Jamel DridiUn écueil à éviter par les partis vainqueurs de l’Assemblée constituante : ne pas se mettre d’accord pour désigner rapidement un gouvernement d’union nationale.


Le pire qui pourrait arriver à la suite de l’élection de l’Assemblée constituante est que cette dernière se transforme en café à palabres où d’interminables discussions et divisions empêchent de légiférer et d’avancer.

Un peu à l’image de ce qui s’est passé, longtemps en Italie, ou de ce qui se passe actuellement en Irak où le pétrole est pillé, les conflits ethniques ou religieux réels et la population délaissée parce que les parlementaires mettent des mois pour se mettre d’accord et que le pouvoir exécutif, fragilisé, représente une multitude d’intérêts et non celui de l’Irak.

La nécessité de nommer rapidement un gouvernement

Si cette division peut être organisée par des forces de l’ombre pour continuer à diriger la Tunisie, il n’en demeure pas moins que les députés tunisiens nouvellement élus auront une responsabilité dans cela s’ils n’arrivaient pas à faire des coalitions pour dégager des majorités et prendre rapidement des décisions.

Au-delà de cet écueil, qui serait terrible pour notre pays, un autre guette. Celui où les partis vainqueurs de l’Assemblée constituante n’arrivent pas se mettre d’accord pour désigner rapidement un gouvernement d’union nationale. S’il est important d’essayer de capter des ministères clefs, il est encore plus important de désigner dans une échéance très brève un exécutif qui mettra enfin en place les réformes tant attendues par le peuple.

S’il faut reconnaître que le gouvernement provisoire actuel n’a pas eu la tâche facile car il a du prendre les commandes dans l’urgence (et qu’il a sans doute évité à la Tunisie le chaos), il n’a cependant fait que gérer la situation. Aucune des grandes préoccupations des Tunisiens n’a été réellement traitée (réforme de la police, corruption, justice malade, chômage, etc.).

Or, la Tunisie a actuellement besoin d’une impulsion nouvelle. Ce nouveau départ ne se fera que si le gouvernement est nommé rapidement. A défaut, non seulement le gouvernement provisoire perdurera alors qu’il ne représentera pas le peuple puisque non désigné par l’Assemblée constituante mais les Tunisiens eux-mêmes ne comprendront pas pourquoi les partis politiques pensent à leurs intérêts avant de penser à ceux de la Tunisie en s’entendant sur la constitution d’un exécutif qui agira rapidement. A méditer !

Le délai d’un mois sera-t-il respecté ?

Toutes les situations, où le pouvoir parlementaire à été faible et divisé et le pouvoir exécutif inexistant, se sont terminées soit par un coup d’Etat, soit par une guerre civile (entrainant l’intervention de forces étrangères sous couvert d’organisations internationales et l’on sait ce que cela signifie : perte de la souveraineté, mise sous tutelle…)

A quelle échéance pensez-vous que le gouvernement d’union nationale soit nommé suite à l’élection de l’Assemblée constituante ? Un mois m’a répondu Moncef Marzouki lors de son passage à Lyon pour rencontrer la communauté tunisienne lyonnaise. La réponse m’a satisfait car il y a bien urgence mais ce délai sera-t-il respecté ?

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