Akil Sadkaoui écrit – Et si la Tunisie pouvait inspirer un «Nouveau Contrat Universel», nécessaire pour incarner une vraie éthique et pour insuffler une nouvelle dynamique à l’humanité.


Un autre monde…, un «Nouveau Contrat Universel», on n’a pas le choix ! La Tunisie est un vrai laboratoire ! En tous cas, les révoltés attendent de voir des nouvelles solutions. Les autres espèrent des recherches des nouvelles pistes pour améliorer les conditions de vie des citoyens.

Ni orient ni Occident, ni droite ni gauche

Très tôt, à l’aube de la révolution tunisienne, puis égyptienne, les médias occidentaux ont voulu cantonner ces révolutions dans un «printemps arabe». De peur de voir pulluler des comparaisons ou des contagions avec d’autres pays non arabes, il était plus indiqué de circonscrire la révolte dans un périmètre, facile à identifier, déjà en ébullition depuis un bon bout temps. Des régimes dictatoriaux avec une culture et une religion proches, presque communes… Ces factures facilitent l’identification et surtout font croire que ce n’est pas du tout un ras-le-bol général qui gagne les citoyens de la planète. Or, les faits sont là pour démontrer le contraire. La Grèce avec ses crises répétitives, l’Espagne avec ses indignés, Londres et ses incendies, l’Italie, les Etats-Unis… ce ne sont plus des simples faits anodins. Ce sont les expressions des différents peuples qui veulent vivre différemment !

Riches et moins riches ne veulent plus de ce système, où les gens sont programmés pour consommer plus, gagner plus et produire plus. Toujours plus ! Les peuples s’expriment de la même manière et expriment presque les mêmes choses mais les réponses qui leur sont fournies par les responsables ne collent pas aux sujets posés. Les peuples ne se trompent pas, ce sont les politiques qui amènent des réponses qui ne conviennent pas aux peuples. Ce sont des réponses tournées plus pour servir un agenda précis que pour résoudre des problèmes soulevés. Les uns proposent une démocratie, les autres savent qu’ils l’ont déjà usée et veulent aller plus loin, une intégration, une concentration, pour être plus gros, plus fort… Certains doivent régler les problèmes de la dette de leur pays, d’autres doivent emprunter de l’argent pour «mieux développer le leur». Les gens ne savent plus à quoi sert une politique de droite ni de gauche, tellement elles produisent les mêmes effets et les différences deviennent imperceptibles.

Des propositions presque incestueuses

En Tunisie, une prolifération des partis, à mettre sur le compte de l’apprentissage, dissimulent une similitude de propositions, presque incestueuse… Avec un peu de recul, on voit bien que les peuples de la Terre, européens, américains, africains, arabes… sont proches dans leurs combats. Ils veulent de nouvelles réflexions, de nouveaux modes de partage de richesse, moins de corruption, moins de mensonges, plus d’intégrité des responsables publics, plus de dignité et de respect de l’autre… Une vraie dimension humaine à introduire dans l’exercice de prise de décision pour servir l’intérêt général. Si cette demande exprimée paraît, au premier abord, naïve ou idéaliste, elle ne reste pas moins une requête qui vise à nous sortir de la médiocrité ambiante qui sévit dans les quatre coins du monde.

Il faut bien que ça serve à quelque chose, les révolutions !

Aujourd’hui, le monde a épuisé tous les colmatages, les replâtrages, les bricolages… Il a plus besoin de refonte de système, une vision nouvelle pour guider l’humanité. Jamais le monde n’a été aussi proche d’une faillite généralisée, cependant les pays continuent à programmer les dépenses les plus folles au budget de leur ministère de la Défense.

Jamais la précarité n’a été aussi visible avec un nombre de diplômés de plus en plus élevé. Jamais le monde n’a été aussi ouvert pour les capitaux, pour les biens mais accompagné d’une restriction à sens unique de la mobilité humaine, les ressortissants des pays riches, même pauvres, peuvent aller où ils veulent mais pour le contraire, la démarche est tellement compliquée, elle ne lui manque que de se munir d’un arbre généalogique, d’un examen génétique, d’une empreinte biométrique… on va y arriver !

Jamais le nombre des riches et des pauvres n’a été aussi élevé et jamais l’écart entre eux n’a été aussi flagrant et inquiétant. Les fractures économiques, sociales, numériques… sont devant nos yeux et paraissent irréversibles ! De nouvelles fractures se créent, elles viennent s’ajouter à un catalogue déjà bien fourni. Jamais l’exploitation de l’Homme par l’Homme n’a été aussi bien organisée et bien ficelée. Lorsqu’on voit les stratagèmes utilisés par différents pays pour s’aligner sur la politique de l’Allemagne en matière de retraite, on comprend que cotiser jusqu’à 67 ans devient une vraie aubaine pour équilibrer les comptes !
Bien entendu, chacun est en train de camper sur ses petits privilèges, mais pour combien de temps encore !

Le «Printemps de l’Humanité» est bel et bien là !

C’est vraiment dommage que les politiques semblent en panne de créativité et continuent de présenter des solutions qui ne collent pas aux besoins. Parce que leurs décisions sont dictées par un autre pouvoir, le pouvoir de la puissance financière. Cette puissance se contente de piloter en arrière-plan. Elle ne connait qu’une seule logique celle de se servir d’abord et servir ses intérêts. Elle délègue la figuration à une classe politique mal inspirée. Les nations et leurs peuples ne peuvent plus continuer à être au service des lobbies des grands groupes d’entreprises et leur conseil d’administration. Plus on laisse de la place à la libre circulation du capital, plus les peuples sont malmenés. Un «Nouveau Contrat Universel» est nécessaire pour incarner une vraie éthique et pour insuffler une nouvelle dynamique à l’humanité.
Et si c’était la Tunisie qui pouvait l’inspirer ?!