Mehdi Mahfoudh écrit – Soyons fous, votons pour un président gay, chauve et riche ! On sauvera le pays et on donnera un bon coup de pied dans le cul poilu des intégristes.

A un mois de la date des élections de la Constituante, beaucoup de Tunisiens se posent encore beaucoup de questions quant au choix du candidat idéal pour diriger le pays au cours de cette période décisive de l’histoire de la Tunisie. Et pourtant, le choix est simple. En tirant les conclusions des leçons du passé, le président idéal et rêvé des Tunisiens devrait être gay, chauve et riche !

Gay afin de lui éviter une relation qui tourne au drame avec une femme. L’expérience de l’ex-régente de Carthage est une solide preuve du rôle de cette sorcière machiavélique dans la déchéance du régime qui a gouverné le pays pendant plus de deux décennies.

Ceci évidemment ne veut pas dire automatiquement que toutes les femmes sont ainsi, mais bon, autant éliminer un risque d’office et ne pas jouer la carte fragile de l’hétérosexualité.

Qu’il soit gay, raffiné, avec une belle allure, faisant fantasmer les femmes et jalouser les hommes, c’est le profil parfait.

D’autant plus qu’un gay est généralement sensible, généreux, dévoué et bon : il saura partager les fortunes du pays d’une manière équitable, il aura une excellente écoute, organisera des après-midis dans des boudoirs particuliers pour examiner de près les problèmes des citoyens sans se soucier d’un foyer, d’une femme ou d’enfants. Tout son temps est voué à la nation.

Se pose le problème du rôle important et influent de la mère dans la vie d’un gay, alors on le choisira gay orphelin, aucune influence garantie !

Il faut savoir par ailleurs que les Tunisiens ont la «gay-attitude» sans le savoir, ils sont bons vivants, de fins gourmets, adorent sortir le soir et faire la fête, les garçons se font toujours la bise (et même quatre) au moment des retrouvailles et les filles raffolent des «petites sorties entre meufs» ! Donc il suffirait juste de rajouter une petite touche arc-en-ciel à tout cela et le tour est joué !

Chauve afin de le dispenser des séances chez le coiffeur ou la coiffeuse, les Tunisiens ont assez souffert des coups de ciseaux diaboliques de la coiffeuse qui tenait fermement les rênes du pays et qui jouait de la politique et des misérables ministres comme elle jouerait habilement d’un peigne sur une chevelure ébouriffée ! On le dispensera également des litres de teintures et des kilos de laque pour maintenir une chevelure parfaite à la Ken, au moins, ça fera des économies dans les caisses déjà vides de l’Etat ! Il serait également souhaitable qu’il soit «chauve» de partout, imberbe et surtout sans barbe !

Riche, le nouveau président ne sera pas assoiffé par le gain intarissable de l’argent et des fortunes de son pays. Au contraire, ayant «grandi dans du coton» (proverbe tunisien), il saura répartir équitablement les biens et assurera à son peuple une vie aisée et agréable. La richesse lui donnera également un certain pouvoir et une certaine autorité afin d’assumer son rôle de président. Il ne sera pas uniquement une mascotte mais un vrai leader, menant le pays d’une main ferme (mais une main à la peau bien entretenue, bien hydratée comme un bon gay) vers un avenir meilleur.

Et puis ce président devrait remettre les locomotives de son pays sur les rails, quels sont les atouts et les richesses dont il dispose ? La Tunisie n’est pas la Libye et ses millions de barils de pétrole ; la Tunisie n’est pas la Syrie et sa position militairement et politiquement stratégique au Moyen-Orient ; la Tunisie n’est pas le Yémen et son poids important dans le Golfe Arabe.

Il faut être réaliste, le pays ne pèse pas lourd mondialement et économiquement parlant, ce n’est que dix millions de bouches à nourrir pour la Fap, dix millions d’humains à maintenir en vie pour le Fmi, dix millions de citoyens à contenter pour l’Onu, bref pas grand-chose pour les grands de ce monde certes, mais la Tunisie, petit pays de la Méditerranée, est riche de ses femmes et de ses hommes, de son Histoire et de sa culture et enfin de son tourisme.

La culture en Tunisie ainsi que les vestiges de son incroyable et fabuleuse Histoire ont reçu un coup très dur, presque fatal au cours des dernières années : des sites historiques dépouillés, des ruines estropiées, des endroits pour fouilles archéologiques écorchés, des livres d’histoire mutilés d’une partie majeure des évènements qui ont fait la grandeur de cette nation.

La culture est au fond d’une mare nauséabonde et écœurante qui pullule de parasites incultes et stériles. Ne restera de cette culture que la grande boule en verre désertique de la gigantesque et inutile Cité de la Culture qui ne verra jamais le jour et qui tombera en ruines dans les années à venir.

L’Histoire de la Tunisie ne connait pas ses moments de gloire non plus en ces temps difficiles, les musées sont quasiment vides et vidés; les agents qui s’en occupent sont en grève permanente et bloquent l’accès de certaines ailes; les monuments volés et équarris par l’ancienne famille mafieuse n’ont pas encore été restitués, bref, une déchéance totale !

Le tourisme, ne m’en parlez pas! Les rares touristes et amis de la Tunisie venus soutenir ce secteur vital et découvrir le pays en post-révolution repartent dégoûtés et fatigués ! Les commerçants des souks sont devenus vulgaires, mal polis et insolents ; les services à l’hôtel sont d’une médiocrité infâme ; les agents à l’aéroport vous accueillent comme s’ils vous rendaient un service et que même si vous n’êtes pas contents, vous n’avez qu’à rentrer chez vous ! Ils n’arrêtent pas de dire : «Nous sommes le peuple qui a fait la Révolution !». C’est bien joli tout ça, l’important est de maintenir et de préserver les acquis de cette révolution si fragile !

Reste la seule richesse de ce pays, ses femmes et ses hommes qui devront œuvrer dur pour maintenir la barque à flot et sauver ce qui reste à sauver dans la dignité et le respect des autres.

Alors soyons fous, votons pour un président gay, chauve et riche ! On sauvera le pays et on donnera un bon coup de pied dans le cul poilu des intégristes.

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