Néjib Tougourti écrit – Qui cherche à empêcher un vrai débat politique entre Tunisiens et s’oppose à la réalisation des objectifs de la révolution et aux aspirations de la population à l’autonomie politique et économique ?


Les grandes puissances et leurs médias et certaines parties tunisiennes, de connivence, celles qui ont aidé l'ancien régime, commencent, dès maintenant, et avant même de connaitre les résultats des élections, à nous imposer leur projet de la Tunisie de demain : un pays sans visage, sans âme, sans souveraineté, sans valeurs morales, sans spiritualité, sans fierté, sans repères. Un pays bâtard, enfant de la rue, vulnérable et affaibli, à la merci des grands prédateurs de ce monde.

Les bienfaiteurs de l’humanité se bousculent au portillon

Notre Tunisie est, maintenant, de nouveau, entre des mains peu sûres. On essaye de l’amadouer, avant de l’avilir et de l’exploiter. On se montre admirateur, on la flatte, on lui offre la protection, on lui promet le luxe, la belle vie et beaucoup d’argent.

C’est dans ce contexte qu’il faut situer les informations, à l’eau de rose, qui se multiplient ces derniers temps, sur l’amélioration, subite, des indicateurs économiques, de la situation sécuritaire et des grosses sommes d’argent que des âmes charitables s’apprêtent à investir dans nos marchés.

C’est aussi la signification de toute cette campagne qui s’acharne sur les références culturelles et historiques du pays. Elle a, en réalité, commencé bien avant la révolution. Le régime déchu détruisait nos vestiges archéologiques, vendait notre patrimoine à l’étranger et effaçait toute trace d’une civilisation, ancienne et millénaire, sur notre terre. Même les archives de notre radio et télévision nationales et des documents rares, d’une très grande valeur historique, n’ont pas échappé à la dévastation. Tous ces actes n’étaient guère le fait d’une poignée de délinquants mais, au contraire, entraient dans une politique globale, décidée dans des bureaux feutrés des quartiers généraux de la pègre politique internationale, pour faire régner l’inculture et l’ignorance, dans notre pays.

Une élite de décideurs tunisiens, acquise aux milieux affairistes nationaux et internationaux, s’était attelée, durant plusieurs années, à la démolition systématique de notre administration, notre justice, notre économie, notre santé, notre agriculture et notre système éducatif. Profitant de ses postes de responsabilités au sein de ces différents secteurs, elle a introduit le vice, le népotisme et la corruption. Elle a, sciemment, contribué à la détérioration des équipements, la dégradation de la qualité des services et de la production et a œuvré à la ruine de toutes les structures, mises difficilement sur pied, durant près de cinquante ans, au prix de grands sacrifices par tout un peuple. Un travail de sape, organisé et méthodique qui visait notre infrastructure et qui avait pour but de faire basculer le pays dans la misère et la pauvreté, de dominer la volonté de son peuple et de lui imposer de nouvelles conditions de survie, dans une vision des relations internationales, des plus injustes, basée sur l’acculturation et la domination politique et économique par les pays riches du nord, des pays pauvres du sud.

Les Tunisiens prennent en main leur destinée

Notre révolution a opposé un cinglant démenti à tous ceux qui ont cru pouvoir nous avilir et continuer à spolier nos droits et nos richesses, indéfiniment. Tous les prétextes de déterminisme historique, de supériorité scientifique et technologique, ne sont plus admis et ne peuvent plus nous interdire de penser, de réfléchir sans la tutelle, sans la supervision du capitalisme financier mondial. Rien ne pourra plus nous empêcher de prendre en main notre destinée, d’une façon souveraine et parfaitement autonome et d’agir dans l’intérêt, bien compris, de notre pays et de notre population.

Notre révolution est le premier front d’une longue guerre, qui vient de commencer, contre l’exploitation immorale, qui a trop longtemps duré, des pays démunis par les pays nantis. D’autres lignes de combats se sont embrasées dans notre région et le monde arabe. A l’intérieur même des pays riches, temples du profit, de l’argent et de la corruption, des cols blancs, des industriels, marchands d’armes et de pétrole, des multinationales, des spéculateurs, des banquiers, des escrocs, de tout acabit, ont pillé et pillent encore de braves gens, réduits à la misère et à la pauvreté, en toute impunité. L’indignation gagne, progressivement, de nombreuses nations, au bord de la ruine économique et morale, où la population a été victime, pendant de très longues années, d’une complicité entre des délinquants du monde des finances, des politiques véreux et une élite corrompue, cupide et affairiste, malhonnête et sans conscience.

Les combattants d’arrière-garde

Les derniers évènements déclenchés par la projection du film ‘‘Persépolis’’ ont eu le mérite de rendre les choses plus claires, pour l’ensemble des Tunisiens. Deux camps s’opposent : celui des fidèles à la Tunisie et à leurs concitoyens et celui des imposteurs, résolument décidés à démolir leur pays, pour le compte de l’extérieur et des industries de l’argent. Il s’agit des non indignés, favoris de l’ancien régime qui, à l’approche des élections et dans un combat d’arrière-garde, voué à l’échec, tentent de faire perpétuer un système injuste et corrompu. Ils se livrent, aujourd’hui et avec une grande liberté de mouvements, à de grossières et indécentes instrumentalisations, à des fins électorales, de la religion. Tous ceux qui, sous des prétextes divers, de la modernité, de la lutte contre l’intégrisme, de l’impératif sécuritaire ou de la défense de la religion, empêchent un vrai débat politique entre Tunisiens et s’opposent à la réalisation des objectifs de notre révolution et aux aspirations de la population au progrès, au développement et à l’autonomie politique et économique, sont les alliés objectifs de ces mêmes ennemis de l’extérieur qui ont soutenu la dictature et aidé à son travail destructeur visant notre entité nationale. Ils auront à assumer la lourde responsabilité historique d’avoir poursuivi, après la révolution, la déstructuration, annoncée, de la Tunisie, par les forces du mal internationales du capitalisme financier et ses requins, voraces insatiables.