Les Tunisiennes sont inquiètes de l’arrivée des islamistes au gouvernement. Quelle meilleure façon de les rassurer que de nommer une femme présidente de la République ? Reste à en trouver une qui serait présidentiable... 

Par Dr Mohamed Bouhadiba*


 

Les femmes dernièrement n’ont pas eu un grand rôle dans ces dernières élections. Elles n’ont pas créé de partis politiques ; n’ont pas eu de représentation à égalité avec les hommes et aujourd’hui elles craignent pour leurs acquis et leurs droits. Le statut de la femme semble remis en question. C’est ce qui justifie les quelques manifestations qu’on a vues, à vrai dire timides.

Une femme pour rassurer les femmes

La Tunisie va être gouvernée par un triumvirat composé du président de l’assemblée constituante, du président de la république et du Premier ministre. Il serait juste qu’au moins un de ces trois personnages clef soit une femme.

Puisque les femmes sont inquiètes, qui serait le mieux placé pour les rassurer et défendre leurs droits qu’une femme ?

Toutes les études montrent que les femmes politiques aux postes de responsabilité sont plus proches des gens qui souffrent et ont plus de compassion. Ces études montrent aussi que les femmes sont moins corrompues que leurs homologues masculins. Une femme donc rassurerait l’opinion publique.

Nous serions le premier pays arabe et même le premier pays méditerranéen à élire une femme. Quelle belle leçon de modernité ça serait !

Les pays occidentaux accepteraient certainement ceci comme un signe d’ouverture et nous admireraient pour cela.

Ennahdha a tout intérêt à accepter

Ennahdha ne devrait rien trouver à y redire puisque ses dirigeants affirment être un parti simplement conservateur et non pas religieux. En outre, en acceptant une femme présidente de la République, ce parti pourrait gagner une nouvelle légitimité en dehors de son électorat traditionnel et auprès des laïcs, de la société civile, et surtout des femmes.

Une femme présidente de la République apporterait beaucoup plus qu’un personnage historique ou qu’un ancien ministre des collectivisations qui avait ruiné le pays avant de s enfuir.

La femme sera l’avenir de la Tunisie, l’exclure ou la brider compromettra définitivement notre évolution, non seulement sociale mais économique et politique. Ce n’est pas un choix, c’est un impératif indiscutable si notre pays doit prospérer.

* Gynécologue.