Moez Ben Salem écrit - Mustapha Ben Jaafar doit réfléchir par deux fois avant d’accepter le poste de président de la république offert sur un plateau par le cheikh Rached Ghannouchi ! Et pour cause…


Je fais partie d’une génération qui a connu la révolution iranienne et je constate qu’il existe malheureusement de troublantes analogies entre cette dernière et la révolution tunisienne.

Je note surtout l’existence de nombreuses similitudes entre les deux tandems Khomeini-Bani Sadr et Ghannouchi-Ben Jaâfar.

Le 1er février 1979, deux semaines après la chute du régime du chah, l’ayatollah Khomeini rentre triomphalement de son  exil français. Il  instaure la République islamique d’Iran et s’autoproclame Guide suprême de la révolution. Il nomme comme président de la république Aboulhassen Bani Sadr, considéré comme son fils spirituel.

Mais les graves dérives de la révolution et notamment le non respect des droits de l’homme en Iran provoque de sérieux conflits entre les deux hommes et le président Bani Sadr se trouve obligé de fuir en juin 1980 à destination de la France où il vit encore.

Ce qui s’est passé en Iran me rappelle étrangement ce qui se passe en ce moment en Tunisie.

Le cheikh Rached Ghannouchi rentre de son exil doré londonien le dimanche 30 mars 2011.

Il entreprend une manœuvre de séduction en direction de Mustapha Ben Jaafar qui ne reste pas insensible.

Le cheikh sait pertinemment que le mouvement Ennahdha ne possède aucune figure présidentiable ; il présente donc un programme politique proposant un régime parlementaire en Tunisie avec un président choisi par le parlement et non élu par le peuple tunisien ; ce qui lui permettrait de contrôler à la fois le pouvoir législatif et le pouvoir exécutif.

M. Ben Jaafar possède tous les atouts pour «plaire» à une large frange de Tunisiens : un visage bienveillant, un honorable passé de militant et une droiture indiscutable ; aussi le Cheikh lui propose-t-il cette offre alléchante d’un fauteuil de président, en contrepartie de son allégeance au mouvement Ennahdha.

Mais quelle serait l’attitude du Dr Ben Jaafar si, par malheur, Ennahdha se mettait à appliquer la Charia, à abolir le Code du statut personnel, à commettre de graves violations des droits de l’homme ?

M. Ben Jaafar, je vous invite à réfléchir par deux fois avant d’accepter l’offre du cheikh et surtout vous rappeler l’amère mésaventure qui est survenue à l’ancien président iranien, Aboulhassen Bani Sadr !