
Deuil de nos rêves, de notre histoire bafouée , de nos héros humiliés, de notre honneur baisé, de notre pays bien aimé de ses infinis richesses et de son peuple longtemps écrasé dispersé abâtardi par des décennies de dictature et de répression.
Une série de deuil au sens fort car nous perdrons au change jusqu’à la moindre parcelle de nos personnes et de nos pensées!
NB: Si vous arrivez à aimer, je vous serais de gré de ne pas mettre un commentaire obligeant mais de signer par un «je signe».
Dr Lilia Bouguira écrit – Les procédures d’indemnisation des blessés de la révolution, notre emblème et nos héros.
Encore une belle jambe notre révolution si nous continuons à amnésier!
Lorsque mon peuple s’est soulevé en janvier, j’étais déjà sensible à sa douleur, sûrement pas active ni manifestante, mais je diagnostiquais sans grand mérite son aliénation, ses souffrances et ses tourments.
Je me suis retrouvée à aimer, à détester, à semer des rêves d’il ya
longtemps impensables.
Une brise de printemps a balayé farouchement mes peurs et mes réticences et la nuit n’est plus venue plus me voler la lumière comme autrefois.
Le temps m’a rattrapée, m’a façonnée, m’a formatée et m’a propulsée à une nouvelle case, un nouveau départ dont je n’ai pas honte et que j’ose regarder et admirer.
Des moments fabuleux uniques ont fouetté et fouettent mon quotidien et je me sens emballée pour porter la révolution comme une nouvelle maman qui couve son enfant, comme un diadème sur mon cœur et mon corps, celui de la liberté.
Mon regard pour les choses a changé oui complètement changé.
Je commence à croire comme Amélie Nothomb que nous mourrons toujours en premier par le regard!
Je crois moi aussi que tout passe par le regard, en particulier la vie chez l’homme et lorsque celui-ci s’éteint, la vie n’a plus qu’à se retirer dignement.
Cette révolution a œuvré en moi comme un élixir que distille une alchimie nouvelle puissante presque divine et qui a rallumé mon regard.
Je l’ai bénite et bénis encore car c’est dans ses méandres que ma vie a repris un sens, non pas que l’ancienne était inacceptable mais comparée c’était comme une demi mort, une antichambre bien gardée, plate, sans vent, sans remous, sans grande complexité.
Je le répète comme j’aime à le faire: la politique n’est point mon fort, l’humain oui.
La politique ne m’a jamais séduite, l’humain plus que jamais surtout ces derniers temps.
Comment y résister lorsque la situation actuelle appelle à la réflexion et de beaucoup à l’indignation?
Je l’avoue sans grande pompe que je suis incapable de tenir un jargon politisé ni de tenir debout devant les férus d’idéologies et de programme politique stérile ou douteux.
D’ailleurs, au point où nous en sommes, je suis satisfaite de mon ignorance car elle me substitue à cette cécité double qui frappe de telles personnes. En aucun cas dans leur programme, il n’a été question de faire honneur à nos martyrs et surtout de s’arrêter sur nos blessés de la révolution et là, il y a urgence.
En juin 2011, je me suis indignée dans une missive qui m’a fait vomir sur les conditions de survie d’un de nos blessés Mohamed Hanchi. Par honnêteté et respect pour les personnes premières qui ont soulevé ce problème, j’ai aidé à écrire et dénoncer
https://www.facebook.com/note.php?note_id=10150216660588603 qui a été
repris par certains médias électroniques et je ne sais mais ce dont je suis sûre, c’est que cette action couplée aux efforts de ces «gamins» que je suis depuis la bénite révolution sur FB a porté immédiatement ses fruits et nos autorités ont daigné sous la pression hospitalisé en urgence notre blessé et le reprendre en charge.
Un remaniement ministériel a coûté le départ sans préavis de notre ministre de la Santé qui n’a su pendant cette transition que colliger la colère des appartenant au corps de la santé publique par ses mesures intempestives et délurées.
Puis vient le black-out qui stérilise nos décomptes. «Mes gamins », s’indignent sans relâche, s’insurgent et piétinent par le refroidissement écrasant de la politique du pays, l’absence de changement surtout cette passivité mortuaire qui gélifie toute action. Hier encore, ils reviennent à la charge par cette visite de
Khaoula Zoglami, Winston et Ghassen de Montréal qui, dans un souci unique et premier de bien faire, de rester fidèle à la révolution et ses priorités et nulle priorité ne prime sur l’urgence de faire la lumière sur nos martyrs et nos blessés.
Un de ces blessés monsieur Hsouna Ben Amor, 34 ans
https://www.facebook.com/event.php?eid=151244988294419 est décédé hier
de ses blessures. Sept mois de cauchemar, de nuits lugubres au chant
de mort sans arrêt, répétant comme dans un disque fou que les jeux sont
faits, que les mémoires sont mnésiques, les peuples sont ingrats et les oubliettes de misérables mansardes. Sept mois d’enfer livré à sa finitude, à sa souffrance et au manque.
L’homme démuni est un homme amoindri, facilement atteint, gravement entamé.
Un autre, Rached El Arbi vient de fêter ses vingt et une bougies à l’hôpital https://www.facebook.com/video/video.php?v=240609735981792&oid=225298204189477&comments, convivialement, avec les moyens de bord de l’hosto, de la famille et des amis.
Combien d’autres attendent-ils dans l’antichambre de la mort jusqu’à ce que leur contrat sur terre prenne fin sans grande décence ni dignité?
Combien attendrons-nous pour les pleurer pendant quelques secondes sur facebook puis tourner la page et passer vite à autre chose comme si la mort
n’affectait plus que l’air d’un clic sur un clavier et encore?
Oui, rien de plus urgent que de leur prodiguer les soins les plus qualifiés pour leur rendre la santé perdue par des balles criminelles et dont les meurtriers continuent à circuler librement et sans vergogne.
Ce n’est point à un don qu’ils s'attendent ni de miettes à distribuer au plus offrant mais d’un droit aux soins les plus poussés par nos compétences les meilleurs dont je ne doute point d’un droit à la carte santé à vie d’un droit à une indemnisation conséquente et à vie également pour nos blessés d’un droit aux honneurs .
Oui, nous réclamons les honneurs un par un et à ciel découvert sur une tribune publique où nous savourerons pour une fois une volonté de mise au point de la part de ce gouvernement de transition, qui a excellé en démarche spastique non consolidante voire même compromettante, et qui laisse à désirer.
Nous imposerons ce droit mérité et qui ne pourra que pallier partiellement aux préjudices encourus pour que les messieurs des partis politiques et de ceux du gouvernement accèdent à là où ils sont maintenant.
Je n’aime pas la défaite, l’échec non plus et lorsque quelqu’un tente de me ramener en arrière ou à semer en moi quelconque doute, je m’y oppose, cabre et soubresaute comme une furie enragée.
Aussi je ne sais qu’avancer mais cette fois sans œillère ni harnais.
Non, je n’appelle point au chaos ni à la zizanie mais juste aux consciences enfouies, ensevelies pour porter sur une liste tous les blessés de la révolution , appeler à une expertise médicale indépendante, évaluer l’invalidation et ordonnancer toujours par des experts une indemnisation par l’Etat de chaque cas pour une rente viagère conséquente puis les décorer sur l’échelle nationale en tant que blessés de la révolution, notre emblème, nos héros.
Je veux que ma voix porte écho.
Je veux que mon pouls continue à battre au rythme de ces démunis qu’on
estropie chaque jour un peu plus par notre silence.
Je ne veux plus que mon quotidien ni le votre d’ailleurs soit rythmé par une série de deuil infini.
Deuil de nos rêves, de notre histoire bafouée , de nos héros humiliés, de notre honneur baisé, de notre pays bien aimé de ses infinis richesses et de son peuple longtemps écrasé dispersé abâtardi par des décennies de dictature et de répression.
Une série de deuil au sens fort car nous perdrons au change jusqu’à la moindre parcelle de nos personnes et de nos pensées!
NB: Si vous arrivez à aimer, je vous serais de gré de ne pas mettre un commentaire obligeant mais de signer par un «je signe».