L’Ecole nationale d’administration (Ena), vivier des hauts fonctionnaires destinés à gouverner, vit-elle toujours à l’heure de l’avant-14 Janvier ? On est tentés de le penser. Et pour cause…
Le téléchargement sur le site de l’école du document de présentation de l’Institut de développement des compétences des hauts fonctionnaires (Idchf), créé au sein de l’école pour «formater» les futurs dirigeants du pays, montre que la prestigieuse école n’a pas encore remis ses pendules à l’heure 14 + 1.
Voilà ce qu’on lit à propos de cette école : «La création de l’Institut de développement des compétences des hauts fonctionnaires s’insère dans le cadre du programme présidentiel de Monsieur le Président de la République Tunisienne, Son Excellence Zine El Abidine Ben Ali, visant à moderniser l’administration tunisienne et développer ses méthodes de travail à travers la promotion des compétences des hauts cadres administratifs.»
Une omission sur un site internet pourrait être tolérée, mais qui dit que les diplômés de cette Ena, qui continuent d’occuper les postes clés, ne sont pas eux-mêmes toujours hors du temps et donc de la dynamique révolutionnaire censée caractériser leur façon de voir et de gérer?
En tout cas, à voir la sélection des 20.000 nouveaux employés de la fonction publique (engagement pris par l’actuel gouvernement dans le cadre de ses efforts pour réduire l’ampleur du chômage) confiée aux mêmes mécanismes d’avant 14, ceux qui ont fait de l’emploi une faveur réservée aux bien-nés, la question quant à l’heure à laquelle vit l’administration tunisienne semble déplacée.
Y a-t-il enfin un Tunisien qui pourra crier haut et fort pour que les «concours sur mesure» pour l’intégration de la fonction publique soient définitivement sous-traités chez des bureaux spécialisés pour couper à vie avec les anciennes pratiques de copinage et donner la transparence et l’honnêteté nécessaires à un espoir qui anime l’ensemble des 700.000 tunisiens chercheurs d’emploi ?
F. C.