Lassaad Mourali* écrit – Des suggestions au gouvernement provisoire à propos de l’ambassade de Tunisie à Tripoli. J’attire votre aimable attention sur ce qui suit : la Libye a commencé à rouvrir ses portes et la ruée vers l’or (noir) libyen bat son plein.
J’imagine qu’en haut lieu, vous faites ce que vous pensez nécessaire pour que les Tunisiens puissent faire partie des «chanceux» qui pourront participer à la construction de ce merveilleux pays. Vous avez bien remarqué que j’ai dit «construction» et non pas reconstruction car tout est à faire là-bas.
Je ne me leurre pas en disant que les pays occidentaux, et pas seulement eux, ont déjà entamé des actions visant à accroître leur présence en Libye.
A titre d’exemple, le Medef, en France, a multiplié ses meetings au sujet de la Libye au rythme d’un par semaine !
Et en Tunisie, messieurs ? Où en est-on ?
Je persiste à croire qu’il faut unir tous nos efforts pour que la Tunisie puisse résorber un très grand nombre de chômeurs et, par conséquent, rétablir une croissance, pourquoi pas à deux chiffres dans les 5 années qui suivront.
Pour avoir vécu en Libye, je puis vous dire que notre ambassade n’a joué aucun rôle important pour promouvoir nos entreprises tunisiennes et notamment les Pme, dotées de structures modestes et insuffisantes pour pouvoir «gérer» la mentalité libyenne et éviter les pertes de temps et d’argent énormes, pour voir leurs projets aboutir et surtout s’assurer que les droits des Tunisiens sont protégés dans ce pays au comportement imprévisible pendant les années Kadhafi.
Beaucoup d’entreprises tunisiennes ont tenté l’expérience libyenne et la grande majorité, pardonnez-moi l’expression, y a laissé des plumes pour diverses raisons : manque de connaissances, déficit de moyens, incompréhension totale de l’état d’esprit libyen, etc. On aurait pu éviter les drames qu’ont vécus ces Pme si l’ambassade avait joué un rôle plus engagé. Mais je sais et comprends que les choses n’étaient pas aussi simples qu’elles pouvaient paraître. Et surtout, il me semble inutile de revenir sur le passé…
Nous avons maintenant affaire à une nouvelle Libye, incertaine, je l’admets, mais pas pire que celle que nous avons connue.
Je me permets donc de vous suggérer en toute humilité de mettre en place une ambassade dirigée par un ambassadeur dynamique et ambitieux qui jouera beaucoup plus un rôle de Vrp que politique. Il devra lui-même mettre en place une mission économique qui gardera un contact permanent avec tous les acteurs, Tunisiens et Libyens. Il devra se déplacer lui-même pour rencontrer les décideurs, locaux et étrangers pour trouver du travail à ses compatriotes. Bref, il devra montrer plus «d’agressivité» pour que chômeurs tunisiens, Pme et grandes entreprises puissent s’épanouir dans cet environnement assez spécial, je le répète.
L’ambassadeur doit s’adapter à la situation. Pour votre information, les ambassadeurs, chinois et turc, ont fait du porte-à-porte pendant les trois dernières années. Et maintenant on connaît la place que ces deux pays ont réussi à s’octroyer en Libye.
En conclusion, je vous prie de bien vouloir accorder à ma suggestion l’attention qu’elle mérite. C’est presqu’une condition sine qua non pour que les Tunisiens qui désirent «s’exporter» puissent le faire dans les meilleures conditions.
* Executive Director Tanmia Haditha.