Mohamed Aziz Fetni écrit – Ettakatol n’a pas eu le temps d’assimiler les résultats de l’élection à l’assemblée constituante. Il est déjà devant un dilemme: doit-il ou non gouverner avec Ennahdha”?


Ettakatol est un parti qui a toujours été constant dans son discours, cette constance a fait de lui le parti qui inspire le plus confiance sur la scène politique tunisienne.

Quel gouvernement post-élection ?

Au fur et à mesure de l’avancement de la campagne électorale, et de par sa lecture de la situation, Ettakatol pensait vraiment qu’aucun camp n’aurait la majorité, d’où l’idée d’un gouvernement d’intérêt national composé de tous les partis présents à l’assemblée nationale constituante. Cette idée fort séduisante plaçait l’intérêt de la nation au-dessus de toute lutte partisane, qui risquait de plonger le pays dans une grave crise politique.

Maintenant que les résultats sont à peu près connus et qu’Ennahdha paraît être le parti dominant de cette élection, nous ne pouvons plus parler d’un gouvernement d’intérêt national, car sous cette appellation, l’équilibre des forces politiques en son sein en est la pierre angulaire. Or, aujourd’hui, et ceci est tout à fait légitime, Ennahdha semble prendre l’initiative de former ce nouveau gouvernement. D’ailleurs, l’un de ses membres, en l’occurrence Hammadi Jebali, a déclaré publiquement son intention de postuler à la présidence de celui-ci.

Y aller ou pas ?

Evidemment, dans une manœuvre purement politicienne, Ennahdha continue de qualifier ce futur gouvernement de gouvernement d’union nationale, étant également dans une période de séduction tant sur le plan local qu’international, le parti islamiste a tout intérêt à avoir au sein de son gouvernement des partis démocrates modernistes qui prônent des valeurs de démocratie de liberté. Mais force est de constater qu’Ettakatol a tout à perdre et rien à gagner s’il devait intégrer ce gouvernement, car en cas d’intégration, Ettakatol serait isolé au sein de la famille démocrate, et il risque d’y participer seul, les autres partis ayant déclaré publiquement leur refus d’intégrer un gouvernement d’union nationale avec Ennahdha. Il risque donc une défection en masse de ses adhérents qui assimileront cette intégration à une alliance.

Or, le parti a crié haut et fort le contraire tout au long de la campagne électorale ; et enfin le bilan de ce gouvernement, s’il s’avère positif, serait mis au crédit d’Ennahdha ; et si c'est le contraire, Ettakatol en endosserait une part de responsabilité.