Kilani Bennasr* écrit – A quoi sert la séparation des pouvoirs en Tunisie, qui est une revendication du peuple, si le pouvoir judiciaire dans notre pays a du mal à se détacher de son passé, louche en partie.
Comment peut-on respecter l’indépendance d’une justice qui n’est pas indépendante, dont les acteurs, certains juges et avocats, bafouent la loi au vu
et au su de tout le monde.
La défense des causes «injustes»
Après la révolution, il devient inadmissible que des décisions de justice soient truquées par des magistrats choisis pour leur «honnêteté»!
A quoi bon, un staff imposant de juges, des dizaines d’avocats mobilisés pour défendre des causes «injustes», les causes d’une poignée de malfaiteurs, qui ont pratiqué le crime organisé durant des décennies, qui défient tous les Tunisiens avec une fortune volée du peuple.
Il est décevant qu’on arrive à cette situation où des défenseurs hardis se bousculent pour plaire à leurs clients et que ces derniers se montrent arrogants et plus menaçant même derrière les barreaux…
En Tunisie, après plusieurs mois de gestation, de reports successifs d’audiences, plusieurs va-et-vient entre palais de justice et chambres d’arrêt, le verdict sur l’affaire de «l’aéroport de Tunis-Carthage», est venu décevoir les Tunisiens et le monde entier… Des petits jugements à l’image de magistrats apparemment gênés, parce qu’au fond, ils voulaient être plus cléments et moins rigoureux envers nos «honorables» détenus.
L’indépendance ne justifie pas l’erreur
On ne devrait pas tolérer, sous le prétexte de l’indépendance des tribunaux, que des juges fassent des erreurs, qu’on accepte leurs alibis non fondés, ou que des groupes d’avocats, auxquels on a promis des honoraires exorbitants, fassent des discours d’intimidation, de désinformation, et des déclarations à haute voix pour innocenter leurs clients, à l’intérieur même de la salle d’audience, alors qu’il s’agissait de fautes graves commis par leurs clients. Quelle anarchie!
Alors que dans toutes les démocraties du monde, le ministère de la Justice et le procureur général interviennent discrètement mais directement pour orienter les dossiers se rapportant à la sûreté de l’Etat et pour leur éviter tout glissement, en Tunisie notre ministère de la Justice, avec toute la bonne volonté animant son patron, Me Lazhar Karoui Chebbi, se replie sur lui même, et ne trouve pas les mots pour convaincre… et ne prends pas aucune mesure sévère.
Heureusement, l’armée tunisienne, «la grande muette», toujours au rendez-vous,
et l’histoire en parlera, a brisé la glace avec l’apparition du colonel-major Marouan Bouguerra (procureur général à la direction de la justice militaire), qui sort du silence pour déclarer que les «snipers» qui ont tué des civils à Kasserine et Thala existent, mais n’appartiennent pas au corps militaire, contrairement à d’autres déclarations pourtant officielles.
Pour cela, et afin d’alléger l’embarras et la gêne que rencontreraient nos tribunaux civils dans l’instruction des dossiers épineux de l’après-révolution, il est possible de les remplacer par les tribunaux militaires permanents de Tunis, Sfax et le Kef.
* Colonel retraité.