Akil Sadkaoui écrit - Messieurs les politiques, laissez tomber les stratégies infructueuses avec les tactiques stériles qui n’ont pas servi jusqu’à maintenant.


Les élections sont terminées. Les résultats sont là ! C’est ce que nous avons voulu, une démocratie, n’est-ce pas ?! Alors, nous sommes servis ! Et ceci est de nature à remettre tous les Tunisiens au travail. Mettre la main à la pâte et redémarrer la machine !

C’est parce que la situation est unique et exceptionnelle que tous les Tunisiens doivent viser l’intérêt général du pays. La campagne est terminée, on passe à autre chose !

L’étape prochaine est d’une année ! Le temps de rédiger une constitution. Un projet appuyé par les mouvements populaires à l’aube de 14 Janvier, relayé par la majorité des partis ensuite. Il se voulait l’ancrage de la transformation vers une démocratie.

Tous les partis avaient une grande ambition pour le projet de la nouvelle constitution et n’ont cessé de répéter durant la campagne qu’ils devaient nous projeter pour les 20 voire 30 prochaines années !

Nouvelle cartographie politique

Cette nouvelle situation politique mérite d’être traitée d’une manière appropriée, à la hauteur des défis du moment. Les Tunisiens ont bien compris les enjeux et ont mesuré l’impact de leurs votes. On n’est pas encore installé dans une bipolarité pour favoriser un parti d’un autre. C’est la première fois qu’on cartographie le paysage politique, personne n’avait d’idée précise de ce que pouvait être la répartition des voix entre les différents partis. En tout cas, c’est ce que n’a cessé de répéter l’ensemble de la classe politique durant ces derniers mois ! Le suspens était de taille. Les résultats ont surpris tout le monde.

Dans ce contexte, il est naturel que le consensus voulu et souhaité par l’ensemble des intervenants politiques, confirmé par le vote des Tunisiens, devienne un objectif visé par la majorité des partis qui aspire à prendre des responsabilités politiques dans la gestion des affaires du pays. Ce n’est ni un luxe, ni un exercice de style, c’est un devoir national.

Cet exercice de rédiger la nouvelle constitution est structurant et n’est pas un exercice répétitif. Les Tunisiens ne comprendraient pas que certains de leurs représentants ne prennent pas part à cet exercice, surtout que les prémices de l’ouverture sont bel et bien là. Les Tunisiens en sont témoins ! La durée d’une année, pour rédiger la nouvelle constitution, devrait à elle seule persuader les partis hésitants de participer au projet de la Tunisie et ne pas apparaître aux yeux des Tunisiens comme «mauvais joueurs».

Le nécessaire consensus

La participation au gouvernement relève d’une autre logique, quoique les programmes qui ont été présentés aux Tunisiens me paraissent tenir compte d’une démarche globale que de programmes détaillés pour une année de gouvernement.
Le consensus, tant voulu et souhaité avant les élections, paraît laisser place à l’installation d’une majorité et d’une opposition. Les partis qui ont marqué les plus gros scores travaillent pour le consensus, ceux qui ont été classés parmi les derniers veulent installer une opposition !

Drôle de temps. Les Tunisiens n’ont pas demandé l’installation d’une opposition et d’une majorité. Pour une année, ils ont mandaté des représentants pour accoucher d’une constitution. Point ! Après, on aura tout le temps pour expérimenter, essayer, construire, installer une majorité et une opposition. La précipitation avec laquelle les partis se réfugient dans l’opposition est caractérisée. Elle s’apparente à la même logique qui a installé la polarisation de religieux-laïc. Les Tunisiens observent cette attitude et sauront la rappeler le moment venu à ceux qui jouent avec l’intérêt général et précipitent la Tunisie dans l’abîme.

Messieurs les politiques, les Tunisiens veulent avancer ensemble, unis, main dans la main. Aujourd’hui, vous n’êtes pas élus pour nous diviser ni pour créer davantage de dissensions au sein de la société. Vous êtes élus pour colmater nos profondes blessures résultant de 55 années de dictature. Vous n’êtes pas élus pour l’éternité, vous êtes là pour une année et après repartir devant le peuple pour de nouvelles élections législatives et présidentielles. Vous êtes élus pour respecter le peuple et non pas pour défier sa confiance placée en vous.

Vous avez mal interprété ce que pensait la société avant les élections, n’aggravez pas le fossé entre vous, classe politique déconnectée, et le peuple. L’écoute et l’empathie sont les maîtres mots de la période. Laissez tomber les stratégies infructueuses avec les tactiques stériles qui n’ont pas servi jusqu’à maintenant. Ayez à l’esprit l’intérêt commun de la Tunisie, au-dessus de l’intérêt de vos partis ! Le monde nous observe, ne nous donnons pas en spectacle d’un peuple désuni, alors que la Tunisie a donné le ton vers des grands changements planétaires. Inscrivons la Tunisie dans les manuels d’histoire. Messieurs les politiques, tel est votre credo !