Dr Lilia Bouguira écrit – Il est du devoir de chaque citoyen de s’incliner devant  les actes héroïques de ces blessés de la révolution pour bien les remercier, pour leur rendre leur sourire et leurs droits dans la dignité, jamais dans la mendicité !

 

Je viens parler ici de ce qui, longtemps, pendant ma nuit, a heurté mon sommeil me condamnant à la veille et à de lourds regrets.

 

Walid Kasraoui, le grand blessé du Kram-ouest

Je viens parler de Walid Kasraoui, que j’ai rencontré pour élargir mon champ d’action, mes requêtes et mes aspirations, au nom de ces gens qui ont eu le courage un jour de dictature de sortir pour eux et pour nous autres, les Tunisiens enchaînés, et de hurler leur refus et leur résistance au régime du dictateur Ben Ali.

Je viens parler de ce grand blessé de la révolution originaire du Kram-ouest tombé sous une balle criminelle, un certain 13 janvier, alors qu’il était sorti crier sa colère dans ce quartier populaire où Ben Ali les avait misérablement et indignement enchaînés. Je devais me tenir à rester sa voix, à ne pas me laisser envahir par d’autres sentiments, en particulier de défendre l’éthique médicale lorsqu’un des invités a pris la liberté de dénoncer froidement le cadre médical et les suites des interventions.

Je me suis faite l’avocate de ce corps que j’aime plus que tout et qui, je le reconnais, peut être amené à se tromper, à faire des bavures mais en aucun cas à laisser une urgence ou une vie périr.

Pourtant, il me faut avouer que ce corps s’est magnifiquement débrouillé pour soigner nos blessés lors de la révolution et que si maintenant l’heure est grave ce n’est point de leur faute mais surtout de cette mollesse de la part des autorités devant ces cas.

Il n’avait pas que l’urgence de vies à sauver mais surtout les suites de ces vies. Beaucoup de nos blessés ont été atteints gravement par des balles tueuses et ni nos médecins ni nous-mêmes, les citoyens, sommes ou avons été amenés à confronter de pareilles situations.

Nos hôpitaux manquent de moyens. Nos structures sanitaires sont débordées, dépassées, vieillies, et non au point pour prendre à jour de si gros blessés.

Une fois l’urgence passée, les soins ont certes été continués à être distribués mais SANS CE PLUS qui se doit à nos blessés qui souffrent déjà de lourdes difficultés sociales, rappelons qu’ils viennent pour la plupart des cités ou villes pauvres ce qui les a amenés à se soulever.

Nos blessés sont des hommes à part, des héros, et à un héros de la patrie, la nation, avec à sa tête son gouvernement et les autorités, doivent tous les égards, tous les droits et une généreuse compensation.

Les commodités les plus absolues

Il leur faut d’abord établir en urgence et dans chaque gouvernement la liste de nos blessés, et leur offrir les commodités les plus absolues, à savoir :

1° les moyens pour se déplacer dans la dignité pour aller se soigner car nos blessés et surtout leur famille jonglent durement pour aller le faire ;

2° mettre à leur disposition une assistante sociale pour couvrir leurs requêtes et leurs besoins les plus élémentaires ;

3° mettre à leur disposition une antenne médicale et paramédicale circonstanciée, comme lors des épidémies de A1H1N1 pour pallier aux risques de d’escarres, de décompensation ou même de dépression, car nos blessés resteront longtemps encore sous le choc psycho-traumatique si une prise en charge à long terme n’est pas mise en place et en urgence ;

4 ° leur faire bénéficier à tous, et surtout aux alités, de prises en charge totales dans nos centres thermaux, de physiothérapie et d’ergothérapie car ces patients restent des plus fragiles et exposés à de nombreuses complications liées au décubitus et aux surinfections ;

5° évaluer le plus globalement leur état de santé et expertiser les dommages physiques et mentales en vue de quoi une indemnisation des plus rapides et à long terme et selon le degré d’handicap doit leur être versée par l’Etat ;

6° mettre à leur disposition le maximum de chance pour que nos blessés recouvrent leur fonction ou du moins qu’ils soient appareillés avec les moyens les plus sophistiqués du monde dont malheureusement nos compétences hospitalières ne disposent pas ou dont elles n’ont pas l’expérience tout simplement ;

7° expatrier nos blessés le plus rapidement possible avant que l’amyotrophie musculaire et les dégénérescences nerveuses ne soient définitives dans les meilleurs institutions du monde ou dans des organismes internationaux qui ont l’habitude des blessés de guerre comme ceux de l’Irak ou de la Libye et cela avant qu’il ne soit trop tard.

Balayer au plus vite la froideur

Messieurs et mesdames, mes chers concitoyens, par ce texte, je reviens avec toute ma force, mon insistance et des espoirs mis en moi par nos blessés et en vous qui restez leur voix et leur volonté pour balayer au plus vite la froideur, l’incapacité et l’oubli dont ils ont été jusque-là entourés... Que ce soit par notre gouvernement qui leur doit cet engagement et au plus vite, ou que ce soit par des partis qui malheureusement sont plus titillés par leur réussite publicitaire que par les gens qui sont tombés pour eux, pour que ces mêmes partis soient haussés au plus haut grade grâce aux sacrifices de ces mêmes héros.

Chaque parti doit implicitement verser une cotisation des plus conséquentes et dans l’anonymat sans aucune tentative de gain derrière leur geste pour nos blessés au comité qui s’en occupe pour mieux servir ces héros et subvenir aux urgences.

Il est du devoir de chaque citoyen de s’incliner et de s’arrêter sur ces actes héroïques et sur la conduite à tenir pour bien les remercier, pour leur rendre leur sourire et leurs droits dans la dignité, jamais dans la mendicité !

Je crois que je n’ai rien omis ni oublié, juste que tout cela doit se faire dans l’immédiat, sans pompe ni éloge, mais dans l’humilité, la reconnaissance de droit et surtout l’angoisse qu’il ne soit trop tard et donc dans l’urgence la plus absolue de l’agir wa blé mzyaaaaaaaaaaaaaa!